Ridge Mobulu veut retrouver la lumière

Si le FC Le Mont a de vraies chances d’éliminer le FC Bâle mercredi en 1/4 de la Coupe Suisse (coup d’envoi à 19h30 à Saint-Jacques), c’est grâce à son formidable esprit d’équipe, mais aussi grâce à ses individualités. Claude Gross peut compter sur d’excellents joueurs, parmi lesquels Ridge Mobulu (22 ans). Utilisé le plus souvent comme ailier droit dans le 4-2-3-1 montain, le jeune homme (qui a commencé le football à Aigle, avant de rejoindre Yvorne, puis le Lausanne-Sport) met le feu comme personne sur son côté. Excellent depuis son arrivée au Châtaignier en février 2013, il se pourrait bien qu’il se voie offrir une nouvelle chance d’intégrer le football professionnel. Le FC Lucerne le suit, comme d’autres. Sans s’enflammer, ni se voir plus beau qu’il n’est, Ridge se confie, tout en lucidité.

Alors que Le Mont se prépare depuis le tout début janvier pour ce match à Bâle, les matches amicaux ont été mitigés. Les bonnes nouvelles? La victoire aux Genève Indoors, en battant notamment Servette en 1/2, mais aussi le succès face au LS (2-0). Mais les Montains se sont inclinés face à Nyon (4-2) et Monthey (2-0), avant, dimanche 1er février, de battre Vevey (3-0), grâce… à un hat-trick de Ridge Mobulu! L’occasion était trop belle: interview.

Ridge Mobulu, Le Mont n’est pas forcément souverain dans les matches amicaux cet hiver… De quoi s’inquiéter avant d’aller à Bâle?

Non, pas du tout. On a aussi perdu des matches l’été dernier, mais en compétition officielle, on change. On aime ces moments-là. Sincèrement, ne portez aucune importance à ces matches-là. On sera prêts mercredi.

Dans quel état d’esprit vous rendez-vous à Bâle? Vu de l’extérieur, et on l’a souvent écrit ici, on a l’impression que ce FC Le Mont n’a peur de rien…

C’est tout à fait vrai. Bien sûr qu’on sait tous que le FC Bâle est une superbe équipe, la meilleure de Suisse. Mais on n’y va pas comme des touristes ou des victimes. C’est sans doute une des différences entre nous et d’autres équipes de série inférieure: on joue ces matches pour les gagner. Comme face à YB en 1/8e. Pas un seul instant, on ne se dit que ce sera une fête ou que sais-je… Non, c’est un match de foot, à gagner. On ne se met pas la pression, mais on veut bien faire.

Devoir jouer ce match à Bâle, après le report du match au Mont en décembre, vous offre-t-il une motivation supplémentaire?

Oui, je le dis clairement. On n’a toujours pas digéré cet épisode et ce renvoi. Le terrain, il était pire contre YB au tour précédent, tous les journaux l’ont dit. On aurait pu jouer, et cela nous offre un brin de motivation supplémentaire de jouer ce match à Bâle. On a un sentiment de revanche, et il est partagé à l’intérieur du vestiaire, ce n’est pas juste moi qui le dis.

Des joueurs comme Claudio Gentile, Sid-Ahmed Bouziane ou Emmanuel Domo n’ont plus forcément l’envie d’aller plus haut. Mais vous? Ce match face à Bâle, il peut accélérer les choses, non?

Oui, j’en suis conscient. Mais la meilleure manière de faire un bon match, c’est de jouer pour l’équipe. De nouveau, je ne me mets pas de pression, mais je sais que ce match est une occasion supplémentaire de prouver que j’ai le niveau.

Comme le match face à YB? Ce soir-là, vous nous aviez particulièrement impressionné… Que ce soit Steve von Bergen ou Alain Rochat, vous aviez marché sur tous les défenseurs bernois!

C’est vous qui le dites… Mais, pour tout vous dire, il n’y a pas eu véritablement de différence après ce match-là. C’est plutôt le fait de répéter les performances qui a eu un véritable impact, je pense.

C’est vrai que vous arrivez à enchaîner les bonnes performances, que ce soit en 1re ligue Classic ou en 1re ligue Promotion. Comment expliquer cette progression fulgurante au cours des derniers mois? Franchement, vous n’êtes pas le même joueur que celui qu’on voyait à Nyon ou à Yverdon…

Oui, j’en suis conscient. Moi aussi, je me vois différemment. Pour tout vous dire, je ne me reconnais pas!

Comment ça?

J’ai beaucoup plus confiance en moi aujourd’hui. J’ose beaucoup plus, je provoque, je dribble… Mais j’essaie de le faire au bon moment. Avant, je courais beaucoup, dans tous les sens. Aujourd’hui, je crois que j’ai plus de maturité. Le fait d’avoir déjà connu pas mal de clubs m’a fait grandir. Et je dois dire que se retrouver dans ce vestiaire du Mont m’a fait beaucoup de bien. J’ai la confiance du coach, Claude Gross.

Quel rôle a-t-il joué dans votre progression?

Il me connaît depuis les M18 de Team Vaud. Mais il m’a également entraîné lorsqu’il avait les M21 et que je redescendais de la Challenge League, les jours où je n’étais pas convoqué. Il me fait confiance, et il dit les choses. Il peut être dur, mais je sais que c’est toujours bienveillant. Dans ce groupe, c’est comme ça que ça marche. On a une ambiance formidable, on est soudés, mais on sait se faire mal.

Sur le plan personnel, dans quels domaines pouvez-vous encore vous améliorer?

Oh, il y en a beaucoup (sourire). Il faut absolument que je sois plus décisif devant le but. J’ai toujours été rapide, mais comme je vous l’ai dit, aujourd’hui j’arrive mieux exploiter cette qualité. Mais le dernier geste, marquer, et l’avant-dernier geste, centrer, doivent encore être améliorés. Je travaille beaucoup pour cela, je me concentre là-dessus à l’entraînement.

Vous êtes un joueur décisif en 1re ligue Promotion, et vous n’avez que 22 ans. Vous pensez forcément à aller plus haut, non?

Oui, ce n’est pas la peine de le cacher. Et ce n’est pas manquer de respect au Mont que de dire ça, au contraire. Depuis quelques semaines, j’ai une convention avec un agent, Bernt Haas, l’ancien international. On discute, mais une chose est sûre: je suis au Mont pour ce deuxième tour et j’y suis très bien.

Vous avez pensé à partir cet hiver?

Non. Pas un seul instant.

Pourtant, on a entendu parler d’un intérêt du FC Lucerne… Alex Frei serait venu vous superviser en personne. Vous avez des contacts?

Il y a des touches, mais les choses sont claires. Je suis au Mont, et je sais ce que je dois à ce club. Je dois encore progresser, et je suis à 100% ici. Après, bien sûr que jouer en Super League, c’est mon but, c’est mon objectif. J’ai envie d’y aller, mais il est trop tôt pour en parler concrètement. Mais c’est sûr que quand je vois des joueurs avec qui j’étais en formation et qui sont actuellement professionnels, ça me pousse à penser que, moi aussi, je peux avoir ma place dans ce monde-là.

Vous avez été formé au LS, qui ne vous a pas conservé. Vous avez effectué quelques apparitions en Challenge League, mais le club a préféré miser sur d’autres. Y a-t-il un sentiment de revanche?

Oui, j’ai envie de prouver à tout le monde que je peux y arriver. Et quand je dis « tout le monde », j’inclus les personnes qui n’ont pas cru en moi. Ce n’est pas une revanche malsaine, c’est un sentiment qui me pousse à travailler tous les jours. Après, il faut le dire: je n’ai pas tout fait juste à ce moment-là.

C’est-à-dire?

Je n’étais pas assez fort mentalement. J’ai cru trop vite que j’étais arrivé, que je n’avais pas besoin de travailler. J’ai pensé que j’avais suffisamment de talent pour aller tout en haut, sans en faire trop. C’était une erreur. C’est pourquoi je dis que je n’ai pas un sentiment de revanche malsain par rapport au LS. Mais j’ai envie de prouver que j’ai ma place en Super League.

Ce qui est fort, c’est que vous êtes parti à Vancouver, puis à Nyon et Yverdon, sans vous « enterrer ». D’autres auraient sombré moralement, non?

Je dois quand même vous dire que j’ai hésité à arrêter le football. Quand je suis revenu de Vancouver, j’ai galéré pour trouver un club. Et après Nyon aussi. C’est Stevo Gasic qui m’a convaincu de venir à Yverdon, qui était en 1re ligue Promotion.

Stevo?

Oui, on était en contact, on s’écrivait souvent. J’étais au plus bas, vraiment. Et il m’a dit qu’Yverdon me voulait vraiment, qu’il y avait quelque chose à faire. J’ai dit oui.

Et à Yverdon, vous faites un tour honorable, disons-le comme ça, mais bien loin de ce que vous montrez aujourd’hui…

Oui. Je jouais attaquant de pointe, un poste que j’aime bien aussi. Et en fait, je suis venu au Mont…

Ah, ça, on sait! C’est après un match amical perdu 10-0 avec Yverdon, alors en 1re ligue Promotion, face au Mont, qui était en 1re ligue Classic!

Exactement, vous avez une bonne mémoire (rires)! Au début, je ne voulais pas descendre d’une ligue, mais quand Claude Gross m’a dit après ce match que j’avais ma place dans l’effectif du Mont, j’étais obligé de me dire que c’était flatteur! Franchement, quand je voyais cette équipe jouer, et comme elle déroulait contre nous, je me suis dit: « Je veux en faire partie »!

Et vous vous êtes imposé comme titulaire assez rapidement.

Oui, mais rien n’était acquis. J’ai dû m’adapter, j’arrivais dans une équipe qui tournait bien.

Vous préférez jouer côté droit ou côté gauche?

Les deux, sincèrement. Je n’ai pas de préférence. Comme je vous l’ai dit, j’ai aussi joué dans l’axe avec Yverdon.

Un de vos concurrents directs est votre frère, Mobulu M’Futi. C’est étrange comme situation, non?

Non, pas du tout. Jouer ensemble, c’était un rêve de gosse. J’ai toujours été fier de lui, j’ai toujours suivi sa carrière avec attention. Mes copains m’en parlaient, me disaient: « T’as vu, il a encore marqué! ». Et moi, j’étais le frère le plus fier du monde.

Expliquez-nous quand même quelque chose: votre nom de famille est Mobulu, mais lui se fait appeler M’Futi… On est un peu perdus!

Oui, je sais (rires). En fait, l’erreur a eu lieu quand il est parti jouer à Sion. En fait, notre nom de famille, c’est Mobulu. M’Futi, c’est son prénom, comme moi, c’est Ridge. Mais quand il est parti en Valais, ils ont mis son prénom, M’Futi, sur le maillot. Voilà pourquoi, c’est aussi simple que ça. Du coup, c’est resté et sur les feuilles de match, je suis Mobulu et il est M’Futi. Rien de grave (sourire).

Vous êtes né à Aigle, mais êtes d’origine congolaise. Si d’aventure vous deviez choisir une sélection, ce serait laquelle?

Vous êtes gentil d’y penser, mais j’en suis encore loin. Mais ce qui est sûr, c’est que je me sens Suisse à 100%. C’est mon pays, là où je suis né, où j’ai toutes mes attaches. Si je devais choisir une sélection, ce serait la Suisse, c’est sûr.

On a le droit de rêver, non?

Oui, mais dans la réalité, il faut travailler dur. Et qui sait? Ce qui est sûr, c’est que je n’ai pas envie de me fixer de limites, que ce soit personnellement ou avec Le Mont.

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