Stade-Lausanne-Ouchy a brisé la malédiction

Finalement, l’épreuve la plus dure pour Stade-Lausanne ce samedi aura peut-être été de mettre les lettres du message adressé à leur président Charles Berney dans le bon ordre. Quelques minutes après l’officialisation de leur promotion, obtenue grâce à leur nette victoire à Dardania (0-3), les Stadistes ont en effet décidé de rendre hommage à leur président, retenu à l’étranger et qui n’a pas pu vivre en direct ce moment tant attendu. Le staff et les joueurs du SLO ont donc décidé de le remercier au moyen d’une photo que nos lecteurs trouveront en fin de diaporama ci-dessus, mais ils ont mis un sacré temps, c’est peu de le dire, pour trouver le bon positionnement. Plus de temps, en tout cas, que pour prendre la mesure d’une équipe de Dardania qui n’a eu aucune chance: après 18 minutes, Quentin Rushenguziminega avait déjà frappé trois fois! 0-3, score final.

Huit fois de suite aux places d’honneur!

Stade n’avait besoin que d’une victoire pour monter en 1re ligue, neuf ans après l’avoir quittée, au terme d’une saison 2004-2005 mortifiante. Depuis, les Lausannois ont multiplié les places d’honneur, sans jamais réussier à remonter. Dans l’ordre? 7e, 4e, 4e, 6e, 6e, 5e, 2e et 2e! Cette fois, c’est fait, ils ont brisé la malédiction et personne ne peut dire que cette promotion n’est pas méritée. Elle l’est plus que tout. De par son passé, de par son présent et son avenir, Stade mérite amplement de retrouver ce niveau et d’intégrer une 1re ligue Classic où joueront… sept clubs vaudois la saison prochaine (Azzurri 90, Yverdon, Echallens, Bavois, Terre Sainte, Team Vaud M21 et Stade-Lausanne-Ouchy)! 7 sur 14: le calcul est vite fait, il y aura au moins un derby lors de chaque journée (sauf deux), c’est mathématique.

Le hat-trick de Quentin Rushenguziminega… en 18 minutes

Il n’y a eu absolument aucun suspense samedi. Et quand on dit « aucun », c’est « aucun ». Pour espérer monter, Sierre (2e) devait gagner à UGS et espérer que Stade ne gagne pas à Dardania. Après 18 minutes, les nouvelles en provenance de Genève faisaient état d’un 3-0 pour UGS et le Stade menait déjà sur le même score! L’affaire était déjà pliée, dans le sac, terminée. Dans ce derby lausannois, les choses ont été réglées de suite grâce à un triplé de Quentin Rushenguziminega, dont le 0-1 sur un penalty litigieux, mais impeccablement transformé. L’ancien avant-centre du LS, de Nyon et d’Echallens inscrivait ensuite un 0-2 splendide (reprise à une touche dans le petit filet de Miftari) et un 0-3 tout aussi joli, sur un service parfait de Brice Ngindu. Le buteur de Stade était moins en réussite durant ce deuxième tour, c’est vrai, mais il finit tout de même la saison avec 24 buts en championnat (16 au premier tour, 8 au deuxième). Des bons chiffres et la certitude d’avoir été à la hauteur des attentes placées en lui. Arrivé en début de saison d’Echallens, il a rempli sa mission en marquant les buts qui ont fait monter Stade. Fort.

Dardania a-t-il lâché ce match? Non

Reste une question que l’on est obligé de se poser: Dardania a-t-il lâché ce match, suite à la récente affaire entre le FC Sierre et deux de ses joueurs? La réponse est non. Il manquait du monde chez les joueurs de Paulo Diogo, comme chez n’importe quelle équipe, et les onze qui étaient sur le terrain se sont battus pour la victoire. Ils sont tout simplement tombés sur plus forts qu’eux, plus déterminés. Et Sierre ne peut se plaindre de rien, n’ayant de toute façon pas gagné à UGS (défaite 4-2 au final). Le début de polémique peut être vite étouffé: il n’y a tout simplement rien à dire à ce sujet. Ce qui est vrai, c’est que Stade a joué sa vie sur ce match, pour enfin briser la malédiction qui le condamnait à rester en 2e ligue inter. Celle-ci n’existe plus et Stade-Lausanne retrouve « sa » place naturelle, en 1re ligue, huit jours après la disparition de Richard Dürr. Un beau cadeau, comme un hommage à l’ancien entraîneur et président de Stade, qui était dans beaucoup de mémoires et de pensées ce samedi.

Charles Berney, l’homme le plus heureux du monde ce soir

Les joueurs de Stade ont donc obtenu cette promotion et tous, spontanément, ont eu une pensée pour leur président, Charles Berney. Celui-ci passe la main en cette fin de saison à Alain Vallélian, son successeur, mais restera proche du club. Il est l’homme le plus heureux de la terre ce soir, grâce à cette montée enfin obtenue et, quelque part, on a aussi envie d’être content pour lui. D’un coup, d’un seul, les déceptions des années précédentes ont été évacuées. Stade est un club qui n’a jamais brûlé les étapes, mais là, cela commençait à devenir long. Non pas que la 2e inter soit un championnat inintéressant, mais enfin, terminer huit fois (huit fois!) aux places d’honneur commençait à devenir un peu frustrant. La stabilité a fini par payer et il faut répéter ici que le SLO est un club à part de ce point de vue. Ici, pas de coup d’éclat, pas de révolution, pas de clash, ou du moins pas en public. L’éloge de la rigueur, du calme et du travail de fond. Cela n’empêche pas l’ambition, ni les moyens, cela s’appelle travailler intelligemment, sans changer de ligne directrice au gré des défaites. C’est un choix, un style, et aujourd’hui, il a payé.

Une force collective qui s’est ressentie à l’heure des célébrations

L’après-match? Des cris, des rires, des chants et un Mickaël Castejon en grande forme, qui n’a pas oublié de verser 14 litres d’eau sur chaque personne ayant la bonne idée de se trouver à proximité de lui. Et, par dessus tout, une vraie célébration d’équipe lors de laquelle personne n’a été oublié. Les chants de victoire? Avec une pensée pour chacun, remplaçants habituels et joueurs moins utilisés y compris. Du gardien n°2 Sébastien Pilet à Alexandre Badibanga, joker d’attaque, tous ont eu droit à leur reprise du fameux: « C’est qui? C’est… » suivi du nom du joueur en question. Sympa, et une manière de rappeler à tous, avant les finales de 2e, 3e et 4e ligue, qu’une promotion se gagner en équipe et que la force d’un groupe permet de renverser des montagnes, y compris celles se dressant devant vous depuis huit ans. Stade-Lausanne a brisé la malédiction par le jeu, par l’état d’esprit et par la volonté de gagner. Quelque part, c’est encore plus beau, encore plus fort et encore plus riche en émotions.

Ils ont dit à footvaud.ch

Jamel Kaissi (défenseur du SLO)

C’est une belle sortie pour moi. Il s’agissait de mon dernier match comme joueur, et je ne pouvais pas rêver mieux. J’avais déjà préparé la transition en intégrant le staff, comme aide-coach, aussi à la II. C’est un super-scénario pour finir, en ayant dû se battre jusqu’à la dernière journée… Pff, je ne sais vraiment pas quoi dire, j’ai envie de fêter cette montée avant de penser à la suite. Dans la tête, j’aimerais bien continuer, mais c’est le corps qui dit stop. J’ai des problèmes d’articulation, qui m’avaient déjà poussé à quitter le LS. Mais à l’époque, il n’y avait que le genou. Aujourd’hui, j’ai les hanches qui me posent des soucis. J’espère rester ici, à Stade, mais je suis ouvert à tout pour ma nouvelle carrière dans le coaching.

Nicolas Tebib (milieu de terrain du SLO)

Y a pas de mots… Cela faisait cinq ans qu’on attendait ça! Ce ne serait pas Stade si ça n’avait pas été difficile jusqu’au bout, si on avait été promus quatre matches avant la fin! C’est comme ça, c’est notre histoire, mais on est tous très heureux ce soir. Je m’attendais à un gros combat ici, mais on s’en est bien sortis, et ce dernier match est presque un peu décevant, on s’attendait à lutter jusqu’à la dernière minutes (rires). Non, je rigole, c’est mieux comme ça. Cette semaine, j’ai parlé avec mon père, Ali, qui me disait que Quentin Rushenguziminega avait de la peine à trouver le cadre. Je lui ai dit que je lui écrirais après le match pour lui dire que Quentin avait mis un triplé! Je vous assure que c’est vrai! On a une superbe équipe, avec du caractère. Avec Micka Castejon, on s’engueule tout le temps, comme un couple de vieux mariés, on peut tout se dire. Mais on s’aime et on revient tout le temps ensemble (rires).

Mickael Castejon (gardien du SLO)

C’est une immense émotion, une grande joie. Mes premières pensées sont pour Alain Rochat, ainsi que pour le président Charles Berney et son fils Laurent. On voulait leur offrir ça, leur rendre tout ce qu’ils nous apportent, et je parle en mon nom et en celui de l’équipe. Ils ont tout fait pour qu’on monte, ils le voulaient vraiment et aujourd’hui, ils l’ont. J’en suis fier et heureux, pas pour moi, pour ces personnes-là. Aujourd’hui, on s’est rendus le match facile, au contraire de ce qu’on a fait toute la saison, lors de laquelle on s’est surtout compliqué les choses. Ma dernière montée? C’était avec le LS, en Super League. L’émotion, elle est énorme.

Matheus Fungilo (milieu du SLO)

Depuis cinq ans que je suis au club, on a fait deux fois 2e, mais là, on y est! On a toujours été à la limite, mais aujourd’hui, on les a dépassées. Mais qu’est-ce qu’on s’est compliqué la tâche cette année….  Cette fois, c’est la bonne, et je trouve que le groupe a été intelligemment renforcé. Derrière et au milieu, on était bons, mais il nous manquait le buteur. On l’a eu cette année, et cela a fait la différence. En ce qui me concerne, je me suis toujours senti bien ici. Je suis un joueur qui aime toucher le ballon, être au coeur du jeu, participer tant défensivement qu’offensivement. Cette montée, c’est génial, et j’ai aussi une pensée pour le président. Un homme remarquable, qui a toujours été très correct, un vrai homme de parole, qui nous a toujours soutenu, même dans les moments difficiles. Aujourd’hui, il ne reste plus qu’à faire la fête. On va commencer au Punk et finir au MAD, ça s’annonce bien (rires).

Andrea Binotto (entraîneur du SLO)

Ce deuxième tour a été compliqué, peut-être un peu plus que prévu, mais quelque part, c’est assez normal. On était attendu partout, les équipes étaient mieux préparées, savaient mieux cerner nos forces… On a perdu des points, mais on n’a pas lâché. Si je suis fier d’être l’entraîneur qui a fait monter le SLO en 1re ligue? C’est avant tout une aventure collective qui est à la base de cette réussite. J’en fais partie, comme entraîneur, bien sûr. Mais pas plus que les joueurs, le président, le staff, les gens du comité. A ce titre, je tiens à souligner le travail remarquable de mon assistant Elvis Besic. Dans les articles précédents, vous parliez un peu trop de moi et jamais de lui, alors qu’il a une part importante de nos succès, par sa connaissance du football et la pertinence de ses paroles. Je lui dois beaucoup et je tiens à le dire. Si je serai encore là la saison prochaine pour accompagner l’équipe en 1re ligue? Vous savez, il y a quelques semaines, lorsque nous traversions une mauvaise passe, M. Berney m’a dit que je serai l’entraîneur en 2014-2015, quelle que soit l’issue de la saison. Cette confiance m’a fait plaisir et m’a apporté beaucoup de sérénité. Aujourd’hui, avec la montée, j’espère qu’il n’a pas changé d’avis (rires). Je me réjouis de la saison prochaine, avec 7 équipes vaudoises en 1re ligue, il y aura de nombreux derbys, ça va être une saison passionnante. Si on va renforcer le groupe? J’ai une grande confiance en les joueurs qui ont obtenu la promotion, mais forcément que ça va bouger. Déjà, y aura-t-il des départs? Certains vont-ils, d’un point de vue professionnel, continuer l’aventure en 1re ligue? Je ne sais pas. Là, on va savourer et se poser ces questions-là dans quelques jours.

Les prochains rendez-vous

Stade reçoit Signal-Bernex, le dimanche 15 juin, à 16h, pour le dernier tour qualificatif pour la Coupe de Suisse. Il faudra avoir dormi un peu d’ici-là…

La question… d’Andrea Binotto à footvaud.ch

Nous écrivions cet hiver déjà que le Stade méritait la promotion plus que tout le monde en donnant les cinq raisons pour lesquelles nous le pensions (lire ici) et nous ne nous sommes pas trompés (cette fois). A l’époque, cet article avait fait réagir Andrea Binotto, qui nous avait adressé un SMS nous disant, en substance, que cet article était flatteur, mais qu’il valait mieux rester prudent et qu’il ne partageait pas tous les points de vue exprimés. Alors, après le match samedi, il n’a pas manqué de nous interpeller, nous demandant de répondre, dans cet article, à la question suivante: « Avez-vous pensé à ces lignes en cours de saison? Avez-vous eu peur qu’elles ne réalisent pas? » Notre réponse? La voici. Non, nous n’avons jamais douté de cette montée. Sincèrement. Et, de plus, nous assumons complètement les cinq points écrits il y a quelques mois.

Une construction de l’effectif cohérente? C’est toujours vrai. Andrea Binotto est l’entraîneur qu’il faut à ce groupe? Charles Berney pense comme nous, ce qui est un honneur. La concurrence n’est pas la plus féroce de l’histoire? Vevey a craqué et nous le disions déjà. Nous n’avons pas vu venir le deuxième tour parfait du FC Sierre, c’est vrai, mais qui aurait pu le prédire? Les deux derniers points (l’état d’esprit du groupe et les structures de qualité) sont toujours aussi vrais. Donc non, M. Binotto, nous n’avons jamais tremblé pour notre pronostic. Cette année était celle du Stade, pour toutes les bonnes raisons évoquées, même si nous pensions que le SLO aurait obtenu plus de points durant ce deuxième tour.

Qu’importe au fond: Stade est monté, et nous sommes heureux d’avoir pris ce pari-là, pas le plus compliqué de tous c’est vrai, cet hiver. Et oui, nous y avons toujours cru et l’avons dit autour de nous, ce qui nous a d’ailleurs valu, on raconte volontiers cette anecdote, une petite accroche verbale avec un spectateur inconnu à Prilly. Un dimanche matin comme un autre, un inconnu d’une soixantaine d’années, accoudé à la barrière, dit à son voisin: « Tu verras, Le Mont et Stade, les deux ils sont raides. Aucune chance. Les deux, ils vont tout perdre. » On avait fait semblant de ne pas entendre, avant que son voisin ne continue: « D’accord avec toi, on parle trop d’eux, mais là, ils commencent à perdre, ils vont craquer. » Là, on se permet d’intervenir: « Pas d’accord, messieurs. Les deux viennent de perdre un match ou deux, mais ils seront devant à la fin. Chaque équipe a une mauvaise passe, on ne peut pas être à fond toute une saison. » Estimant notre âge visiblement pas assez élevé pour nous donner une légitimité, ces deux messieurs s’étaient contentés d’un « Vous verrez, jeune homme, comment va le football, quand vous aurez un peu plus d’expérience… » On a vu, merci.

Le plan-fixe

Dardania Lausanne – FC Stade-Lausanne-Ouchy 0-3 (0-3)

Buts: 5e (pen.), 11e et 18e Rushenguziminega 0-3.

Arbitres: M. Ricci, assisté de M. Hofmann et de M. Soares.

Dardania: Miftari; Ciftci, Georgiev, Da Silva, Tavares; Bunjaku (44e Morina), Draoui; Vladimirov, Zlatev, Bajrami; Basha.

Entraîneur: Paulo Diogo.

SLO: Castejon; Karac, Kaissi, Luyeye, Micheli; Tebib, Fungilo, Ruchat (70e Arena), Danner (72e Rochat); Ngindu, Rushenguziminega (75e Badibanga).

Entraîneur: Andrea Binotto.

Notes: Centre sportif de Chavannes-près-Renens.

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