Le FC Echallens a tout pour bien faire

« Et pourquoi pas aller taquiner les finales? » Croisé à la mi-temps du match entre Terre Sainte et son FC Echallens, Fritz Aeschbach a lâché cette petite phrase, mine de rien. Le président du EFCR est bien trop intelligent pour penser que ce sera facile, mais ces quelques mots lâchés à un journaliste traduisent bien la confiance qui habite les Challensois en ce début de saison. Non, ils ne sont pas encore en finale, mais oui, ils ont gagné leurs deux premiers matches. Et ils ont fait mieux que de les gagner: ils y ont mis la manière.

Echallens cherche désormais aussi la profondeur

Après avoir battu Fribourg (3-1) en ouverture du championnat, Mathieu Germanier et ses coéquipiers ont en effet largement mérité de s’imposer à Coppet samedi. L’USTS a évolué un ton en dessous durant toute la partie, dépassée par la jouerie et, surtout, la vitesse de ce FC Echallens. Là se situe en effet la première nouveauté, qui saute aux yeux d’entrée: Echallens cherche désormais aussi la profondeur. On connaissait les hommes de Julien Marendaz en tant que maîtres du ballon. On les savait capables de faire tourner celui-ci face à n’importe quelle équipe, y compris celles de Super League (Thoune s’en rappelle encore), mais on ne la pensait pas forcément capable de mettre autant de vitesse si tôt dans la saison. On n’a pas oublié Adrian Alvarez, bien sûr, mais avec son départ, on imaginait peut-être qu’Echallens manquerait de percussion. C’est tout le contraire, en fait.

Fatah Ahamada? « De vraies différences, mais une tendance à trop tricoter », selon Julien Marendaz

Pourquoi? Parce que Fatah Ahamada (23 ans) confirme les excellentes dispositions qu’il a montré en 2e ligue régionale il y a quelques semaines avec Montreux, tout simplement. L’ailier parisien a dynamité son côté droit samedi et ses accélérations ont été autant de coups de poignard dans le dos d’une équipe de Terre Sainte qui cherchait toujours à savoir où se trouvait le ballon à mi-terrain avant de constater qu’Ahamada était parti avec sur son côté et qu’il serait compliqué de le revoir. Et, pardon, mais quelles rampes de lancement! Quand on reçoit les ballons de la part de Nicolas Bastardoz, Fabien Lacroix ou Mathieu Germanier, impossible de faire le difficile. On s’enflamme trop sur Fatah Ahamada, à peine arrivé en 1re ligue? Julien Marendaz lui-même veut y croire: « Il fait de vraies différences, vous l’avez vu comme moi. Il a déjà prouvé qu’il avait le niveau de cette ligue, sans aucun souci. Mais il a encore des petits défauts, il a tendance à trop tricoter. Toute la semaine à l’entraînement, je lui ai répété qu’il devait arrêter de toucher le ballon. Tout ce qu’il a faire, c’est le pousser et courir derrière. Avec sa vitesse, ça passe. » Echallens a donc visé juste, le staff allant souvent le visionner la saison dernière du côté de Montreux. Grégory Mathey, le directeur sportif, en avait fait une priorité après l’avoir observé faire exploser les défenses de 2e ligue et il semblerait qu’il ne se soit pas trompé, même si tout le monde sait que confirmer est beaucoup plus compliqué que réussir ses débuts.

La variété du jeu challensois est une vraie force et une nouveauté

Ca passe même tellement qu’Echallens a inscrit le 0-2 grâce à une action qu’on risque de revoir souvent. Contrôle orienté d’Ahamada, accélération foudroyante, et faute (discutable) dans les seize mètres. Penalty donc, que transforme imparablement Jonathan Atkinson. Avant cela, Echallens avait ouvert la marque, déjà grâce à un penalty d’Atkinson, consécutif à une faute sur Carl Martinet. Car là se situe la grande force de FC Echallens 2014/2015 qui, il faut bien le dire, nous a impressionné: sa variété. Les Challensois peuvent jouer court et confisquer le ballon, grâce à l’intelligence de leur milieu de terrain et de Carl Martinet, positionné ailier gauche. Ce joueur-là a quelque chose de spécial, aussi. Chaque ballon qu’il touche est bonifié. On dit qu’un bon joueur de football ne doit pas trop réfléchir? Il prouve le contraire à chaque touche de balle. Echallens, donc, a de la diversité dans son jeu et peut alterner. C’est un peu nouveau quand même.

Et avec un finisseur comme Jonathan Atkinson, tout est plus facile. Pour son premier match sous ses nouvelles couleurs, il a inscrit un triplé, mais risque de ne pas être là tout le temps. Travaillant à l’UEFA, il se trouve souvent à l’étranger, mais Julien Marendaz espère pouvoir compter sur lui le plus possible: « Il ne va pas rater tant de matches que ça… On a regardé ensemble pour le premier tour, ça devrait aller. Après, en semaine, il part souvent pour la Champions League ou l’Europa League. Il rate les entraînements de milieu de semaine, mais quand c’est le cas, je lui prépare des entraînements spécifiques. Il les suit et tout va bien. Regardez, il n’était pas là cette semaine, mais aujourd’hui, il avait la vivacité nécessaire. » Plutôt, oui.

Terre Sainte aurait pu revenir en fin de match

Jonathan Atkinson a donc inscrit un doublé sur penalty et s’est même offert un hat-trick sur une superbe passe décisive… d’Ahamada, lui-même très bien lancé en profondeur par Mathieu Germanier. Terre Sainte-Echallens: 0-3! Score final? Non. Paul-Henri Pilloud allait profiter d’une erreur défensive atroce, la seule fausse note de la soirée challensoise, pour inscrire le 1-3 d’un maître-tir en pleine lucarne. 1-3, match terminé, malgré une bonne poussée de l’USTS dans les dernières minutes. Les hommes de Patrick Duval auraient même dû bénéficier d’un penalty pour une main qui nous semblait flagrante, mais enfin M. Wolfensberger est le seul à décider de ce qui est juste ou pas. Il est aussi sans doute le seul homme sur le terrain à ne pas avoir vu cette main, mais passons. Terre Sainte aurait pu revenir à 2-3 et qui sait ce qui aurait pu se passer, mais Echallens a montré tellement de maîtrise qu’il aurait été trop cruel de perdre les trois points.

L’USTS avait deux absents de marque

Et Terre Sainte, justement? Pas grand-chose, il faut bien le dire. En première mi-temps, on osera même aller jusqu’à « rien ». Mais la deuxième période a été bien meilleure, malgré les deux buts encaissés, et on a vu des séquences de jeu qui peuvent nous rendre optimistes pour la suite, même s’il faudra élever le niveau assez vite sous peine de vivre les mêmes tourments que lors de la saison dernière. Pour rappel, l’USTS s’était sauvée à la dernière journée et Patrick Duval a l’envie autant que l’ambition d’obtenir le maintien bien avant cette saison. Samedi, il n’a pas été gâté par les absences. Julien et Guillaume Golay étaient suspendus et son avant-centre Mohamed Rabhi a dû sortir en première période, obligeant Alessandro Albii à passer en pointe.

Ah, et son gardien, Yohann Lacroix? Pour être honnête, on l’a très peu vu. Il a encaissé deux penaltys qu’il n’a pas provoqué, et a été battu à bout portant par Atkinson sur le 0-3. Et sinon? Pas d’arrêt-miracle, mais il n’en a pas eu à effectuer. Disons qu’il a tout capté très proprement, y compris les ballons vicieux, et qu’il a une technique très sûre. Avec son 1,94m, il est impressionnant et devrait rapporter quelques points à l’USTS assez vite. A revoir. De toute façon, si Terre Sainte veut battre Bienne samedi prochain en Coupe de Suisse, il va falloir une grande performance de son gardien, c’est une certitude.

Ils ont dit à footvaud.ch

Alessandro Albii, attaquant de l’USTS

On n’a pas été bons du tout. A des années-lumières du premier match à Naters, franchement. Défensivement, on n’a pas été solides et offensivement, on n’a rien montré. Bon, voilà… Que dire? On offre ces deux penaltys en étant trop naïfs. Le deuxième est peut-être un peu sévère, mais on ne peut s’en prendre qu’à nous-mêmes. Après, il faut dire qu’il y avait une belle équipe d’Echallens en face, attention! Il y a une semaine, à Naters, on a bien joué, mais là, Echallens nous a dominé dans le jeu, ils nous ont été supérieurs. Ils ont mérité leur victoire. Mais il n’y a pas de problèmes de qualité chez nous, au contraire. On a les joueurs pour bien faire et je pense qu’on est meilleurs que l’an dernier. Je ne pense vraiment pas que nous allons revivre une saison de galère. C’est vrai, la 1re ligue est encore meilleure cette année, mais on a les armes pour lutter. Ce sera dur, mais je suis très confiant. Bienne la semaine prochaine en Coupe de Suisse? On a déjà prouvé qu’on pouvait battre une équipe de Challenge League ici, on l’a fait en éliminant Chiasso il y a exactement un an. Pourquoi pas le refaire?

Fabien Lacroix, défenseur d’Echallens

Le président vous a parlé de finales? Vraiment? C’est encore un peu tôt, je pense… On a bien débuté, on ne va pas dire le contraire. Je ne vais pas vous dire aujourd’hui que notre début de championnat est moyen: il est bon. Mais cela ne veut pas dire qu’il faut s’enflammer. Dans la jouerie, ce n’était pas trop mal, c’est vrai, surtout en première mi-temps. En deuxième, ils ont un peu plus mis la pression et on a joué en contre. On a aussi des arguments de ce côté-là et c’est un peu nouveau, je pense. Disons que l’on a déjà prouvé que l’on savait poser le jeu, mais que là, le profil de Fatah Ahamada nous offre des solutions différentes. Si le ballon va du côté de Carl Martinet, on sait qu’il va le garder, en faire bon usage et, si on l’envoie de l’autre côté, le petit va aller au fond, donc ça nous amène de la variété. Samedi prochain, c’est Yverdon. Un match sympa, un bon derby comme il y en aura beaucoup dans cette 1re ligue. Atkinson? S’il marque trois buts à chaque fois, on lui pardonnera de ne pas être là tout le temps (rires).

Les hommes du match

Du côté de Terre Sainte, gros match de Paul-Henri Pilloud, comme souvent. Il a inscrit le but du 1-3, mais c’est presque anecdotique par rapport à son activité toujours incessante au milieu de terrain. Il n’a pas tout réussi, notamment offensivement, mais a porté une grande partie du jeu de l’USTS sur ses épaules. Toujours très juste techniquement. Yann Fontolliet mérite également une mention. Certes, l’avant-centre adverse a mis un triplé, ce qui n’est jamais bon pour un défenseur central, mais il n’y peut pas grand-chose, pour ne pas dire rien. Dans les airs, il est imbattable et dans les duels, il n’est pas mal non plus. Solide.

A Echallens, le match d’Andy Laugeois est à ressortir en particulier. L’entraîneur de Saint-Prex a joué, cette fois, au milieu de terrain, palliant l’absence de Damien Germanier, blessé. Et comme d’habitude, il a fait tout juste. Ailier, latéral ou milieu de terrain axial, il est bon partout. Affolant. Enfin, comme on n’arrivait pas à choisir entre Jonathan Atkinson, triple buteur, ou le dynamiteur Fatah Ahamada, on a choisi Steve Samandjeu. Le latéral gauche challensois est une montagne, un rocher sur lequel sont venues se briser les vagues violettes. Physiquement, ce n’est même pas qu’il est impressionnant, c’est qu’il faudrait inventer un nouveau mot pour décrire son impact au duel. Quelque chose qui ressemblerait à une locomotive vous arrivant dessus à pleine vitesse.

Les prochains rendez-vous

Echallens recevra Yverdon Sport aux Trois-Sapins le 23 août, à 17h. L’US Terre Sainte a, elle, un joli match de Coupe de Suisse à jouer face au FC Bienne. Coup d’envoi à 16h le 23 août!

US Terre Sainte – FC Echallens Région 1-3 (0-1)

Buts: 15e, pen., 57e, pen., et 61e Atkinson 0-3; 64e Pilloud 1-3.

Arbitres: M. Wolfensberger, assisté de M. Hasankovic et de M. Serigado.

USTS: Lacroix: Whibley, Bovet, Fontoillet, Subasi (65e Nikravesh); A. Golay (65e Giannattasio), Pilloud, F. Albii; A. Albii, Rabhi (30e Muslija), Bajrami.

Entraîneur: Patrick Duval

Echallens: Zwahlen; Hyvernaud, Lacroix, Sessolo, Samandjeu; Bastardoz, Laugeois, M. Germanier; Ahamada (82e Coendet), Atkinson (73e Debluë), Martinet.

Entraîneur: Julien Marendaz

Centre sportif des Rojalets, Coppet.

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