Quel coup franc de Piero Arena dans les arrêts de jeu! Le milieu de terrain de Forward Morges avait pourtant connu une partie compliquée jusqu’ici. Il a été important, il l’est à chaque fois, de toute façon, mais il faut bien avouer que cela n’a pas été ses 90 minutes les plus abouties de la saison, à Piero Arena. Sauf qu’il y a eu ce geste, ou plutôt ce coup de patte, à la 93e minute, alors que lui et ses coéquipiers semblaient pourtant cuits, payant tous les efforts consentis durant l’après-midi pour résister au retour de Val-Bal, dans un premier temps, puis pour revenir au score, ensuite. Et dire que ce coup-franc est aussi impressionnant et inattendu qu’important n’est pas trop vite parler. Dimanche prochain, et même si ce n’est pas la mentalité de Jean-Marc Dupuis, Forward Morges n’aura pas l’obligation de gagner. Et ça, ça change tout!
Une fête pour le football vaudois
Si la fête a été belle du côté de La Fleur-de-Lys, plus tôt dans la journée, pour le choc entre Prilly et Genolier-Begnins, que dire de celle du Parc des Sports de Morges? Il y a eu du monde, beaucoup de monde, pour assister à la rencontre entre le deuxième du groupe 1 et le premier du groupe 2 de 2e ligue. L’affluence? Difficile à estimer, mais l’accueillante et sympathique tribune morgienne était pleine à craquer, et, à côté de ça, les gens se sont amassés en nombre au bord du terrain pour assister à une partie des plus plaisantes, entre deux équipes qui se sont livrées sans compter. On espère voir autant de monde à Vallorbe, dimanche prochain (14h45), pour le match retour. Et s’il y a bien quelque chose dont on est sûr après l’aller, c’est que tout reste ouvert et qu’on risque bien d’assister à une partie aussi endiablée que l’a été celle de ce dimanche.
Val-Bal n’a joué qu’une période…
Il faut pourtant le reconnaître, et cela aurait pu être le plus gros regret des Morgiens si les événements n’avaient pas, finalement, tourné en leur faveur: Val-Bal a été fantômatique pendant les 45 minutes initiales. Arlind Ejupi n’a, d’ailleurs, pas usé ses gants une seule fois de la première mi-temps. «Disons qu’on a eu la possession durant cette période, mais une possession totalement stérile. Morges était plus tranchant à ce moment-là. On a, sans doute, assez mal géré la pression sur nos épaules», reconnaîtra coach Jean-Yves Bonnard au coup de sifflet final.
Un tir de Piero Arena dans la surface qui finissait sa course largement au-dessus de la transversale, un autre de l’excellent Daniel Escobar, puissant mais trop cadré, et une grosse opportunité pour le tout aussi bon Gzim Thaqi sont autant d’occasions qui auraient dû permettre à Forward de repartir aux vestiaires avec plus d’un but d’avance. Plus d’un but? Oui, car une action d’école était venue récompenser, à juste titre, les efforts des hommes de Jean-Marc Dupuis peu avant le thé. Une passe entre les jambes de Piero Arena, une course dans la diagonale de Cristovao Da Luz, un décalage parfait de ce dernier pour le vif «Dani» Escobar, dont la conduite de balle pour se mettre en position et écarter son défenseur n’avait d’égal que la pureté de son tir croisé. Ouverture du score logique (1-0, 41e).
… et ça a bien failli suffire
Et, pendant ce temps-là, Val-Bal n’a pas existé, passant une mi-temps qu’il faudra définitivement, et très vite, si possible, oublier. On ne connaît pas les mots de Jean-Yves Bonnard à la pause, mais ceux-ci ont dû faire prendre conscience de l’enjeu de cette double confrontation à ses joueurs. Car revenir de cette façon sur le terrain, après avoir connu un début de match aussi délicat, c’est fort, très fort! Il ne fallait pas deux minutes à Mathieu Pelletey pour envoyer un signal clair au Parc des Sports. Son coup de tête de la 47e passait d’un rien à côté, mais le Val-Bal des 45 premières minutes était resté dans le vestiaire, enfermé à double tour.
C’est d’un coup du sort dont eu besoin les visiteurs, pour se mettre définitivement dans le match. L’immense frappe de Yannick Sala était contrée par le dos d’un «rouge et blanc» à l’entrée de la surface, Arlind Ejupi avait déjà anticipé la trajectoire du ballon, et voyait celui-ci filer dans son contre-pied (1-1, 51e). On ne jouait pas depuis dix minutes en seconde période que Forward Morges pouvait déjà trembler et regretter ses occasions manquées avant le thé.
Les longues touches d’Aurélien Trarbach, un atout insolite
D’autant plus que Vallorbe-Ballaigues doublait la mise, quelques minutes plus tard, Aurélien Trarbach se fendant de sa spécialité maison. C’est un corner? C’est un coup-franc? Non, c’est une touche pour Aurélien Trarbach dans les vingt derniers mètres! Au fond, le résultat est le même, le ballon arrivant, bombée, dans la mêlée, à l’intérieur de la surface. Et, pour le reprendre, ce diable de Daniel Ambrus, sans qui, aujourd’hui, le score aurait une toute autre allure, encore moins flatteuse pour les visiteurs. En clair? Le demi défensif a marqué (1-2, 60e), certes, mais il a aussi sauvé un ballon sur sa ligne, au terme d’une course folle pour stopper l’envoi de Raphäel Cand. Ah, et le Magyaro-Roumain a aussi tapé la latte, juste avant le but décisif de Piero Arena, sur une… longue touche d’Aurélien Trarbach!
Les soixante minutes de feu de Dani Escobar
Ce Val-Bal-là était d’un tout autre calibre que celui de la première mi-temps, allant même jusqu’à dominer un adversaire qui a eu de la peine à retrouver le rythme après le thé. Les possibilités étaient toujours bien là, mais la maîtrise du jeu était définitivement passée en mains de Val-Bal. Et puis, Daniel Escobar a dû sortir juste avant le 1-2 de la 60e, alors qu’il était certainement le meilleur atout offensif des Morgiens sur le terrain.
«C’est un joueur à fibres rapides, à l’image d’un Estefan Alvarez avec La Sarraz-Eclépens. Il donne vraiment tout pendant soixante minutes, court à en lessiver les défenseurs en face, mais ne peut pas tenir un match entier», expliquait Jean-Marc Dupuis au sujet de son virevoltant numéro 15. Les actions de Forward en ont-elles pris un coup? Absolument pas, au contraire même, puisque Raphaël Cand a parfaitement pris le relais, jouant à merveille son rôle de «joker», en entrant en jeu pour la dernière demi-heure, comme il en a, désormais, pris l’habitude.
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Gzim Thaqi, ce travailleur de l’ombre
«Il a fait un boulot exceptionnel et tellement ingrat. J’ai eu peur qu’il perde un peu les nerfs à la mi-temps, tellement cela a été dur pour lui, alors je lui ai clairement rappelé quel était son rôle, et qu’on avait besoin de lui dans cette position». Lui? Gzim Thaqi, dont son entraîneur a, visiblement, apprécié la performance. Cela tombe bien, on l’a adoré! Dans un rôle d’avant-centre ô combien délicat, l’attaquant a rayonné, touchant finalement assez peu de ballons, mais transformant en or tous ceux, ou presque, lui passant entre les pieds. Et lorsque le cuir n’est pas en sa possession? Thaqi se bat, fait parler l’impact physique et pèse sur l’adversaire.
L’exemple le plus frappant? L’égalisation, ce 2-2 pour lequel ses coéquipiers pourraient commencer la construction d’une statue à son effigie. C’est lui qui a mis la pression au porteur du ballon à la relance, alors que rien ne le forçait à le faire et qu’il avait déjà accumulé presque 70 minutes de jeu dans les pattes. C’est lui qui est venu lui chiper le ballon au prix d’un effort considérable, avant de se retourner et de lancer Raphaël Cand en profondeur, qui ne manquait pas de sang-froid pour transformer (2-2, 67e). Comme si souvent, l’attaquant a donné de sa personne, et si ce soir, Forward Morges part à l’assaut de la 2e ligue inter avec un très léger avantage, Gzim Thaqi n’y est pas étranger.
Un 3-2 final sévère, mais qui n’a rien de scandaleux
Finalement, ce score de 3-2 peut être douloureux pour Val-Bal, tant les joueurs de Jean-Yves Bonnard se sont montrés les plus pressants dans le «money time», avec, notamment, cette latte de Daniel Ambrus. Mérité ou sévère? Disons sévère, tant les deux équipes semblent proches l’une de l’autre, dans des styles, toutefois, très différents (Val-Bal aime avoir la balle, Morges aller vite vers l’avant), et par rapport à la seconde période légèrement à l’avantage des visiteurs, mais mérité sur l’ensemble du match, puisque Vallorbe n’a pas trouvé son football pendant une bonne moitié de la rencontre, et que Morges, de son côté, a montré un visage conquérant et combatif tout l’après-midi.
Le groupe 2 a-t-il vraiment quelque chose à envier au groupe 1?
Dépité, le coach de Vallorbe-Ballaigues? Un peu déçu de la tournure des événements, certes, mais parfaitement conscient que tout reste ouvert pour le retour, à la maison. Et, surtout, souriant, puisqu’il y a un aspect de ces finales de 2e ligue qui ne lui a pas échappé: «Je vous l’avais bien dit, que ce groupe 2 n’était pas inférieur. Pourtant, on a entendu absolument partout le contraire. Cet après-midi, malgré la défaite, on voit bien qu’on était, au moins, à leur niveau». D
‘une part, il faut reconnaître que tant Prilly que Val-Bal ont perdu aujourd’hui, ce que les défendeurs de l’idée que le groupe 1 de 2e ligue est supérieur au groupe 2 se feront un malin plaisir de rappeler. Mais, d’autre part, aucune des deux équipes du second groupe n’a véritablement été dépassée ce dimanche, et toutes deux sont même passées plutôt près de la victoire. Pas certain donc que les avis restent encore figés après le match retour. La balle est dans le camp de Val-Bal et Prilly!
Un compte-rendu de Florian Vaney
