Julien Marendaz en cinq questions

« Le match face à Thoune? J’ai aimé. On a perdu, c’est vrai, mais ce qu’on a montré m’a rendu fier. On a maîtrisé le ballon, on a proposé du jeu. Ce match, d’une certaine manière, a validé beaucoup de choses ». Julien Marendaz n’ira pas jusqu’à dire que ce 1/32e de Coupe Suisse entre « son » FC Echallens et le club bernois, le 18 août dernier (lire le compte-rendu du match ici), lui a donné une crédibilité. De loin pas, car il a acquis celle-ci bien avant, au quotidien. L’entraîneur du FC Echallens Région (1re ligue Classic) est sans doute le plus jeune à ce niveau. Né en octobre 1982, il a entre ses mains la destinée du club du Gros-de-Vaud depuis l’été 2012. Comment est-il arrivé à ce niveau si vite? Sa trajectoire a-t-elle été linéaire? Quels sont ses principes? Décryptage de la « méthode Marendaz », en cinq questions.

A-t-il évolué depuis ses débuts comme entraîneur? A peine après avoir fêté ses 20 ans, il se voyait confier les juniors du Stade Nyonnais, puis la II, avec laquelle il a fêté son premier succès, en montant en 2e ligue. Mais aujourd’hui, dix ans après, quel regard jette-t-il sur le Julien Marendaz qui débutait?

Ah, on commence comme ça (rires)! J’ai changé, c’est sûr. Je suis bien moins « dictateur », si j’ose dire, qu’à mes débuts. Je pense que c’est normal d’évoluer, non? En ce qui me concerne, j’avais 20 ans, je découvrais ce métier d’entraîneur. D’une certaine manière, il fallait que je m’impose. Alors oui, j’ai été dur, très sec. J’ai pu être cassant et je m’aperçois aujourd’hui que ce n’est pas la meilleure manière de se faire respecter. Aujourd’hui, j’arrondis un peu plus les angles, je cherche à créer un bon état d’esprit dans le groupe. De toute façon, l’entraîneur qui « agresse », même si le terme est un peu fort, il ne dure pas. Ca peut marcher sur quelques mois, mais sur le long terme, vous perdez la confiance du groupe. On le voit aussi à plus haut niveau. Mais après, il faut remettre les choses dans leur contexte: à la II de Nyon, j’avais un groupe très jeune, qui avait peut-être besoin de ça. Aujourd’hui à Echallens, toute la difficulté réside dans l’art de gérer un groupe très différent. C’est propre à la 1re ligue, qu’elle soit Promotion ou Classic. C’est une ligue un peu « entre-deux », qui n’est pas professionnelle, mais où il y a quand même un peu d’argent. Certains des joueurs sont des jeunes très ambitieux, qui veulent encore aller plus haut. Et de l’autre côté, vous avez des joueurs qui ont leur carrière derrière eux, et qui veulent prendre du plaisir. Il faut concilier tout ça. Aujourd’hui, je suis plus proche de mes joueurs qu’avant. Je veux tout savoir sur leur vie privée, car elle impacte leur performance sur le terrain. Mais je m’interdis d’être trop proche d’eux quand même. Quand on fait une sortie d’équipe, au bout d’un moment on se sépare. Le staff d’un côté, les joueurs de l’autre. Je ne me vois pas aller manger avec un joueur, ou même boire un verre avec lui. Chacun a sa place.

A-t-il toujours su qu’il allait devenir entraîneur?

Très vite, en tout cas. J’ai fait tous mes juniors à Servette, avant de partir à Nyon. J’avais un contrat, et je me suis blessé gravement. Pour continuer à honorer ce contrat, j’ai pris les juniors, comme on l’a déjà dit. Et ça m’a plu tout de suite. J’ai pris ce rôle très à coeur, et, en tant qu’entraîneur de la II, ensuite, j’allais le plus souvent possible aux entraînements de la première équipe. Je voulais tout comprendre, tout savoir, j’avais ce besoin d’échanger, de me laisser influencer par chaque technicien. De ce point de vue, oui, j’ai eu envie d’être entraîneur très vite. Pour moi, avoir la II du Stade Nyonnais, ce n’était pas une fin en soi. Arpad Soos, Christian Zermatten, mais aussi Martin Rueda lorsque j’étais à Team Vaud: tous m’ont appris quelque chose. Et j’ai essayé de progresser dans chaque club. Au LS, comme assistant d’Arpad, c’était très différent par rapport au fait d’avoir une 2e ligue à Nyon II, mais j’ai aimé chaque expérience.

Pense-t-il à retrouver le très haut niveau? Après avoir atteint la finale de la Coupe Suisse avec le LS (Arpad Soos, arrivé en cours de saison, l’avait choisi comme assistant en 2010), aimerait-il y retourner?

Oui, dans l’absolu, c’est sûr. Mais est-ce que je peux vous dire aujourd’hui que je vais quitter Echallens? Non. On peut parler de tout, faire des projections, mais la seule réalité, c’est que je suis sous contrat avec Echallens jusqu’en été 2014. Après? On peut être en 2e ligue inter, même si je n’y crois pas, on peut être en 1re ligue… Je peux avoir envie de continuer, et pas le club, ou l’inverse… Après, oui, bien sûr que travailler dans le football à 100% est un choix que j’aimerais avoir à faire. Aujourd’hui à Echallens, le contrat que j’ai correspond à un 50%. Mais est-ce que la proposition de plus haut viendra? Un poste d’assistant me conviendrait bien, je pense. Après, c’est impossible de le provoquer, et ce n’est pas en vous le disant que le téléphone va arriver. La seule chose que je peux faire, c’est bien travailler au quotidien avec Echallens, en pensant au prochain match. Sincèrement, je ne pense jamais plus loin qu’au match qui arrive, et je vous réponds très honnêtement. Faire des plans sur l’avenir, c’est le meilleur moyen de rater le moment présent.

Le « style Julien Marendaz » est basé sur la possession de balle. N’est-ce pas au détriment d’une certaine efficacité?

Non, je ne pense pas. Je comprends ce que vous voulez dire, et je l’ai ressenti durant ce premier tour. C’est vrai que je vous l’ai souvent dit après les matches, d’ailleurs, y compris celui de Thoune: on domine, mais on ne marque pas. ll n’y a qu’un seul match où on est passé à travers, c’est celui de Bavois, le dernier (lire ici). Là, on était déjà en pause hivernale, c’était catastrophique. Mais sinon, on a maîtrisé le ballon à chaque fois. Bon, et que constate-t-on? On ne gagne pas. Mais ce n’est pas parce qu’on joue bien qu’on ne marque pas! On a manqué de percussion offensive, c’est un fait. De nouveau, vous me faites en parler à chaque fois, mais l’an dernier, on avait un joueur qui nous a marqué 30 buts, Quentin Rushenguziminega. Au deuxième tour, on aura Renato Rocha, qui sera chargé de marquer. On compte sur lui pour que nos actions aboutissent, mais je ne vais pas demander à mes joueurs de jouer en contre pour surprendre l’adversaire. Ma philosophie de jeu, elle est claire, c’est avoir le ballon. Les joueurs que l’on recrute vont dans ce sens, d’ailleurs. On se trompe parfois, mais je préférerais toujours avoir un Nicolas Bastardoz en numéro 6 que d’autres joueurs moins habiles dans la passe. Le recrutement chez nous, il se fait sur plusieurs critères: l’intégration au collectif et la qualité de passe sont deux choses auxquelles on fait très attention.

Quelles sont ses références en tant qu’entraîneur?

Christian Gourcuff est le premier nom qui me vient à l’esprit. J’aime ce qu’il fait à Lorient, j’aime les décalages, cette volonté de faire le geste juste. J’aimerais aller là-bas une fois, voir comment il travaille au quotidien. Ca oui, ça m’intéresserait. Arsène Wenger aussi, j’aime sa philosophie. Plus près de chez nous, je peux me reconnaître dans le parcours d’un Uli Forte. Il a commencé en bas, il connaît le foot de 1re ligue, et j’aime la façon dont ses équipes jouent. Plus globalement, je dois dire que je développe pas de liens d’amitié avec les autres entraîneurs de 1re ligue. Vous savez, chacun est jaloux de la place de l’autre. J’ai la chance d’être proche de mon directeur sportif, Grégory Mathey. De temps en temps, il me montre l’une ou l’autre offre d’emploi arrivant sur son bureau: quand vous voyez qui a signé le courrier, vous ne pouvez vous empêcher de rigoler. C’est le même qui vous appelait le jour d’avant pour prendre de vos nouvelles… Bref, l’amitié à ce niveau, c’est non. Après, je dirais que vous voyez vite qui est vraiment là et le sera toujours. Quelqu’un comme Grégory Mathey, puisqu’on parle de lui, je le connais depuis l’époque de Nyon. Il était gardien de la I, et moi entraîneur de la II. On a sympathisé, et quand il est devenu directeur sportif à Echallens, il a pensé à moi. J’imagine que c’est aussi parce qu’il pensait que j’avais des qualités comme entraîneur, mais je le considère comme quelqu’un de confiance. Lui, par exemple, je sais que même si ça se termine mal ici, on aura toujours du respect l’un pour l’autre. Sinon, pour parler des entraîneurs que j’admire, j’ai appris à connaître Laurent Roussey dernièrement. Son fils Quentin joue avec nous depuis le début de la saison, et j’ai eu la chance de beaucoup échanger avec lui. C’est quelqu’un de formidable, et je prends le pari avec vous que Sion va faire une grande deuxième partie de saison grâce à lui.

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