Giuseppe Guzzardi, le calme comme essence

L’entraîneur du FC Cheseaux n’est pas satisfait du premier tour de son équipe, 9e en 3e ligue. Il estime qu’il y a mieux à faire, mais trouve des circonstances atténuantes à son équipe, qui a dû s’adapter à ses méthodes. Le deuxième tour s’annonce meilleur, comme l’avenir d’un FCC qu’il espère emmener dans les trois ans en 2e ligue.

Ancien joueur de bon niveau, notamment monté en 2e ligue inter avec Espagnol Lausanne, Giuseppe Guzzardi connaît également très bien Azzurri 90, un club avec lequel il a joué au tout début de l’aventure du club de Chavannes-près-Renens. Bon connaisseur du football lausannois et excellent formateur, il nous a accordé un entretien dans un café de la capitale vaudoise, où il travaille. L’occasion d’en savoir plus sur un jeune entraîneur de 39 ans, qui n’a sans doute pas fini de faire parler de lui. Voilà trois ans exactement qu’il a débuté sa carrière de technicien, avec la II de Stade-Lausanne-Ouchy. A son actif, une promotion immédiate en 2e ligue. A son passif, une relégation tout aussi immédiate.

Le FCC et son président Jacky Pache ont donc décidé de miser sur ce technicien en pleine ascension, adepte d’un management en adéquation avec sa personnalité, celle d’un homme qui ne se laisse pas gouverner par ses émotions et se montre calme et serein en toute circonstances. Les éclats de voix? Très peu pour lui. C’est peu dire que la relation se passe à merveille, malgré les résultats aujourd’hui mitigés. Cheseaux, un club doté d’une forte identité, peut voir l’avenir avec sérénité.

Giuseppe, quand allez-vous commencer la préparation du deuxième tour?

Nous l’avons déjà commencée, pour tout vous dire, mais assez tranquillement pour l’instant. On va monter en puissance progressivement.

Aussi tôt que ça? Le championnat commence fin mars, pourtant!

Oui, mais j’ai vraiment envie que l’on réalise une belle préparation. Ca nous a manqué l’été dernier, nous avons été prêts trop tard et nous avons raté notre début de saison. Du coup, on a traîné ce mauvais départ tout le long et nous ne sommes jamais vraiment entrés dans ce championnat, d’où notre mauvais classement actuel.

C’est vrai que sincèrement, on vous imaginait mieux figurer dans ce groupe 4…

Et moi aussi! On a peut-être un peu trop parlé de nous en début de championnat. Les joueurs se sont certainement mis un peu trop de pression. Ils voyaient de bons joueurs arriver et quelques personnes ont commencé à parler de nous comme potentiel finaliste. Ca a pu jouer sur notre état d’esprit.

Pourtant, le groupe a beaucoup changé, et vous-même avez dû vous adapter à votre nouvelle équipe!

Oui, c’est sûr. Il y a toujours un bon noyau de joueurs du FC Cheseaux, mais c’est vrai que changer d’entraîneur et voir arriver sept ou huit nouveaux coéquipiers, cela change quand même la donne. Il y a eu des départs, des joueurs qui sont allés à la II. Et, je reviens là-dessus, la préparation n’a pas été bonne. Là, on va prendre le temps de bien travailler et on a bon espoir de bien mieux figurer.

Comment jugez-vous le niveau de ce groupe 4, dominé par l’AS Haute-Broye et le FC Jorat-Mézières?

Je vais être clair: techniquement, il est sans doute moins fort que le groupe 1, mais cela ne veut pas dire moins bon. Les joueurs compensent leurs manques par plus d’engagement et de cohésion et cela donne un groupe de bon niveau.

Vous pensez possible de revenir sur les premières places? Vous avez 13 points de retard sur le FCJM et un match en plus…

Oui, j’y crois. Je pense sincèrement que tout est possible et j’ai envie de transmettre cela aux joueurs. Il y a deux saisons, avec la II de Stade-Lausanne-Ouchy, nous avons remporté nos 12 derniers matches et sommes montés. Nous avions à peu près le même nombre de points de retard que Cheseaux aujourd’hui, donc, oui, j’y crois et j’ai des raisons de le faire.

Quand même…

Sincèrement, je pense qu’on peut le faire. Cela ne veut pas dire qu’on va y arriver, mais j’ai vraiment un groupe de qualité et Cheseaux est un très bon club, bien structuré. J’ai vraiment beaucoup de plaisir à être ici, dans un club très familial. Vous connaissez le président Jacky Pache, bien sûr. Sa femme tient la buvette, sa fille est au comité, son beau-fils est mon assistant… Cela donne une atmosphère très sympa. Pour un Lausannois comme moi, c’est génial d’avoir un club avec une identité villageoise, des terrains à nous, une buvette. Les gens qui viennent au match le font parce qu’ils ont des liens avec les joueurs de l’équipe. On se sent soutenus.

Justement, pourquoi avoir choisi Cheseaux l’été dernier?

Un peu pour tout cela, et aussi parce que j’y ai joué. Je connaissais donc bien Jacky et quand il m’a appelé pour me proposer le poste, j’ai été agréablement surpris. J’ai toujours bien aimé le FC Cheseaux et j’ai envie de construire quelque chose ici, notamment avec les juniors.

Vous n’êtes donc pas « juste » l’entraîneur de la première équipe?

Non, j’ai des compétences un peu plus larges. Mon but, et celui du club, est de monter à moyen terme en 2e ligue, mais aussi de le faire en renforçant l’identité du club. Et j’apprécie énormément le travail avec les plus jeunes.

« Moyen terme », cela veut dire quoi?

Dans les trois ans. Le club s’en donne les moyens, pas financièrement, mais pour tout le reste. Si on a besoin de matériel, on l’a, les terrains sont toujours parfaits… Tout cela, c’est important.

D’où une certaine déception après ce premier tour…

Oui, bien sûr. On pourrait avoir sept ou huit points de plus, cela dit. Je suis satisfait de notre qualité de jeu, mais on doit absolument être meilleurs devant le but, concrétiser nos actions.

C’est facile à travailler pour un entraîneur, ça?

Quoi, la finition?

Oui.

Il y a des manières d’y arriver, oui. Mais en deux séances hebdomadaires, vous ne pouvez évidemment pas tout régler. Vous savez, il y a un changement de mentalité à effectuer, quand vous voulez absolument monter.

C’est-à-dire?

En 3e ligue, vous venez à l’entraînement pour quoi?

Pour progresser?

Oui, dans un monde idéal. Mais dans la réalité, vous venez pour passer un bon moment avec les copains après le boulot, jouer un peu au foot et boire une ou deux bières après l’entraînement.

Bien s’entraîner n’empêche pas de boire deux bières après…

Exactement, mais cela demande de l’implication pendant les séances. De l’implication totale! Et cela, ce n’est pas forcément évident. On s’est rendus compte que les séances étaient parfois un peu trop coupées.

C’est-à-dire?

Sur une séance d’une heure et demi, on passe 30 minutes à corriger les erreurs, à replacer les gens. Du coup, les séances peuvent manquer un peu de rythme, c’est une critique que l’on a entendue. Il faut trouver un juste milieu, on ne peut pas juste lancer un ballon au milieu de terrain et dire: « Amusez-vous! ». Si on veut avoir des ambitions, il faut travailler et être prêt, peut-être, à ne pas s’amuser 90 minutes à l’entraînement. Vous comprenez ce que je veux dire?

Oui, bien sûr. Mais en 3e ligue, ce message-là ne peut pas toujours passer…

Pour une équipe ambitieuse, je pense que c’est important. Mais c’est vrai que c’est plus naturel avec des jeunes, qui sont plus habitués à se faire corriger qu’avec des gars qui ont 30 ans. C’est un équilibre.

La II de Stade-Lausanne, c’était votre premier poste en actifs, c’est juste?

Oui, tout à fait. Je jouais avec cette équipe, en fait, et j’entraînais des juniors en terminant gentiment ma carrière. Notre entraîneur était Vagner Gomes, qui jouait avec la I. Il a ensuite dû choisir entre les deux activités et a décidé de privilégier sa carrière de joueur. Le club m’a donc demandé de prendre la II, ce que j’ai accepté. J’ai été nommé à Noël, on a bien fini la saison.

Et ensuite?

Ensuite, on est montés directement en 2e ligue.

D’où vous êtes redescendus aussi sec…

Oui et c’est très dommage. Stade voulait vraiment que sa II reste en 2e ligue, mais ça n’a pas fonctionné comme on l’avait voulu. Il y a eu des départs, l’équipe était jeune, on n’a pas tenu.

Vous avez donc une promotion et une relégation en deux saisons pleines comme entraîneur! C’est un début de carrière assez animé!

Oui, c’est vrai (rires). J’aurais préféré ne pas vivre la deuxième, cela dit.

Vous qui avez joué au plus haut niveau du football amateur, vous vous voyez entraîner en 1re ligue, par exemple?

Pas forcément. En fait, non, pas du tout. Je me rends compte que j’ai plus de qualités dans la formation, donc je m’imagine plus intégrer des Team et travailler avec les jeunes. La 1re ligue, oui, comme assistant par exemple, mais pas comme principal.

Vous étiez quel genre de joueur?

Un milieu de terrain axial très calme, qui est redescendu avec l’âge en défense centrale.

Justement, on avait le même mot en tête pour vous définir, c’est drôle. On a en effet une image de vous qui est celle d’un entraîneur très calme. Vous confirmez, donc?

Oui, je crois. Je ne suis pas du genre à m’énerver et cela vient sans doute de mon côté formateur. Je pense qu’il est possible d’expliquer calmement quelque chose et que cela soit acquis par la personne en face. Pas besoin d’élever la voix.

Cela nous avait marqué lors d’une défaite de la II du SLO face à Champvent, en 2013/2014. Vous aviez perdu en raison d’une passe en retrait catastrophique, interceptée par Albino Bencivenga qui était allé marquer. Vous avez attendu la fin du match et vous avez très gentiment expliqué à votre défenseur ce qu’il avait fait de faux sur cette action. A votre place, n’importe quel entraîneur de 2e ligue l’aurait découpé en morceaux sur place…

Je m’en rappelle (rires)! Mais cela aurait servi à quoi? Vous savez, j’ai souvent eu des entraîneurs très durs, qui pouvaient crier pour un rien. Moi, comme joueur, je me disais: « A quoi ça sert? ». Cela ne m’apportait rien de me faire hurler dessus, je n’étais pas meilleur ou moins bon.

Vous êtes toujours très calme, comme ça? Jamais une hurlée dans l’intimité du vestiaire?

Avec les actifs, si, quand même. Je me suis rendu compte que, parfois, il fallait redynamiser tout le monde. Et là, il faut élever la voix. Mais bon, ce n’est pas ma nature, pas mon caractère. J’ai la chance d’avoir un assistant pour qui ça l’est un peu plus (rires). On est complémentaires, c’est parfait.

Vous vous verriez aller entraîner le FC Chavannes-le-Chêne ou le FC Ependes?

Sincèrement, non.

Pourquoi? Vous n’aimez pas la campagne?

Pas du tout (rires). J’aime bien l’ambiance qui règne dans ces clubs et j’ai du plaisir à jouer contre eux, mais j’ai toujours la formation dans un coin de la tête, vous l’avez compris. Je ne dis pas qu’on travaille moins bien dans ces clubs-là, mais le potentiel joueurs est moins important qu’à Lausanne. Dans les villages, forcément, il y a moins de joueurs et je ne suis pas un entraîneur fait pour ça. D’autres le font très bien, moi pas. Mais vous savez, Cheseaux, c’est déjà la campagne!

Cheseaux, c’est Lausanne, arrêtez…

C’est vrai que, géographiquement, on est assez près de Lausanne, mais la mentalité est celle d’un club de village, avec son noyau de joueurs, sa buvette, ses rivalités avec Assens. Il faut déjà s’adapter et y venir, à Cheseaux, pour un Lausannois. Vous avez peut-être la perception qu’il s’agit de la même chose, mais ce n’est pas vrai. Vous savez, j’ai passé une grande partie de ma vie de footballeur dans le sud de la ville, c’est vraiment différent.

Au niveau de l’identité des clubs?

Oui, bien sûr. On change sûrement plus facilement de club dans une ville comme Lausanne que dans un village. Les joueurs tournent plus. Dans un endroit comme Chavannes, mais aussi à Vidy, vous avez plusieurs équipes. Il suffit qu’un joueur parte pour que l’autre le suive. Prenez mon exemple, j’ai débuté avec Azzurri, qui s’appelait encore Sporting 62, puis j’ai connu divers clubs, dont Espagnol, puis Echandens, Cheseaux, avant de retourner à Azzurri. J’ai également joué à Renens, avant de finir à Stade-Lausanne.

Vous qui avez donc connu Azzurri 90 à vos débuts, quel regard portez-vous sur la réussite actuelle de votre premier club?

Vous savez, je connais Antonio D’Attoli depuis longtemps. Je l’ai suivi à Echandens et à Cheseaux, à l’époque. Il a toujours eu cette passion du football et cette ambition. Je ne l’ai jamais entendu parler d’autre chose que d’aller le plus haut possible. Sa réussite actuelle ne m’étonne pas et la première chose que j’ai envie de faire, c’est de le féliciter. Sportivement, ce qu’il construit tient la route. Le « pourquoi », je le connais. Le résultat partiel aussi. Le « comment » ne me concerne pas. Ce que je sais, c’est qu’Azzurri, aujourd’hui, est incontournable. A Lausanne, c’est LE club où il faut jouer aujourd’hui.

Mais un formateur comme vous doit quand même regretter que les juniors ne soient pas une priorité dans votre ancien club…

Toni D’Attoli privilégie sa première équipe, ce n’est un secret pour personne. Vu de l’extérieur, mais je n’ai aucun conseil à lui donner, je dirais en effet qu’il devrait désormais surfer sur cette vague de sympathie et de réussite pour développer le club dans son entier. Il arrive à faire venir tellement de bons joueurs pour sa première équipe, que cela doit rejaillir sur toute l’entité Azzurri. L’ancien de la I, ou l’espoir du club, doivent jouer dans une bonne II, les juniors doivent s’identifier à la I… Il est dans une dynamique très positive, grâce à lui. J’espère qu’il va réussir à l’entretenir, mais j’en suis convaincu.

Et à Cheseaux? 

De nouveau, je me sens très bien ici. Ce club a la chance d’avoir un président comme Jacky Pache, qui est totalement dévoué et veut le meilleur pour son club, sans mettre une pression au quotidien. J’ai vraiment envie de réussir, pour lui, pour moi, pour toutes les personnes qui gravitent autour de ce club.

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