Le très bel été d’Yverdon Sport

Mario Di Pietrantonio est un président déterminé, qui n’hésite pas à trancher. Après la décevante saison 2015/2016, lors de laquelle YS n’a pas atteint les finales, le président a écouté ce que Philippe Perret avait à lui dire. Le résultat? Une grande purge, à laquelle ont survécu très peu de joueurs. Florian Gudit, Esteban Rossé, Ludovic Zwahlen, Allan Eleouet, Lianel Lauper et Kennedy Rodrigues, six Nord-vaudois, sont toujours là, de même qu’Isaac Bamele et Babacar Dia Mbaye, les seuls rescapés à n’avoir aucun lien avec la région. Ces huit joueurs-là font donc partie du « projet YS » et tous sont enthousiastes. Il y a eu l’une ou l’autre petite hésitation, dont celle de Ludovic Zwahlen, qui a eu un contact avec Xamax. Mais tous ces joueurs-là sont pleinement mobilisés vers l’objectif commun: monter en Promotion League dans douze mois.

Pas un projet à court terme, loin de là

Yverdon ne peut pas s’en cacher: il n’a pas recruté huit joueurs simplement pour faire un bon championnat de 1re ligue. Mario Di Pietrantonio confirme: « Tous ceux qui viennent savent exactement pourquoi ils sont là. Mon envie, mon ambition, celle du club, c’est d’arriver en Challenge League d’ici trois à quatre ans, peut-être cinq. C’est là qu’on veut amener Yverdon Sport, avec ces joueurs-là. » Mais pas question de mettre une pression malsaine sur des footballeurs qui n’auraient que ça en tête. « Tous ceux qui viennent ont quelque chose à côté du football. On a de l’ambition, on veut bien travailler, mais je ne veux plus avoir à gérer des gars qui n’ont rien d’autre que le football. » Le message est clair.

Le président s’est énormément impliqué

Ainsi, Mario Di Pietrantonio et son staff ont passé énormément de temps dans le recrutement. « Je me suis beaucoup investi en temps. J’y ai passé non pas des heures, mais des journées entières », souffle le président. Il voulait connaître ses futurs joueurs, savoir ce qu’ils attendaient d’Yverdon Sport. Surtout, le boss d’YS a voulu expliquer à chacun comment le club allait fonctionner et être sûr que le message passait. La saison dernière, le message était brouillé, clairement. Il y avait une part de responsabilités des joueurs, lesquels avaient fait du salaire une priorité plus importante que le jeu. Mais il y a aussi eu des erreurs de management. Il ne faut jamais l’oublier: Mario Di Pietrantonio est un homme d’affaires expérimenté, mais un jeune président, qui découvre le monde du football chaque jour un peu plus. Or, ce monde-là a ses règles et ses subtilités qui ne se retrouvent pas forcément dans l’immobilier ou le business… Disons-le ainsi: Mario Di Pietrantonio a payé (cher) pour apprendre.

Thibaut De Coulon? « Un homme intelligent »

Alors, cet été, il a payé, mais de sa personne. Il le fallait, car les joueurs qui ont signé à Yverdon proviennent tous, sans exception, d’un niveau supérieur. Son nouveau vice-président Ludovic Herren lui a ouvert les portes, lui qui a des contacts un peu partout, et le président s’y est engouffré, s’impliquant personnellement dans les dossiers. On a déjà parlé de deux arrivées très spectaculaires, celle de Quentin Rushenguziminega (lire ici) et de Thibaut De Coulon (lire ici). Ces deux joueurs-là sont attendus, mais, de nouveau, Mario Di Pietrantonio voit plus loin que les prochains mois. « Thibaut, j’ai parlé des heures avec lui. Un joueur comme lui, il avait des possibilités ailleurs, vous pensez bien… On a parlé football, boulot, avenir professionnel. J’ai découvert un homme très intelligent, très posé, qui a beaucoup de points communs avec mon fils, notamment au niveau des études. Vraiment, j’ai été séduit et je suis convaincu que l’entente va se prolonger sur le long terme. »

La famille Challandes de retour au Stade Municipal

On l’a dit aussi, le latéral tessinois Patrick Cazzaniga arrive du Stade Nyonnais, mais YS ne s’est de loin pas arrêté là, puisque Mehdi Challandes s’est également engagé. « C’est bien, non? On a parlé des heures avec lui, mais aussi avec Bernard, son père. Rien que le fait de savoir que Bernard Challandes va revenir au Stade Municipal, là où il est monté en LNA en 1993, c’est une satisfaction pour moi. La famille Challandes fait partie de l’histoire d’Yverdon et là, voir la nouvelle génération avec Mehdi, c’est génial », continue le président. Joueur de couloir polyvalent, le Neuchâtelois a d’ailleurs déjà joué à YS, lors de la saison 2008-2009 (11 matches). Au total, il a disputé 150 parties de Challenge League avec Xamax, Bienne, Yverdon et Nyon. Vraiment pas rien.

Julien Ruchat arrive du SLO

Ensuite? Yverdon a convaincu Julien Ruchat de venir. Pas une recrue de niveau supérieur, puisque le milieu de terrain vient de Stade-Lausanne-Ouchy (1re ligue)? D’accord, il est le seul renfort à provenir de la même ligue qu’YS, mais lui a fait les finales cette année, donc techniquement, il descend quand même d’un (petit) palier en rejoignant Yverdon. Ce renfort-là est peut-être le plus étonnant, car l’ancien joueur de Pully était sorti du onze titulaire du SLO cette saison, victime des très bonnes performances d’Ahmed Mejri. Il a donc logiquement moins joué, mais il a prouvé sa valeur à ce niveau et s’entend déjà très bien avec plusieurs joueurs de l’effectif, dont la nouvelle recrue Gilberto Reis.

Le come-back du grand Gilberto Reis

Car oui, YS a fait revenir le latéral cap-verdien! Titulaire au Mont depuis son arrivée en 1re ligue il y a cinq ans, il est le seul à avoir traversé toutes les années sans perdre sa place. Tous les autres sont partis, par leur propre volonté ou pas, mais lui, avec son caractère et son immense coeur de battant. Il a gardé sa place, s’est battu et était le premier choix de Claude Gross au poste de latéral droit que ce soit en 1re ligue, Promotion League ou Challenge League. Lui aussi a déjà joué à YS, de 2007 à 2009 et a donc croisé la route de Mehdi Challandes. Et là aussi, Mario Di Pietrantonio a visé juste: Gilberto Reis est un guerrier, qui donne tout, et ne joue pas pour l’argent. Employé à la Poste, il change de caractère lorsqu’il arrive au foot et est l’exemple même du joueur qui ne pose aucun problème à son entraîneur. Il donne tout, il gueule sur le terrain et il met l’ambiance dans le vestiaire. Le choix parfait.

Aurélien Chappuis, déjà 84 matches de Challenge League à 22 ans

Yverdon Sport a donc convaincu Reis, mais aussi Aurélien Chappuis. Là aussi, YS a frappé fort. Formé à Delémont (28 matches de Challenge League entre 17 et 19 ans!), le Jurassien a ensuite rejointes rangs de la formation du FC Bâle. De là, il est parti au Mont, où il a joué 56 matches de Challenge League en deux saisons. Il est devenu une valeur sûre de deuxième division et, à 22 ans, il est plus surprenant de le voir rejoindre la 1re ligue que Gilberto Reis, par exemple. Lui a encore sa carrière devant lui et YS compte énormément sur lui pour grimper les échelons du football suisse dans les années à venir. Il symbolise parfaitement le nouveau recrutement d’YS: il est un joueur intelligent, qui a de l’ambition mais pas que le football dans la vie. Très calme, très mature pour son jeune âge et très respectueux du maillot qu’il porte, il a tout pour devenir le préféré de l’exigeant public yverdonnois. Enfin, Alex Gauthier arrive lui aussi du Mont, où il a peu joué. Avant-centre des M21 de Team Vaud jusqu’à l’été 2015, il marquait régulièrement, mais n’a jamais su prendre sa chance au Mont. A sa décharge, il n’a pas eu non plus mille possibilités de montrer son talent. A Yverdon, il pourra le faire, c’est sûr.

 

Fc Le Mont vs Fc Wil 1900 1-0
Aurélien Chappuis

 

Encore un attaquant attendu

Voilà donc les huit recrues d’Yverdon Sport pour la saison à venir. Mercato bouclé? Non! « On cherche encore un attaquant de bon niveau », continue Mario Di Pietrantonio. Une fois qu’YS l’aura, le contingent sera bouclé. D’ailleurs, l’effectif n’est pas nombreux puisque pour l’heure, ce ne sont que 16 noms qui le garnissent, 17 avec l’attaquant encore en attente. « Mais c’est parfait comme cela. Et le contingent ne sera pas de 17, mais bien de 20, puisque trois juniors A feront partie intégrante de l’effectif », explique le président. Nehemie Lusuena, Raphaël Glauser et Maxime Schertenleib doivent donc désormais être considérés comme des joueurs comme les autres. Et, en plus, YS accueillera deux stagiaires à l’entraînement chaque semaine, eux aussi venus des juniors. Ainsi, Philippe Perret pourra travailler avec 22 joueurs, l’idéal pour faire des oppositions, tout en prenant en compte que le très bon Allan Eleouet est malheureusement toujours blessé, mais devrait revenir juste pour le deuxième tour.

On ne parle plus de toucher son salaire à la fin du mois et de partir dès le mercato suivant

Yverdon Sport a donc parfaitement réussi son été en coulisses et se profile d’ores et déjà comme l’un des favoris du championnat de 1re ligue à venir. Mais de nouveau, Mario Di Pietrantonio refuse de voir à court terme. « Ce qui m’intéresse, c’est où sera le club dans cinq ans. Et là, je suis très optimiste. Tous les gars qui sont arrivés sont dans cette philosophie, on ne parle plus de toucher son salaire à la fin du mois et de partir dès le mercato suivant. On a des bons gars, des hommes qui sont prêts à s’impliquer et à ramener ce club où il doit être. »

Un nouveau stade au printemps 2018

De plus, tout est dans les tuyaux en ce qui concerne le nouveau stade, dont les plans ont été dévoilés. Il y aura une nouvelle tribune, de nouveaux vestiaires et tout le confort nécessaire à un club de Challenge League. Et tout cela, sans déménager, puisque les travaux se feront pendant l’hiver 2017-2018.

Assurer la pérennité du club, la priorité absolue

Ainsi, au printemps 2018, les joueurs d’Yverdon devraient arriver dans un stade tout neuf, fruit d’un partenariat public-privé. La Ville fait un effort, Mario Di Pietrantonio en fait et le club aussi. Et ça, c’est nouveau, tant le dialogue semblait rompu entre les autorités communales et Yverdon Sport avant l’arrivée du nouveau président. Désormais, tout semble parfaitement fonctionner et la Ville d’Yverdon a été séduite par un geste fort de Mario Di Pietrantonio, qui va transmettre les droits qu’il possède sur les futurs bâtiments à construire à côté du stade. En clair, le président va faire don de ses bâtiments à Yverdon Sport, qui continuera donc à en bénéficier après son départ. Et ça, forcément, ça a interpellé pas mal de monde à la Commune. « Mon idée, elle est très claire: j’ai investi beaucoup d’argent dans YS depuis que je suis arrivé, sans aucun retour. YS est trop dépendant de moi. En construisant des logements à côté du stade, j’ai envie de les louer aux étudiants de l’école d’ingénieurs à proximité. La demande est énorme. Et cet argent-là, il doit servir à faire tourner Yverdon Sport, au moins en partie, avec une rentrée fixe et assurée. » Comme ça, il pourra partir l’esprit tranquille, avec un club qui tourne, de préférence en Challenge League, et dont l’avenir sera garanti. Ce que n’avaient pas réussi à faire ses prédécesseurs, sinon Yverdon ne serait pas là où il en est actuellement…

Fc Azzurri 90 Ls vs Fc Yverdon Sport 1-1
Mario Di Pietrantonio

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