Gilles Chevallier: «Je ne peux pas accepter cela, c’est tout»

Surprise à Champagne! L’équipe-fanion est deuxième du groupe 3 de 3e ligue et semble aller magnifiquement bien. Vu de l’extérieur, la situation est idyllique, avec une équipe composée d’énormément de jeunes sortis du propre mouvement juniors, secondés par des éléments étrangers très expérimentés. Champagne sert en effet de plateforme pour de jeunes éléments en devenir, lesquels s’acclimatent à la vie et au football suisse avant de partir plus haut. L’an passé, le FCCS avait deux Brésiliens, ainsi qu’Aleksandar Tasic, lequel avait signé cet été au Mont avant de devoir quitter la Suisse pour un problème de permis. Cette saison, les renforts sont bulgares et français, et ils portent Champagne tout en haut, entourés d’une dizaines de très jeunes joueurs du cru. Gilles Chevallier, entraîneur du FCCS depuis l’été 2013, manageait tout ce petit monde avec passion et compétence, avant de claquer la porte dimanche soir, après la victoire face à Veyron-Venoge. Les explications de l’ancien attaquant d’Yverdon Sport, âgé de 47 ans.

Gilles, que s’est-il passé dimanche?

J’ai démissionné. Je l’ai dit aux joueurs, à tout le monde. Je pars. Ca me fait mal, parce qu’on a un groupe super, avec une ambiance d’équipe géniale. On était 18 aux entraînements, j’avais énormément de plaisir. Je me rappelle vous l’avoir dit plusieurs fois, d’ailleurs. Tout allait bien, jusqu’à il y a quelques jours.

Ce qui veut dire?

L’équipe est composée à 70% de jeunes du coin, vraiment très jeunes, et à 30% d’étrangers venus en Suisse pour se montrer. Ils sont logés, nourris et blanchis par une famille bien connue à Champagne, qui est toujours très active dans le club. Pas de problème, ça me va très bien. Ces joueurs-là, ils sont très forts, et ils s’intègrent très bien.

Alors, quoi?

J’ai été convoqué en compagnie du président chez la famille dont nous parlons, qui, dans les faits, s’occupe de ces joueurs. Et là, j’ai appris qu’Admir Smajic était de retour à Champagne, après avoir rompu son contrat avec le FC Sion. Il a les pleins pouvoirs au club, y compris sur la composition d’équipe, avec mes choix, mes entraînements. Là, j’ai dit non. Stop. On voulait m’imposer trop de choses, y compris la titularisation de certains joueurs faisant partie de la famille en question. Moi, je suis quelqu’un de libre et d’indépendant. Je ne peux pas accepter cela, c’est tout. Alors j’ai dit stop.

Vous aviez souffert de cela comme joueur, d’ailleurs…

Tout à fait. A Yverdon, j’avais dû laisser ma place pour raisons politiques, on va dire. C’était le monde professionnel. Là, on est en 3e ligue, je ne cautionne pas cela. Je ne me voyais pas regarder un de mes joueurs dans les yeux et lui dire qu’il est sur le banc alors qu’au fond de moi, je sais qu’il mérite de jouer. A regrets, à grands regrets même, j’ai démissionné.

Allez-vous revenir sur votre décision?

Non. Enfin, oui, si on me donne les pouvoirs d’un entraîneur. Les pouvoirs normaux, rien de plus et rien de moi. Mais je sais que cela n’arrivera pas. Je ne suis pas un pantin. Vous savez, je suis un vrai clubiste. Le samedi, je jouais encore avec la II, à 47 ans, et j’ai marqué trois buts à Montcherand! Tout le monde reconnaît mon implication.

Vous jouez avec la I, avec la II et avec la III, en plus d’entraîner la I…

C’est comme ça que je suis, je donne tout, et je ne triche pas. Je ne triche jamais.

Qui va entraîner Champagne face à Genolier mercredi en Coupe vaudoise?

Les joueurs eux-mêmes. Vu qu’il faut des accès pour Clubcorner, j’ai accepté, pour eux, de faire la feuille de match suite à l’entraînement qu’ils vont faire mardi. Mais je ne serai ni à l’entraînement, ni au match. Je ne suis plus leur entraîneur.

Des joueurs nous ont déjà contacté pour nous annoncer qu’ils quitteraient le club dans les jours à venir.

Je ne le souhaite pas. Je suis touché par leurs marques de soutien et tous les messages que j’ai reçus. Je sais qu’ils m’apprécient, mais je ne vais pas aller entraîner le club voisin et leur dire de tous me suivre. Ils ont un super groupe, une très belle ambiance. Il faut qu’ils restent soudés, qu’ils cultivent cela et qu’ils continuent leur beau championnat. Moi, je vais continuer ma route ailleurs, chez qui voudra bien de moi et de mes principes.

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