Jordi Peracaula: «Aucune chance que je me laisse abattre par cette décision»

C’est une histoire triste, comme toutes celles concernant les fins de collaboration prématurées entre un club et un entraîneur. Voilà deux ans, quasiment jour pour jour, que Jordi Peracaula était arrivé au FC Assens. Il avait en effet donné en mai 2014 déjà son accord pour entraîner le FCA dès la reprise saison de la saison 2014/2015, succédant à Cédric Mora. S’en sont suivis 18 très bons mois et un deuxième tour plus compliqué, ce printemps. Les résultats n’étaient plus là, la belle dynamique s’était brisée et Jordi Peracaula s’en va sur un bilan d’un point pris lors des huit derniers matches. Sortis de leur contexte, ces chiffres font mal, mais il serait faux, et même malhonnête de notre part, de ne garder que cela de son passage. Oui, Jordi Peracaula a fait du très bon travail à Assens. Et oui, malheureusement, l’histoire se finit mal.

Jordi Peracaula avait annoncé son départ pour la fin de la saison

Les sept défaites en huit matches ne datent pas d’hier, mais une date-butoir a précipité les choses. Le contrat entre le FCA et son entraîneur prévoit une limite à la fin du mois d’avril, moment auquel l’une des deux parties peut le résilier. Jordi Peracaula, pour des raisons qui lui sont propres, a informé tout le monde, comité en premier, joueurs ensuite, qu’il allait partir à la fin de la saison, après deux années lors desquelles il a -véritablement- tout donné. Le Catalan est quelqu’un qui s’implique à fond dans un projet, sans demi-mesure, un vrai passionné, comme il en existe (encore). Alors, il a décidé, en son âme et conscience, que le moment était venu de dire stop, après deux ans. « J’étais obligé de le dire à ce moment-là, il y a cette disposition dans le contrat qui est claire: il faut l’annoncer à la fin avril », explique-t-il.

Sept défaites lors des huit derniers matches

Nicolas Pollien, le président, a donc pris acte du départ de son entraîneur en fin de saison, tout en se montrant peu content du timing. « Ce n’est pas la faute de Jordi, ce sont nos contrats qui sont ainsi faits et cela va changer. Le 30 avril, c’est trop tôt! Avec les matches repoussés, on avait à peine commencé le championnat. Dorénavant, on va repousser cette clause au 30 mai », a commenté le président. Voilà pour l’annonce du départ. Le problème, c’est que depuis cette fin du mois d’avril, Assens a continué de perdre. A Lutry et à la maison contre Vallorbe-Ballaigues, ce qui porte bien le total à sept défaites en huit matches, à cheval sur 2015 et 2016.

Nicolas Pollien: « Une décision pas facile à prendre »

« Il fallait faire quelque chose. J’ai lu votre article concernant Champvent et Christian Mischler, on est un peu dans le même cas de figure. Cela n’enlève rien à ce qu’on a vécu avant et ce qui a été fait par Jordi, mais là, les têtes étaient en bas », continue Nicolas Pollien, qui a pris cette décision avec son comité, après avoir longtemps pesé le pour et le contre. « Je suis un jeune président et je me serais bien passé d’avoir cela à gérer. C’est une décision qui fait mal humainement, pas facile à prendre », continue le président, qui a annoncé à Jordi Peracaula que leur entente prenait fin immédiatement, juste après la défaite face à Vallorbe-Ballaigues.

Jordi Peracaula: « Une décision sévère, injuste »

Alors, Jordi Peracaula, dynamique brisée? Il s’en défend: « Un point en huit matches… Forcément, vous le dites comme cela, sorti de son contexte, et cela fait peur. Mais il y a des explications, des raisons. On était en haut de tableau au mois d’octobre et j’ai l’impression que les joueurs s’en sont contentés, quelque part. Le maintien était assuré, ou quasiment, et tout le monde s’est un peu relâché, alors qu’on a le potentiel pour faire bien mieux que ça. Cela avait déjà été le cas avec Cédric Mora, d’ailleurs. Je trouve mon éviction sévère, injuste. Si vous prenez ces deux saisons, j’ai rempli absolument tous les objectifs, les dépassant même. Le comité m’avait demandé le maintien, en priorité. L’an dernier, on finit 6e, perdant la 5e place à la dernière journée sur un but d’Albino Bencivenga. Et cette année, quand je suis licencié, on a dix points d’avance sur la barre, avec un match en moins. Donc, le maintien était acquis. En plus, on m’a demandé d’incorporer des jeunes, ce qui a été fait. J’en ai amené de ma région, et j’ai fait jouer ceux d’ici. Teo Paratore, qui a 18 ou 19 ans, cela a été un de mes joueurs les plus utilisés au premier tour. Donc, on a régénéré un effectif vieillissant. Et ensuite, on m’a demandé d’insister sur le fair-play, ce qui a été fait puisqu’on a même été récompensés à la Nuit du Football vaudois. Tous les objectifs ont été atteints. Je pars la tête haute. »

Oui, le bilan des 18 premiers mois est bon

Voilà pour le bilan de Jordi Peracaula, auquel Nicolas Pollien ne retranche pas une seule ligne. Le président continue: « On a vécu 18 très bons mois, je ne vous dis pas le contraire. Et je ne veux pas dire du mal de Jordi, surtout pas. Mais les résultats et le contenu de nos derniers matches, mis à part le très bon match nul à Prilly, étaient franchement inquiétants. On a pris la bonne décision, pour le bien du club. »

« Le fait que j’aie annoncé mon départ les a vexés »

Bien sûr, son désormais ancien entraîneur n’est pas convaincu: « Je trouve que c’est un manque de respect pour ma personne, pour ce qui a été fait ici. J’ai refusé une équipe de 2e ligue inter l’été dernier, alors que les discussions étaient bien avancées, parce que j’estimais ne pas pouvoir quitter Assens comme ça. Oui, j’ai pris un gros coup sur la tête jeudi dernier, j’ai été surpris et déçu. De nouveau, je ne méritais pas ça. Et je pense que mon éviction a plus à voir avec le fait que j’aie annoncé mon départ, plutôt que les manques de résultats. »
Vraiment? S’il avait annoncé son intention de rester la saison prochaine, serait-il encore l’entraîneur d’Assens? « J’en suis persuadé. Les dirigeants ont été vexés d’apprendre mon départ, ils n’ont pas accepté ». Une version des faits que Nicolas Pollien dément avec force: « Cela n’a rien à voir. Oui, on a assuré le maintien, mais c’est aussi et peut-être surtout parce qu’Orbe n’a pas tenu le rythme de leur début d’année, sinon on aurait vraiment très très chaud à l’heure où on parle. Mais de nouveau: j’assume cette décision, qui était devenue inévitable, mais je ne vais pas dire du mal de mon entraîneur dans la presse. »

Un caractère de Catalan qui va lui permettre de rebondir

Jordi Peracaula, homme sensible, appréciera le geste, mais se dit cependant bien sûr « touché », par cette décision, comme il le dit lui-même. « Je vais rebondir, mais il faut quelques jours pour digérer. Je suis quelqu’un d’entier, honnête. J’ai un vrai caractère de Catalan, je ne vais pas me laisser abattre. Aucune chance », explique celui qui se dit prêt pour une nouvelle aventure dès que son téléphone sonnera.

Sans son coach, Assens remporte sa première victoire depuis le 24 octobre!

En attendant, c’est sans lui que le FC Assens est allé chercher sa première victoire depuis le… 24 octobre! Dimanche, à Pully, face à un adversaire largement favori, le FCA s’est imposé 1-2 grâce à un doublé de Thierry Martin. L’entraîneur d’Assens? Frédéric Thomas, technicien très connu dans le Gros-de-Vaud, et ancien entraîneur d’Echallens notamment. « Fido », comme on l’appelle, est un ami du club et a accepté de venir donner un coup de main. « Il sera là jusqu’à la fin du tour, et je le remercie. C’est un fidèle, un vrai. Il a tout de suite accepté de nous aider », explique Nicolas Pollien. Et, donc, Assens a créé l’exploit. L’effet psychologique?  Le président d’Assens, c’est tout à son honneur, a décidé de rester élégant jusqu’au bout: « Disons que le match a tourné en notre faveur. Quand Pully revient à 1-2 à la 83e, on se dit tous qu’on va passer dix minutes compliquées et… ils tirent sur la latte à la toute fin du match. Après, sans minimiser notre performance, Pully était privé d’Hervé Rickli, Anthony Schwyn et Mike Brülhart, cela change quand même beaucoup de choses. Cela dit, je tiens, au nom du comité, à féliciter les joueurs pour leur performance de ce dimanche. » Assens devra confirmer son regain de forme dès ce mardi, à la maison contre Champvent.

Plusieurs contacts déjà pris pour la suite

La fin de saison, libérée de l’angoisse de la relégation, sera donc surtout l’occasion de préparer l’exercice 2016/2017 et, donc, de trouver un nouveau coach. « On est en phase de réflexion, avec plusieurs contacts et quelques idées », précise Nicolas Pollien. Réponse dans les jours, voire les semaines, à venir.

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