Le Stade Payerne a tout gagné en 2014

Vevey, il y a exactement douze mois, avait réalisé le doublé « promotion-Coupe vaudoise ». Mais Payerne, aujourd’hui, y a ajouté une dimension supérieure! Comment? En obtenant le trophée de champion vaudois, réservé à la meilleure équipe de la saison régulière, mais aussi en faisant monter sa II de 4e en 3e ligue le même soir! La date du 21 juin 2014 restera longtemps gravée dans les souvenirs de Jean-Luc Rapin. Pourquoi on parle du président du Stade Payerne ici? Parce qu’il serait faux de commencer cet article sans l’évoquer, tout simplement.
30 ans de comité, 14 de présidence et cette immense joie pour finir, avec cette victoire face à Forward Morges 2-0, pour celui qui a annoncé son départ dans le courant de l’année et a assuré la suite avec l’intronisation de son successeur Frédéric Danzi. Ce n’est même plus une sortie en beauté, c’est mieux que ça. Patrice Renevey, son entraîneur, et ses joueurs ne nous en voudront pas: cet article devait commencer par rendre hommage à Jean-Luc Rapin, qui laissera une trace indélébile dans le football payernois, broyard et vaudois. Il a son caractère et il dit les choses en face, de manière un peu sèche, mais il est surtout un grand émotif, de ceux qui peuvent avoir les larmes aux yeux en évoquant les amis disparus ou les bons moments passés avec eux. Aujourd’hui, il laisse le club sur une double promotion et entre de bonnes mains. Cela s’appelle faire tout juste.

La mission de Payerne? Remonter un but

Patrice Renevey quitte lui aussi son poste sur ces victoires successives, pour devenir directeur technique du Stade Payerne et il convient, bien sûr, de saluer aussi son excellent travail. Nous l’avions annoncé ici, le nouvel entraîneur payernois s’appelle Cédric Mora, qui sera assisté de Xavier Pittet, tous deux en provenance d’Assens. Les deux hommes étaient présents à ce match retour, et ils auront vu une partie qui n’aura pas atteint des sommets d’intensité, ni de jeu, mais qui aura récompensé l’équipe la plus réaliste. Payerne est donc de retour en 2e ligue inter, après avoir remonté son retard du match aller (défaite 2-1 à Morges, lire ici) lors d’un match retour très attendu. 600 personnes avaient fait le déplacement du Stade Municipal en ce samedi soir, pour assister à ce choc immense.

Deux équipes qui voulaient vraiment monter

Le match en lui-même? Payerne devait absolument l’emporter et si possible sans prendre de but. Une tâche pas facile à accomplir, car Forward avait toujours marqué en championnat cette saison, sans aucune exception, si ce n’est administrative. En fait, depuis août 2013, le seul match sans but marqué par Forward avait été la 1/2 de Coupe vaudoise…. à Payerne, avec des équipes fortement remaniées de chaque côté. Pas une référence, donc. Une chose était sûre: les deux équipes étaient ambitieuses et fortement désireuses de monter. Aucune d’elles ne voulait rester une saison de plus en 2e ligue et, même si cela ne s’est pas forcément vu à chaque seconde, cet affrontement a bien été tendu, à défaut d’atteindre des sommets dans le jeu. Tactiquement? Deux équipes en 4-4-2. Payerne retrouvait son schéma habituel avec Ardian Hoti et Ahmet Sefa en pointe, avec deux ailiers qu’étaient Grégory Pelle et Jonathan Gamba. Gabet Chapuisat avait, lui, décidé d’innover un peu. Après avoir placé Estefan Alvarez seul en pointe au match aller, il a lui aussi proposé un 4-4-2, avec Alvarez et Cristovao en pointe et Raphaël Cand et Thierry Ebe sur les côtés. Deux blocs identiques face à face, en somme.

Pas d’effet suspensif finalement pour Gabet Chapuisat, interdit de banc

Au fait, Gabet Chapuisat a-t-il coaché son équipe? Oui, bien sûr. Suspendu par l’ACVF pour une durée indéterminée (le temps de l’enquête) suite aux événements survenus à la mi-temps du match aller, il avait fait recours (lire son interview ici), espérant l’effet suspensif. Mais celui-ci lui a été refusé par Maître Philippe Rossy, président de la commission de recours de l’ACVF. Gabet Chapuisat était donc bien interdit de banc et de vestiaires, mais pas de stade, bien sûr. Ce que ça a changé? Pas grand-chose. La théorie s’est faite au Restauroute à Estavayer, et le coaching a été assuré par Gilles Martin, légende locale à Forward. Mais Gabet Chapuisat n’était pas loin du banc de touche, pour ne pas dire tout près. Ce que ça a changé pour ses joueurs? En un mot: rien.

Deux occasions nettes d’entrée pour Payerne

Forward a dominé la première période, après une entame de match difficile. Adrien Zanardi a dû sortir un joli coup de tête de Grégory Pelle (6e) pour garder le score à 0-0, avant que le même Pelle ne frappe au dessus. Deux occasions nettes pour Payerne, mais les Morgiens prenaient clairement le dessus dans le jeu aux alentours du quart d’heure. Estefan Alvarez commençait à mettre un peu le feu dans la défense payernoise, mais les Broyards en ont profité pour ouvrir la marque, un peu contre le cours du jeu à ce moment-là.

Grégory Pelle ouvre la marque, Forward réagit fort

Un bon travail d’Ardian Hoti profitait en effet à Grégory Pelle, qui taclait la balle du 1-0 dans le but vide. Bien joué des Payernois, qui redevenaient donc virtuellement promus à ce moment-là, eux qui l’avaient été deux minutes à Morges (entre la 2e et la 4e). Arnaud Rapin, le très bon gardien payernois, avait senti le danger, en clamant: « Attention les gars, ils vont venir encore plus fort ». De cette ouverture du score jusqu’à la mi-temps, Forward allait en effet monter d’un cran. Raphaël Cand plaçait un coup de tête dangereux qu’Alvarez ne pouvait pas convertir en but (30e), avant une demi-volée bien frappée par Cristovao (35e). Fabien Besson plaçait ensuite un coup de tête très légèrement au dessus sur un coup-franc de Cesar Ferrari (44e) pour la meilleure occasion morgienne de la première période. Entretemps, Fabio Furtado (36e) avait alerté Adrien Zanardi et une frappe d’Ardian Hoti avait frôlé le poteau (41e). Au total des occasions de cette première période, Payerne était un peu devant. Forward était dominateur dans le jeu, mais au tableau d’affichage, le seul qui compte, le score était bien de 1-0 pour les hommes de Patrice Renevey. Le principal coup dur pour les Morgiens, hormis l’ouverture du score adverse? La sortie sur blessure d’Estefan Alvarez, touché dans un choc avec Arnaud Rapin au match aller.

Ardian Hoti obtient un penalty en début de deuxième période

La deuxième période débutait par un penalty plein de ruse obtenu par Ardian Hoti à la 53e. Le petit attaquant payernois s’infiltrait dans la surface et était touché du bras par Pajtim Thaqi. Soyons clairs: s’il avait voulu rester debout, il y serait arrivé. Mais il s’est couché et M. Hajdarevic, arbitre de 1re ligue, n’a pas eu d’autre choix que de siffler penalty. Ardian Hoti a-t-il simulé? Non. A-t-il été touché? Oui. En a-t-il rajouté? Oui. Y avait-il penalty? M. Hajdarevic est le seul dont la réponse compte et il a décidé que c’était le cas. Dont acte.

5 sur 5 dans l’exercice pour Adrien Zanardi

Mais le problème pour le Stade Payerne, c’est qu’Adrien Zanardi n’encaisse aucun penalty. Une preuve? Les quatre dernières fois qu’un tireur s’était présenté à 11 mètres de lui, il y avait eu… 0 but! Le gardien morgien en avait repoussé quatre et un (Lombardi au match aller) avait tiré hors du cadre. Ce n’était donc pas vraiment une surprise de le voir choisir le bon côté pour repousser le tir d’Hoti, sur son côté gauche. 1-0, score maintenu et 5 sur 5 pour Zanardi dans l’exercice, série en cours.

Payerne a beaucoup reculé, mais a tenu bon

Forward se ruait alors à l’attaque dans la dernière partie du match pour tenter d’égaliser et de repasser devant au total, grâce à ce petit but qui aurait fait toute la différence. Le seul tort des Morgiens? Ne pas avoir marqué. Car Payerne a vraiment beaucoup reculé dans les dernières vingt minutes et s’est fait peur. Marqués physiquement, les Broyards ont souffert, mais n’ont pas concédé d’occasions vraiment nettes. Il y a eu des situations chaudes et notamment un bon tir dangereux de Sandji Baradji (80e), mais Payerne a eu le dernier mot, en contre, grâce à Sylvain Renevey, plein de sang-froid (90e). Forward finissait même à 9, suite à deux expulsions pour des réclamations un peu trop virulentes. Une fin un peu triste pour un choc qui méritait peut-être autre chose. Payerne s’en fichait pas mal et n’attendait que le coup de sifflet final libérateur de M. Hajdarevic pour s’en aller fêter cette promotion tant attendue. Pour Forward, ce sera dans douze mois, au plus tôt.

Ils ont dit à footvaud.ch

Jean-Luc Rapin, président du Stade Payerne
Dans quel état je suis? Bizarre, tellement bizarre… Je réaliserai demain, je crois! On a vécu une semaine étrange, forte en émotions, avec tout ce qui est arrivé, les histoires autour de Gabet… Gabet, c’est mon pote, et ça m’a fait mal, tout ce que j’ai entendu sur lui. Sincèrement, des finales, ça doit être une grande fête et ce soir, la fête était un peu gâchée. La semaine a été longue, très longue, et quand il y a eu ce penalty raté, j’ai eu très peur. Je me suis mis à penser négativement, mais les gars sont restés solidaires et solides. La sortie d’Alvarez nous a fait du bien. Après son festival du match aller, il avait bien commencé le retour… On a souffert et il n’aurait pas fallu ce 2-1, que ce soit pour mes nerfs ou pour l’équipe. Le dieu du football était avec Stade Payerne cette saison, tant mieux! Si je n’ai plus envie d’arrêter? La question ne se pose pas, je suis surtout très heureux de cette belle sortie et j’ai la chance et le privilège d’avoir un successeur super motivé, qui aime ce club et s’implique à fond pour lui. Frédéric Danzi est la personne idéale pour reprendre Stade Payerne et quand je vois comme il s’implique déjà jour et nuit, je suis encore plus convaincu. En 14 ans de présidence, je n’ai pas tout fait juste, mais j’ai toujours essayé de suivre ma ligne. Il y a eu de bons et de moins bons moments, forcément. Je me suis séparé d’entraîneurs en cours de saison alors qu’on aurait dû continuer ensemble, j’ai fait des erreurs. Mais j’ai appris d’elles. Le chemin parcouru avec Patrice Renevey, j’en suis fier. On n’a pas lâché et ce soir, on est récompensés. Aujourd’hui j’ai aussi et surtout une grande pensée pour deux amis trop tôt disparus, Alain Martin, notre caissier du club, et Michel Danzi. Cette promotion, elle est pour eux.
Andrea Lombardi, défenseur du Stade Payerne
C’est le premier titre de ma carrière! Après avoir quitté Bulle cet hiver, j’aurais pu aller en 2e ligue inter où j’avais des propositions, mais j’ai préféré Payerne et je ne regrette pas! On avait le projet de gagner la Coupe et le championnat, et c’est fait. Bon, je ne pouvais pas jouer la Coupe, mais j’ai été utile en championnat (rires) C’est pour cela que je suis venu à Payerne, donc la mission est remplie.
Grégory Pelle, milieu de terrain du Stade Payerne
La première personne que j’ai cherché après le coup de sifflet final, c’est le président. J’ai fait quelques clubs, mais je n’ai jamais vu un président impliqué comme lui, on est très fiers de lui avoir offert cette promotion pour son départ. Il faut que vous l’écriviez, c’est un président exceptionnel. Au match aller, on était un peu stressés, pas vraiment dedans… On s’est un peu loupés, pour tout dire. Est-ce qu’on avait trop de pression? On n’a pas développé notre jeu, on était frustrés. Mais moi, j’étais sûr qu’on allait passer, je le savais. La semaine a été longue, très longue… Si on avait pu jouer mardi, j’aurais préféré! Mon but? J’en ai marqué des plus compliqués, mais je suis heureux de l’avoir mis, parce que j’ai l’impression qu’il nous a libérés. C’était important de marquer en première période pour prendre l’avantage. Ce groupe-là a quelque chose à faire en 2e ligue inter. Je connais bien cette catégorie de jeu, je sais qu’on sera au niveau. Il y aura de jolis derbys, tant vaudois que fribourgeois. Ca va être sympa. Avec ce stade, ces infrastructures, Payerne a clairement sa place en 2e ligue inter.
Ardian Hoti, attaquant du Stade Payerne
On a travaillé tellement dur depuis quatre ans qu’on était presque obligés de monter ce soir! Je suis super-heureux pour l’équipe, on le mérite. Je suis convaincu qu’on a l’équipe pour jouer le haut du classement en 2e ligue inter. On a tout pour bien faire. Aujourd’hui, on a souffert dans le jeu, mais aussi physiquement. J’étais tellement dégoûté de rater le match aller que j’avais envie de tout casser ce soir. J’avais été retenu tout le week-end à l’armée, j’étais de garde et je n’ai pas pu être libéré… Si je vais rester? Bien sûr! On n’a pas fait tout ce chemin pour rien, on veut jouer en 2e ligue inter ici! Et il y a la Coupe de Suisse, ça peut être excellent aussi. A titre personnel, si je suis content de ma saison? Oui, bien sûr, j’ai le sentiment que cela a été la meilleure de ma carrière. J’ai été bien présent au début et au deuxième tour, même en étant à l’armée, j’arrive encore à montrer certaines choses. Je ne me suis entraîné que trois ou quatre fois avec l’équipe, mais j’entre en fin de match et je donne tout. Ce soir, j’étais titulaire et je ne suis pas content à cause du penalty raté, et aussi parce que j’aurais pu marquer en première mi-temps, mais je vais vite oublier tout ça. Je suis tellement heureux pour l’équipe, pour tout ce qu’on a bossé… On l’a mérité, ce groupe l’a mérité.
Pierre-Albert « Gabet » Chapuisat, entraîneur de Forward Morges
Il y a beaucoup de déception chez nous, le sentiment d’être passé à quelque chose de beau. Nous ne sommes pas passés loin, ça s’est joué sur des détails. Notre seul tort ce soir est de ne pas avoir marqué, parce que dans le jeu, on était là. Sur l’ensemble des deux matches, nous étions la meilleure équipe et nous aurions mérité de passer. Mais on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes. Après, quand je vois les deux expulsions qu’on prend en fin de match, je me dis qu’il y a des sacrées coïncidences, ou appelez-les comme vous voulez… Ca n’a pas décidé du sort du match, on était dans les arrêts de jeu et je répète qu’on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes, mais il y a des choses troublantes. Pourquoi on ne marque pas? Si Alvarez ne sort pas, le match aurait sans doute été différent. Ce n’est pas une question tactique. J’avais choisi le 4-4-2 ce soir pour contrer les forces de Payerne, mais on a été stériles offensivement, avec des prestations individuelles décevantes. Il y a de la frustration ce soir, aussi pour moi, qui n’ai pas pu coacher mon équipe jusqu’au bout. Le shérif Rossy a dégainé contre une victime qui n’a pas pu se défendre. L’avenir? Mon avenir? Il est prévu que je reste à Forward, mais mon avenir, pour tout vous dire, il est entre les mains de l’ACVF. Là, pour l’instant, je pars en vacances. Ce qui est sûr, c’est que le groupe a envie, qu’il est motivé. On va garder tout le monde et on va se relever de cette immense déception. On va étoffer le contingent en qualité, c’est une nécessité pour progresser.
Adrien Zanardi, gardien de Forward Morges
Ca se joue à rien, des détails… Une tête à quelques centimètres des buts, des mauvais choix devant le but, ce genre de choses. Je pense aussi au but payernois de l’aller, ce mauvais sketch après moins d’une minute de jeu alors que l’engagement est pour nous. Il faut féliciter Payerne, une très grande équipe, qui a marqué 111 buts en 26 matches de championnat, cela veut dire quelque chose. Ils ont perdu l’an dernier, ils gagnent cette année, cela doit nous donner des idées pour l’an prochain. L’idéal serait de garder le plus de monde possible, en tout cas cette colonne vertébrale qui se met en place depuis une année et demie. Depuis le début de la saison, on a perdu deux matches. Un face à Ecublens et l’autre ce soir! Je ne parle pas de la Coupe, bien sûr. Mais on se rend compte qu’on perd deux matches de la saison et qu’on ne monte pas… Cela veut aussi dire qu’on a fait une belle saison et qu’il faut aussi s’en souvenir. On peut progresser, surtout dans la concentration et la gestion des détails. On oublie parfois d’être concentré à 100% en championnat et ça se paie cash en finales. Le penalty? J’aurais aimé que ce soit le tournant du match, mais ça n’a pas été le cas.

Le plan-fixe

Stade Payerne-Forward Morges 2-0 (1-0)
Buts: 24e G. Pelle 1-0; 90e S. Renevey 2-0.
Arbitres: M. Hajdarevic, assisté de M. Lengacher et de M. Maystre.
Payerne: A. Rapin; Lombardi, Vorlet, Amomah (72e S. Renevey), Loup; Pelle (60e Diarra), Furtado, Ganic, Gamba (64e Diarra); Sefa, Hoti (88e Ouattara).
Entraîneur: Patrice Renevey.
Forward: Zanardi; Maliqi, Besson, Baradji, Thaqi; Cand, Koné, Ferrari, Ebe (65e Fayad); Cristovao, Alvarez (43e Kaddour).
Entraîneur: Pierre-Albert « Gabet » Chapuisat.
Notes: Stade Municipal, Payerne. 53e, Adrien Zanardi repousse un penalty d’Ardian Hoti. 90e, expulsion de Kaddour (réclamation). 91e, expulsion de Maliqi (réclamation). 600 spectateurs.

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