«Les nuits ont été difficiles»

La saison 2013-2014 aura décidément été très compliquée pour le FC Lutry. Quelques semaines après l’officialisation du retour en 2e ligue de sa première équipe, le président Patrick Marguerat et son comité ont été poussés dehors. Après avoir pris du temps pour digérer la nouvelle, il nous fait part aujourd’hui de sa tristesse.

Patrick Marguerat, que s’est-il passé à Lutry?

Une bien triste histoire… C’est délicat d’en parler, mais je vais essayer de mettre les choses dans l’ordre afin d’éviter de mauvaises interprétations.

On vous écoute.

Début juin, l’actuel responsable des juniors, M. Parra, m’informe qu’il doit démissionner. Cela ne va plus au travail et il a peur de perdre sa femme s’il continue. Bon. Sur le moment, cela m’a embêté, car vous savez à quel point il est difficile de trouver des bénévoles pour s’occuper d’un club, mais j’ai compris et respecté son choix.

Jusque-là, rien de bien grave…

Deux jours après, une personne du club me dit qu’il avait entendu parler de cette démission et qu’il se proposait pour nous aider, toujours pour les juniors. Super, on va de l’avant! Je suis serein, prêt à préparer la nouvelle saison.

Et là…

Cinq jours passent, cette même personne arrive en me disant qu’il avait formé un comité complet avec un nouveau président! Et devinez qui revenait comme président juniors? Celui qui justement était surchargé par son travail au club et avait démissionné une semaine auparavant!

Et vous?

Moi, je pouvais rester comme responsable technique des actifs. Merci beaucoup! Ah oui, et ils voulaient me nommer président d’honneur. Quant au reste du comité, il pouvait aller tranquillement à la plage.

Vous avez dû adorer…

Pour tout vous dire, je me suis cru dans un film d’un mauvais genre. Avec un scénario préparé mais mal joué. Très mal joué même! J’ai quand même essayé d’en savoir plus, savoir pourquoi ce putsch s’était préparé dans mon dos.

Et alors?

Réponse m’est faite que je fais tout tout seul et que je prends des décisions sans me référer au reste du comité.

C’est vrai?

C’est totalement faux, le comité actuel peut en témoigner.

Mais qui a cherché à vous évincer, précisément?

Nous avons à Lutry une confrérie appelée «Singe d’Or», dont je fais partie, et qui aide considérablement le club principalement au niveau financier. Disons qu’elle est aussi formée par certaines personnes très influentes quant à la gestion de la société, que ce soit sportivement ou financièrement.

Comme dans beaucoup de clubs…

Oui. Ces personnes auraient «décidé» que nous étions fatigués, ma femme, qui est également secrétaire et responsable sponsoring, et moi… Enfin, c’est ce que j’ai pu comprendre puisque nous n’avons échangé que des mails. Vive l’informatique!

On vous sent furieux…

Je l’ai évidemment très mal pris, bien sûr! Surtout que j’avais annoncé que nous faisions encore une année, afin de digérer cette relégation et de repartir d’un bon pied avec notre première équipe. Après toutes ces années passées au club, d’abord comme joueur, puis entraineur, puis au comité et enfin président depuis sept ans, je m’attendais à une autre sortie, je peux vous le dire! Les nuits ont été difficiles, mais nous pouvons partir, tout le comité actuel, la tête haute.

Donc, vous allez partir! Comme ça, sans merci, sans au revoir, sans rien?

Oui, pour moi c’est le moment de tourner la page . Comment voulez-vous que je reste après ça? Ils veulent le pouvoir? Et bien maintenant ils l’ont et je leur dis: «Bien du plaisir!» Mais je peux vous dire que ça fait mal. Mettez-vous à ma place: après toutes ces années sans aucun reproche, on vous dit du jour au lendemain que vous devez vous occuper uniquement de la première équipe! Mais ils ont fait quoi pour décider de ça, ces gens-là? Ce qui est sûr c’est que je vais aider Valter Pedro, à qui je faisais entièrement confiance pour reprendre notre première équipe, afin qu’il ait une équipe la saison prochaine. Car je peux vous dire que beaucoup de joueurs, dégoûtés par ce qui nous est arrivé, ont mis les voiles.

C’est d’autant plus triste que, même si on ne connaît pas les coulisses, votre bilan est sportivement excellent.

Je vous remercie de le signaler. En effet durant notre période, nous avons compté trois promotions pour nos actifs, une finale de Coupe vaudoise, deux finales juniors et quatre ascensions en Coca-Cola League, sans parler des manifestations extra-sportives qui fonctionnent de mieux en mieux et qui ont énormément rapporté au club, contrairement à la situation nous l’avons repris il y a sept ans. Alors, j’en profite pour dire un grand merci à mes collègues pour leur travail durant cette période. Pour les autres…

N’y avait-il pas moyen de trouver une solution? De se mettre autour d’une table?

Il y a une séance, la dernière. Elle a eu lieu le 30 juin. Vous voyez, ce n’est pas vieux. Elle a été convoquée afin de trouver une solution avec un comité de transition.

Vous y êtes allé?

Oui. Il y avait le futur président, favorable a ce cas de figure, le président du Singe d’Or et le président d’honneur du club, un homme d’un certain âge, qui a lu un discours, qui était préparé et influencé. Il m’a fait comprendre qu’il était temps de partir définitivement et de tourner cette page… Le travail de sape d’un Monsieur que personne ne gère aura fini par payer. Le comité au complet est donc démissionnaire.

Quel est votre état d’esprit aujourd’hui?

La morale de cette histoire, c’est de faire attention aux personnes qui te disent tous les jours: « Tu fais du super travail pour notre club, bravo! » On l’a tous entendu, même notre secrétaire, et ce sont eux qui, par derrière, te plantent un grand coup de couteau. C’est la vie, mais c’est bien triste. Il y a des gens qui adoptent facilement l’adage: « Fais comme je dis, mais pas comme je fais. » Pour éduquer leurs jeunes, il faudrait commencer par eux-mêmes, car là, il y a un manque de respect, de scrupules et de contact. On a l’impression d’avoir 12 ans. Alors, mon état d’esprit, pour répondre à votre question, il est fait surtout de tristesse.

Articles récents

5ème Ligue

Statut quo

En accueillant le leader du groupe promis à la promotion, le FC Etoy, le « dauphin » nyonnais attendait ce match avec impatience afin de prendre leur revanche

3ème Ligue

Tout feu, tout flamme

Personne n’arrête Iliria Payerne. Après avoir fessé Azzurri Yverdon (6-1) et Granges-Marnand (4-1), la formation albanophone a récidivé en battant Savigny-Forel dimanche sous un soleil

2ème Ligue

Stade Nyonnais II passe l’épaule

C’est un derby à double enjeu qui s’est déroulé samedi dernier à Colovray. En cas de victoire, la réserve du Stade-Nyonnais pouvait se rapprocher de la deuxième

Football Féminin

Le SLO englouti par le féroce leader

Dans un duel des extrêmes au premier abord équilibré, les filles de Lausanne Nord Academy II ont su démontrer le pourquoi du comment elles se