Gérald Favre, l’homme qui est passé de la 2e ligue à la LNA

Gérald Favre, junior au FC Oulens-sous-Echallens, a une particularité, celle d’avoir joué dans toutes les catégories du football suisse. Frère aîné de Lucien Favre, il est aujourd’hui vice-président du FC Le Talent, son club de cœur. Pour nous, il revient sur les faits marquants d’une carrière très riche. La soixantaine bien portée et bien assumée, il pose un regard lucide sur l’évolution de son sport préféré, sans nostalgie déplacée.

Trente ans de comité

Je suis arrivé en 1983 au comité du FC Saint-Barthélémy… et j’y suis toujours, même si le nom du club est aujourd’hui différent! J’ai été caissier, secrétaire, vice-président, président ad interim, bref, j’ai tout fait. Aujourd’hui, j’ai pris un peu de recul, même si j’y suis toujours. Si vous n’habitez pas à côté du terrain, c’est plus compliqué de vous impliquer à 100%, mais je fais encore des choses et je suis l’équipe au maximum. Je suis le seul « vieux » du comité, mais ça ne me dérange pas! Je n’ai que des jeunes avec moi, même si la secrétaire a elle aussi un petit peu d’expérience avec 17 ans passés au comité. Je connaissais leurs parents, voire leur grands-parents, mais je trouve ça très sain et j’ai du plaisir à les côtoyer. C’est super de voir cette jeunesse qui s’engage.

La fusion de 2002 entre Saint-Barthélémy et Oulens

Bon, il faut bien dire les choses, il s’agissait d’un mariage de raison. Si on n’avait pas fusionné, les deux clubs n’existeraient peut-être plus aujourd’hui, c’est aussi simple que cela. Bien sûr que pour les « historiques », c’est une décision plus dure à accepter que pour d’autres, mais il fallait passer par-là. La jeune génération est déjà moins affectée et la suivante le sera encore moins. C’est la vie des clubs et je me refuse à être triste par rapport à cela. Maintenant, les infrastructures du club nous permettent de penser que nous pourrions remonter en 3e ligue, mais tout le monde sait bien que ce n’est pas si simple.

L’identité du FC Le Talent

Nous avons une petite cinquantaine de passeports de joueurs pour les deux équipes du FC Le Talent et quasiment tous sont ceux de jeunes qui habitent dans la région. Il y a deux ou trois joueurs qui viennent d’un peu plus loin, mais pas de trop loin non plus, attention! Après, est-ce qu’il faut entrer là-dedans? Je veux dire, dans la course aux transferts à tout prix? La réponse est non. On n’a pas envie de prendre ce train-là. On peut éventuellement prendre un ou deux joueurs qui ne sont pas issus de notre mouvement juniors, mais la phrase d’accroche doit être: «Viens chez nous pour un joli challenge, tu vas arriver dans une équipe qui veut jouer les finales de promotion.»

Le FC Echallens, centre du Gros-de-Vaud

C’est un peu étonnant de voir que je n’ai jamais joué à Echallens, en étant du Gros-de-Vaud? C’est vrai? Bon, je vous l’accorde (rires)! Il n’y avait évidemment aucune mauvaise volonté de ma part, j’aurais pu y aller une ou deux fois. Lorsqu’Echallens est monté en 1re ligue, j’avais déjà 33 ou 34 ans, je ne me voyais pas remettre un coup de collier, pour être sincère. Et il ne faut pas oublier une chose: en 1982, Echallens était derrière Assens dans la hiérarchie, et Saint-Bar n’était pas loin du tout! Ce n’est que depuis la fin des années 80 qu’Echallens domine vraiment dans la région et est le club numéro 1.

Saint-Barthélémy, un village de champions

Sur les 20 ou 30 dernières années, je pense que nous sommes pas mal à avoir fait partie d’une sélection suisse, en comptant les juniors. Il y a bien sûr Lucien, son fils Loïc, Anthony Favre… En volley, vous connaissez sûrement Alicia Favre, et je n’ai pas besoin de vous présenter Stanislas Wawrinka. En football féminin juniors, nous avons également des joueuses d’élite. Et en course à pied, la famille Friedlance fait aussi parler du village en bien. Pourquoi tout ces gens à Saint-Barthélémy? Sincèrement, c’est du hasard, c’est un peu étonnant. Enfin, il y a peut-être une explication, mais elle n’est pas propre à Saint-Bar, plutôt à la région… Disons que tous ces gens-là ont en commun d’avoir compris que le talent ne suffisait pas, mais qu’il fallait travailler, que ce soit mentalement, physiquement ou techniquement, sans oublier de développer le sens du jeu. Voilà, peut-être qu’ici, on est plus enclin à se faire mal qu’ailleurs.

Le football a changé en bien

Malgré quelques dérapages sur certains matches, je trouve que le football est beaucoup plus fair-play aujourd’hui. Il y a 20 ou 30 ans, c’était beaucoup plus dur, je vous assure! C’était plus statique, on courait moins. Il y a une évolution physique, j’ai l’impression que l’entraînement est plus poussé maintenant. J’ai pris pas mal de coups, j’en ai donné aussi, c’était plus vicieux. Aujourd’hui, le langage a changé, c’est surtout ça. Globalement, le football a beaucoup évolué, il est plus stéréotypé. Tout le monde veut jouer comme Barcelone sans en avoir les moyens, on a perdu un peu les spécificités villageoises, les derbys, les équipes qui jouent un peu moins bien mais gagnent à l’énergie.

Son premier match en LNA

Impossible de l’oublier, c’était en 1974 contre Sion, à Tourbillon. C’est forcément un souvenir qui marque à vie. Je venais d’arriver à Vevey en provenance d’Assens, j’avais 21 ans. L’entraîneur d’Assens à l’époque était Michel Simon, et j’enquillais les buts. On avait joué les finales de promotion en 1re ligue et Vevey, apparemment, pensait avoir trouvé un cador en prospectant dans les ligues inférieures. Ca ne se fait plus trop ça, je crois (rires). J’ai donc débarqué en LNA en venant de 2e ligue et ça ne me faisait pas peur. J’ai quand même joué 4 ou 5 matches à ce niveau, pas plus, mais ça reste un excellent souvenir.

Il a joué dans toutes les ligues du football suisse

Vous me ferez grâce de la 2e ligue inter et de la 1re ligue Promotion, qui n’existaient pas, j’espère (rires)! En effet, je peux dire que j’ai joué dans toutes les ligues. La LNA et la LNB, c’était avec Vevey. La 1re ligue avec Orbe et Malley, la 2e ligue avec Assens et Saint-Bar, la 3e ligue avec Saint-Bar, et comme je suis allé jouer quelques fois avec la II, à 50 ans, j’ai aussi touché à la 4e et à la 5e ligue! Joli, non? J’ai quelques fiertés dans cette carrière, bien sûr. Une des plus belles? J’aurais de la peine à en sélectionner une, sincèrement. Allez, puisque vous me forcez, je vais dire les finales de promotion de 1re ligue en LNB avec Orbe. C’était en 78 face à Mendrisio, il y avait un monde fou au Puisoir.

Les personnes qui l’ont marqué durant sa carrière

Ouh, c’est difficile, ça! Bon, je vais jouer le jeu, mais je vais me faire des ennemis! Spontanément, comme ça, je me rappelle d’Ernest Tippelt, un attaquant allemand qui jouait à Vevey. Un sacré personnage, passé par Bulle ensuite. Ensuite, je dirais Gilbert Lobsiger, mon partenaire d’attaque à Orbe. On était les deux devant, on s’entendait vraiment bien. Jean-Claude Magnin, comme entraîneur à Saint-Barthélémy, est également une personne que je citerais volontiers, c’était quelque chose! Je n’aimerais pas oublier Bertrand Despont à Assens, lui, c’était la classe. Ah, et Victor Favre, bien sûr! Il a été président du FC Saint-Barthélémy pendant 30 ans, c’est évidemment quelqu’un de très important, tout comme Nicolas Favre, pour tout ce qu’il a amené au FC Le Talent. Allez, j’arrête là, et je demande à toutes les personnes qui pourraient tomber sur mon article et qui n’ont pas été citées de ne pas se vexer. Au pire, je dirais que c’est vous qui avez oublié de noter (rires)!

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