«Je ne changerai pour personne»

Le meilleur buteur de la saison 2014/2015 est donc Salvatore Barbaro. Celui que tout le monde appelle « Toti » est le leader offensif du FC Aigle, récent promu en 2e ligue inter. Ses 29 buts ont illuminé la saison de son club, dont il est un élément important sur et en dehors du terrain. L’attaquant de 23 ans, extrêmement charismatique, n’hésite jamais à se faire repérer, que ce soit sur ou en dehors du terrain. Non, « Toti » n’est pas un homme discret. Il y a des gens comme lui, qui attirent la lumière, sans vraiment la chercher, d’ailleurs. Il est simplement comme il est, fidèle à lui-même.

Salvatore Barbaro?  Ce n’est pas quelqu’un qui met un masque, quel que soit son interlocuteur. Que cela plaise ou non, il est cette personnalité très intéressante, un garçon respectueux, mais qui dira toujours ce qu’il pense.

Il succède donc au palmarès à Julien Jemmely, que nous avions interviewé de la même manière il y a exactement douze mois (lire ici). En marge du souper de soutien du FC Aigle samedi, il a gentiment pris le temps de répondre à nos questions alors que tout le monde voulait lui parler et que la soirée s’annonçait très longue et animée.

On le retrouvera d’ailleurs très vite, ce samedi 4 juillet à La Sarraz. Vers 21h, il montera sur scène pour recevoir son « Vaud d’Or », celui récompensant le meilleur buteur du canton en 2e ligue. Et apparemment, cela lui fait plaisir.

 

Toti, ce titre de meilleur buteur, vous le vouliez, non? On vous a entendu en parler plusieurs fois au cours de la saison…

Oui, c’est vrai que j’en avais fait un objectif. Je ne vais pas le cacher, je le voulais. J’allais regarder où en étaient les autres, s’ils avaient marqué ou non… Pour moi, c’est quelque chose d’important. Recevoir ce trophée, monter sur la scène de la Nuit du Foot, ce n’est pas rien. Alors oui, j’en avais fait un objectif personnel, en marge de celui de la montée en 2e ligue inter.

Est-ce que cela a changé quelque chose à votre manière de jouer?

Non. Une fois que le match avait commencé, si la meilleure option était de faire la passe à un coéquipier, il la recevait toujours. Ça c’est clair, je n’ai jamais transigé là-dessus. D’ailleurs, Aigle va également recevoir le trophée récompensant la meilleure attaque. Ce n’est pas le fruit du hasard.

Combien le FCA a-t-il marqué de buts cette saison?

85.

Et vous en avez marqué 29. Bonne moyenne!

Pas mal, non? Du coup, je peux vraiment me réjouir de ce trophée de meilleur buteur, parce qu’il récompense le buteur de la meilleure attaque de 2e ligue. Et en plus, on est montés! J’ai l’impression qu’on a fait les choses dans le bon ordre.

Aigle, cette saison, c’est aussi ce final devant 2159 spectateurs face à Genolier-Begnins…

Oui et encore aujourd’hui, une semaine après, j’ai de la peine à réaliser. C’est complètement fou, ce qui est arrivé. Voir tout ce monde, cette ambiance… Et l’émotion incroyable de la promotion, c’est quelque chose qui me restera longtemps en mémoire.

Vous aviez déjà joué devant autant de monde?

Non. Je dirais qu’on avait joué devant 700 ou 800 personnes avec Saint-Maurice. La demi-finale de Coupe valaisanne, il devait bien y avoir ce nombre-là, oui… La finale, je ne peux pas savoir, parce que j’étais parti à Sion juste avant!

Ah oui, on s’en rappelle, vous nous l’aviez déjà raconté! Bon, ce choix-là était logique à faire, non?

Oui, bien sûr. Quand vous êtes en 2e ligue et que le FC Sion vous appelle pour les M21, que vous êtes en forme, ce serait une erreur de ne pas y aller. Je ne le regrette pas.

Ce qui nous frappe chez vous, c’est que vous marquez souvent des buts très spectaculaires. Avec vous, on est servi, il y a la qualité et la quantité!

Disons que je n’hésite jamais à prendre des risques. Je recherche toujours l’efficacité, ce n’est pas juste pour la beauté du geste, mais si je suis à 50 mètres et que je vois le gardien avancé, je vais sûrement essayer de le lober, même à une touche.

Ça ne réussit pas toujours…

Oui, mais c’est là, justement, qu’il faut être fort dans la tête. J’ai raté et j’ai envoyé ma frappe en touche? Pas grave. La prochaine, exactement la même, je la retente. Et cette fois, elle finira au fond. Après, je dois être honnête, ça dépend pas mal de la confiance que j’ai. Cette saison, j’avais envie de le faire à chaque fois et ça m’a plutôt pas mal réussi. Mais il y a d’autres moments où tu es un peu moins bien dans la tête.

Et là?

Et là, quand tu reçois un ballon en l’air, tu vas le contrôler et le donner en retrait à un coéquipier….Ça ne se commande pas.

Mais quand même, c’est fou. On vous a vu tenter des volées du gauche, des retournés du droit… Vous recherchez vraiment toujours l’efficacité?

Oui. A chaque fois, je pense que c’est le meilleur moyen de marquer à ce moment précis. Mais je fais des passes aussi, j’espère que vous l’avez remarqué (rires)! Je ne suis pas un avant-centre qui joue juste pour lui. C’est le pire qui pourrait arriver, parce que si vous êtes égoïste et que votre lob de 50 mètres finit dans la piscine à côté du stade, vous ne recevez plus de ballons de vos coéquipiers, croyez-moi.

Vous allez rester à Aigle?

Oui.

A 100%?

Oui.

Vous n’avez pas reçu de téléphones cet été?

Quelques-uns… J’imagine que Julien Jemmely en reçoit aussi, mais il reste à Genolier. Vous lui avez posé la question aussi l’année passée?

Bien sûr. Alors, qui vous a appelé?

J’ai eu des contacts en Promotion League, en 1re ligue et en 2e ligue inter.

Vous avez écouté, quand même?

Oui, j’ai écouté, mais je ne vais pas bouger d’Aigle, je le répète. Je n’ai sollicité personne, mais j’ai reçu des appels. Ici, je suis chez moi. Je travaille ici, je joue ici, je vis ici. Bien sûr que je pourrais aller en 1re ligue, mais j’y gagne quoi?

Le fait de jouer plus haut, des défraiements, le challenge personnel, retrouver un niveau plus en adéquation avec votre potentiel...

D’accord, mais comparé à ce que j’ai à Aigle, ces arguments-là ne pèsent pas lourd. Je ne dis pas que je ne partirai jamais d’ici, attention. Mais aujourd’hui, avec la montée en 2e ligue inter et ma qualité de vie ici, j’y perdrais trop. Après, si on me propose d’être semi-pro quelque part, je réfléchirais, bien sûr.

Ce n’est pas trop tard, à 23 ans?

Non, je ne pense pas. Dans le football, on ne sait jamais… Ce n’est pas parce que je viens de passer deux saisons en 2e ligue que je ne pourrais pas jouer à un plus haut niveau demain ou après-demain. Le football, c’est plus compliqué que ça. On ne peut jamais raisonner ainsi, en disant: « Lui, il a laissé passer sa chance ». Je sais pertinemment que si je me retrouve dans une équipe de haut niveau, j’aurais mon mot à dire. Après, je peux me planter aussi, bien sûr.

Une autre chose qui nous étonne, chez vous, c’est que vous sortez constamment avant les matches et que vous ne vous en cachez pas.

Ça vous pose un problème?

A nous, non, évidemment. Mais quand vous postez une photo sur Facebook à 1h le dimanche matin du match à Genolier, en expliquant que vous êtes en route pour une discothèque, on se pose la question…

Ah, celle-là, j’ai hésité, j’avoue (rires). Mais je n’ai rien à cacher, c’est moi. Tout le monde sait que j’aime la vie, que j’ai envie de profiter et que je sais ce qui est bon ou pas. Sincèrement, on est en 2e ligue, pas dans le monde professionnel. Pour moi, tout cela, c’est de la rigolade. Mon coéquipier peut être rentré à 8h du matin, tout ce que je lui demande c’est d’être bon sur le terrain. Mais je suis aussi exigeant avec celui qui s’est couché à 22h. Pour moi, chacun se prépare comme il le veut. C’est le terrain qui parle.

Ça ne vous rend pas moins bon, de sortir jusqu’au petit matin?

Non. Pas à ce niveau-là. Je n’aurais pas mis 45 buts en allant me coucher à minuit tous les samedis, je vous promets. Après, je n’ai pas de peine à l’avouer et je ne me dis pas que je ne devrais surtout pas vous le dire, de peur que des équipes de niveau supérieur ne viennent pas me chercher. Je ne suis pas demandeur, donc je suis à l’aise avec ça. Celui qui veut que je vienne jouer dans son club, il devra me prendre comme je suis, avec ma personnalité, mon jeu, mes qualités et mes défauts. Je ne changerai pour personne.

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