Thierrens avait tout simplement trop envie de se maintenir

Jérôme Ruch est sorti à deux minutes de la fin, après avoir vraiment tout donné. Il a cavalé comme trois chiens sur cette pelouse synthétique du Locle, avant d’être rappelé par le mage Jean-Benoît Schüpbach. « Viens là, mon gamin », lui a soufflé l’entraîneur du FCT. Alors, « J » est sorti et il est allé se placer contre le grillage, le visage dans la haie, afin de ne pas avoir à voir les six dernières minutes de souffrance de son FCT. Il suffisait à ses coéquipiers de ne pas prendre de but lors de ces 360 dernières secondes, mais il ne voulait pas voir cela, il ne pouvait littéralement pas le voir, lui qui n’a jamais connu d’autre club en actifs que son FCT. Et c’est là, au bout de ces six dernières minutes irrespirables face à un FC Le Locle qui voulait absolument égaliser, que Thierrens a pu exulter et célébrer son maintien en 2e ligue inter. Des cris de joie? Non, des larmes de bonheur et de soulagement plutôt, celles de l’équipe qui sait qu’elle revient de loin, de très loin. De quasiment nulle part, en fait.

« Ils en ont juste laissé un à Thierrens pour garder le village… »

Lorsque Jean-Benoît Schüpbach est sorti des vestiaires du Locle, ce samedi vers 17h50, dix minutes avant le coup d’envoi, il n’a pas pu s’empêcher de lâcher un sincère: « Cette fois, ils sont tarés dans ce village. » La raison de l’étonnement de l’entraîneur du FCT? La présence de… 140 supporters du FC Thierrens, très bruyants, et prêts à pousser les leurs à l’exploit. « Mais c’est pas possible! Tout le monde est là! Ils en ont juste laissé un à Thierrens pour garder le village… », a ironisé « JB », l’homme qui a rendu l’impossible possible. C’est lui, en effet, avec le fidèle Guy Favre, qui a accepté de reprendre les rênes de la première équipe, alors que les têtes étaient en bas. C’est lui qui avec son discours positif a ramené le feu au Marais, ce feu sacré qui a permis de dynamiter tout le monde jusqu’à s’offrir cette finale pour le maintien au Locle ce samedi.

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Le Locle a joué comme si sa vie en dépendait

Le Locle, justement, ne jouait plus rien. Les Neuchâtelois du haut sont sauvés depuis la semaine dernière, mais ils avaient (très) à coeur de bien finir, apparemment. On ne sait pas ce qui les a motivés ainsi, les Neuchâtelois, mais ils n’ont absolument rien lâché dans ce match, ce qui dénote soit qu’ils voulaient vraiment bien finir devant leur public, soit qu’ils avaient un compte à régler avec leur adversaire du jour, qu’ils avaient très envie d’envoyer une ligue plus bas. En tout cas, si un seul Thierranais pensait que Le Locle allait lui offrir la victoire sur un plateau, il s’est sacrément trompé. Et à voir l’attitude exaltée du coach neuchâtelois et de son assistant, sous les yeux de Bernard Challandes, on a été vite mis au parfum: Le Locle voulait gagner ce match à tout prix.

Personne, vraiment, n’égale ce FCT quand on parle de coeur

Mais quand on parle de coeur et d’envie, ce FC Thierrens, celui de ce printemps, n’a absolument aucun équivalent dans toute la Suisse romande. On connaît mal la Suisse alémanique, et on n’aime pas parler de ce qu’on ne connaît pas, mais pour ce qui est de ce côté-ci de la Sarine, on est sûr de ce qu’on avance: personne ne peut prétendre être aussi fort que le FCT quand on parle d’abnégation, de coeur et de don de soi. Absolument personne. Ce club-là est à part dans le monde du football vaudois précisément pour cette raison et c’est exactement pour cela qu’il mérite de rester en 2e ligue inter une saison de plus. « Le sursis continue », souriait d’ailleurs après le match Guillaume Pasche, un autre joueur-symbole de ce sauvetage.

Quand le FCT joue pour gagner, il gagne

Car oui, Thierrens devait gagner et Thierrens a donc gagné. Il y a une maxime dans le Jorat qui dit que quand le FCT joue pour jouer, il perd. Mais que quand le FCT joue pour gagner, il gagne. C’est exactement cela qu’il s’est passé ces trois dernières semaines dans le Jorat, avec les démolitions de Béroche-Gorgier, La Tour/Le Pâquier et, donc, cette victoire au Locle, la dernière, la plus belle.

Thierrens joue direct, et vite

Rien n’était pourtant gagné d’avance sur ce synthétique qui ne convient absolument pas au FCT, dont les qualités n’ont jamais été (et ne seront jamais) la circulation du ballon. Par contre, Thierrens joue direct, et vite. Et c’est exactement comme ça que Nelson Longo et ses coéquipiers, dans leur 3-5-2 habituel, ont forgé ce succès. Une image, une seule? L’action du 1-2, parfaite de démarquage et de jeu rapide, conclue en deux temps par un Jérôme Ruch opportuniste et ultra-déterminé pour glisser ce ballon au fond (23e). Avant cela, Dionys Burdet avait ouvert la marque (10e), de la tête sur coup de pied arrêté, avant le 1-1 neuchâtelois. Tout ce petit monde était ultra-tendu, mais Thierrens le voulait tellement, si fort, qu’il a fini par aller arracher son maintien tout au bout du suspense, après ces arrêts de jeu si stressants. « On a souffert en deuxième période, mais on l’a fait! C’est incroyable… », s’étonnait Renaud Freymond, tellement admirable sur son côté gauche, lui qui a dû courir l’équivalent de trois marathons par mi-temps, comme tous ses coéquipiers (mais encore un peu plus quand même).

Thierrens a obtenu son maintien tout seul

Ce maintien, le FCT est donc allé le chercher tout seul, sans que personne ne lui fasse de cadeau. Et, évidemment, c’est encore plus beau comme ça, sans attendre de savoir ce que les autres ont fait. De toute façon, les Thierranais n’avait pas à calculer et ne pouvaient pas spéculer: ils devaient gagner, c’est tout. Et c’est encore comme cela qu’ils sont les plus forts. Ils étaient tous là, les fidèles, les amis du club, de Bouillon qui pleurait à chaudes larmes, vaincu par l’émotion, à Steve Dubey, parti jouer l’été dernier dans le canton de Fribourg et qui était là, au bord de ce terrain des montagnes neuchâteloises, bien loin de chez lui, pour voir ses amis, ceux qui sont toujours les siens, se dépouiller pour arracher leur maintien. Parce que quand on est passé à Thierrens, même un jour, on s’en rappelle toujours. Comme de cette fin de saison, qui restera dans toutes les mémoires joratoises pour de longues années encore. Deux heures après le match, ils étaient encore  tous là, dans ce vestiaire, à crier leur joie, comme s’ils voulaient que ce moment de joie ne finisse jamais.

Il a dit à Footvaud.ch

Maurice Séchaud, président du FCT

C’est plus beau qu’une montée! Non, c’est pas vrai, c’est pas plus beau qu’une montée! Enfin, j’en sais rien! Mais c’est beau, c’est des émotions incroyables, on mérite de rester en 2e ligue inter. J’ai toujours dit qu’on avait une équipe de 2e ligue inter, on l’a prouvé ces dernières semaines, en gagnant ces trois derniers matches. On a d’abord fait 33% du boulot, puis 66% et là, merde, on l’a fait! Je vous annoncerai le nom du nouvel entraîneur très bientôt, mais je peux déjà vous dire que ce sera un duo. Mais maintenant, laissez-moi savourer ce maintien, on va faire la bombe!
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Les hommes du match

Pour le courage et le coeur, tout le monde mérite sa mention. Mais si l’on parle de jeu, parce que c’est aussi par le jeu que le FCT s’en est sorti, il faut mettre en avant la partie remarquable de Yoann Braun sur son côté droit. Il a parfois irrité son entraîneur en jouant soit trop haut soit trop bas, mais il a surtout apporté énormément, tant défensivement qu’offensivement. Le latéral français est une valeur sûre. Mention très bien également à Rui Pinto au milieu de terrain, qui a su faire parler sa technique sur le synthétique neuchâtelois. Lui n’est pas embêté avec le ballon quand il arrive un peu mal et un peu fort, ce qui n’est pas forcément le cas de tous ses coéquipiers. Un autre qui mérite le statut d’homme du match? Renaud Freymond, un autre historique, et surtout un joueur de grande classe sur son côté gauche. Si Thierrens en est là, toutes ces années après, c’est aussi parce que cet homme-là a été fidèle à ce club et à ses valeurs. Ce samedi, il a encore été énorme et exemplaire, tant dans le jeu que dans le comportement. Bravo monsieur. Et enfin, on tient à mentionner le gardien Thierry Curty, qui a tout fait juste, y compris dans les moments chauds.

Le Locle Sports – FC Thierrens 2-3 (1-2)

Buts: 10e Burdet 0-1; 20e Navarro 1-1; 23e Ruch 1-2; 46e Gurtner 1-3; 48e Navarro 2-3.

Arbitres: M. Samuel Bohren, assisté de M. Arif Spaiu et de M. Slavko Martinovic.

Thierrens: Curty; Chevalley, Pasche, Burdet; Gurtner (75e Chassot), Roder; Braun, Rui Pinto (70e G. Dufey), Freymond; Ruch (88e C. Dufey), Longo.

Entraîneur: Jean-Benoît Schüpbach.

Jeanneret, terrain synthétique, 210 spectateurs, dont 140 Thierranais.

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