Des finales ultra-offensives en 3e ligue

« Les équipes qui participent à ces finales sont toutes ultra-offensives! A part Bottens, qui est solide et bien organisé et a, à mon sens, un statut de favori, toutes les autres sont des formations qui attaquent énormément. On verra des buts, ça va être spectaculaire! Elles vont toutes jouer pour gagner, pas pour faire des nuls. » L’analyse de ces deux groupes de finales de 3e ligue vient de Dalip Limani, entraîneur du FC Savigny-Forel cette saison. Observateur avisé des terrains vaudois, il a vu jouer toutes les équipes finalistes, mis à part Crans. Leur point commun, donc? L’offensive à tout va!

« Regardez Porto! Des ailiers ultra-rapides, qui se projettent vite vers l’avant. Bosna? La même chose, une grosse force de frappe. Epalinges aussi. Aubonne, c’est Sonny Kok, qui leur a fait beaucoup de bien, et Atlantic a aussi de très bons attaquants. » Des finales placées sous le signe de l’offensive? Les chiffres donnent raison à Dalip Limani. Crans? 91 buts marqués. Aubonne? 70. Atlantic? 61. Azzurri Riviera? 68. Porto? 52. Bosna? 63. Bottens? 43. Epalinges? 59. La « moins bonne équipe » offensivement, le FC Bottens, tourne donc à deux buts par match en moyenne. Et Crans en marque plus de 4 par rencontre! Dalip Limani pourrait donc bien avoir raison: ça risque d’envoyer de tous les côtés pendant une semaine.

Groupe 1

FC Crans – FC Bottens – Azzurri Riviera – Bosna Yverdon

Laurent Chevalier est un interlocuteur privilégié à l’heure d’analyser ce groupe 1. Pourquoi? Parce que, jusqu’en décembre dernier, il était gardien n°2 à Crans, avant d’endosser ce rôle à l’AS Haute-Broye (adversaire de Bottens en championnat) cet hiver. Il nous livre quelques clés pour ces finales.

« Lors du tirage au sort, l’équipe à éviter était Crans, je crois que c’est clair pour tout le monde. Sincèrement, les équipes du groupe 2 doivent donc pousser un grand ouf de soulagement. Pourquoi? Premier au nombre de points récoltés, meilleure attaque et troisième meilleure défense des 4 groupes: les Corbeaux devraient normalement parvenir à se hisser en 2e ligue à l’issue de ces finales. » Un cri du coeur pour son ancienne équipe? Plutôt de l’objectivité, en la circonstance.

Laurent Chevalier toujours: « J’utilise le terme ‘normalement’, car ces matches ne ressembleront à aucun autre des 26 précédents en championnat. Les finales, c’est différent, forcément. Mais Crans possède dans ces rangs assez de joueurs d’expérience pour gérer ce genre de match, j’en suis convaincu. L’équipe s’appuiera sur sa colonne vertébrale (Alfonso Storti dans les buts, Florent Bajulaz en défense centrale, Murat Kara en milieu récupérateur, son ailier gauche Edgar Silva Daniel, et l’attaquant de pointe Price Mychael). Et ajoutez à cela des joueurs comme Roger Staub, Antonio Villena, le jeune et prometteur Mumin Kurumal et le latéral Rasmidin Velija et vous obtenez une équipe capable de faire exploser n’importe quelle défense de 3e ligue. »

Aucun défaut pour le FC Crans? Si, quand même. Laurent Chevalier, qui connaît bien les lieux: « Le revers de la médaille sera peut-être cette fâcheuse tendance à réagir au lieu d’agir. Crans encaisse souvent le premier but pour ensuite renverser le score. Cela s’est souvent produit ces deux dernières saisons. Mais attention, c’est dangereux. Une fois, en encaissant ce fameux premier but, les Corbeaux pourraient bien se prendre les ailes dans le piège adverse. » Un brin de poésie ne fait jamais de mal.

Crans semble donc armé pour terminer en tête. Et l’autre promu? « Pour moi, ce sera Azzurri Riviera. Aller jouer sur le terrain de Bosna Yverdon ne sera pas facile, mais cette équipe au jeu tout en mouvement avec quelques bonnes individualités sera pour moi l’autre promue de ce groupe 1. Même s’ils perdent à Bosna, les Azzurri recevront Crans trois jours après et peuvent espérer décrocher un nul pour se donner le droit de rêver le samedi 21 juin en se rendant à Bottens. » Bottens, justement, non? « Ils auront l’avantage en ayant terminé 1er de leur groupe de pouvoir recevoir deux fois… mais ils devront se déplacer lors de la 1re journée à Crans. Une défaite lors de ce match leur fera sans doute mal. Et je ne les vois pas tenir sur la longueur. »

Dalip Limani est lui d’un tout autre avis: « Pas d’accord. Pour moi, Bottens, c’est le favori de ces finales, comme je l’ai déjà dit. Ils ont l’expérience, la solidité, l’habitude de gérer ce genre de matches. Franchement, sur les huit finalistes, c’est la seule équipe dont je peux dire que je suis sûr qu’elle sera promue. Enfin, on n’est jamais sûr de rien dans le foot! »

Gilbert Haehlen, co-entraîneur d’Aigle II, qui a affronté deux fois Azzurri Riviera cette saison, a lui aussi un avis tranché, et n’imagine pas une seule seconde cette équipe qu’il connaît bien en 2e ligue la saison prochaine: « Je n’y crois pas. Je ne souhaite de mal à personne, bien sûr, mais ils ont eu trop de problèmes internes cette saison. Leurs derniers bons résultats sont un peu trompeurs. Avant de nous affronter, ils n’avaient fait que sept points au deuxième tour. Et contre nous, c’était facile (rires). Franchement, leur niveau réel ce printemps, c’est la 8e place, pas mieux. Je ne crois pas du tout à une promotion pour eux. » Son favori dans ce groupe? « Crans fait figure d’épouvantail. »

Bosna a-t-il une chance? Le club semble moins en forme à l’heure de préparer ces finales. Après avoir fait la course en tête toute la saison, les joueurs d’Isudin Talovic se sont un peu écroulés, terminant deuxièmes derrière Porto. Mais pour Ilir Hoxhaj, ancien joueur du club et actuel entraîneur de Valmont, la réponse est oui: « A domicile, ils sont redoutables. Leur collectif est peut-être moins en place que celui de Porto, par exemple, mais ils ont des individualités de premier plan: Mersudin Talovic, Osman Suljic, Damien Adegas et bien d’autres… Ils mériteraient de monter et j’espère qu’ils vont y arriver. J’espère aussi que Porto va monter dans le groupe 2, comme ça on aura deux bonnes équipes de moins dans le groupe l’an prochain et ce sera notre tour (rires). »

Bosna fait donc figure d’outsider, alors qu’on aurait volontiers placé cette équipe dans les favoris au début du championnat. Elle est d’ailleurs l’équipe de 3e ligue restée invaincue le plus longtemps, avant de craquer. Carlos Rangel, entraîneur de Grandson (2e ligue), la connaît bien et y croit: « Bosna, c’est une équipe de finale, c’est une mentalité particulière. Ils vont se dépasser, ils auront du public. Après, leur petit défaut, c’est que c’est une équipe un peu âgée. Ils ont des joueurs qui ont joué plus haut, et qui seront peut-être courts en récupération en jouant tous les trois jours. Pour moi, ça va dépendre de leur sérieux et de leur capacité à bien récupérer entre les matches. S’ils y arrivent, ils peuvent monter, ce que je leur souhaite. »

Samedi 14 juin, 19h30
FC Crans – FC Bottens
Bosna Yverdon – Azzurri Riviera

Mardi 17 juin, 19h30
Azzurri Riviera – FC Crans
FC Bottens – Bosna Yverdon

Samedi 21 juin, 19h30
FC Crans – Bosna Yverdon
FC Bottens – Azzurri Riviera

Groupe 2

Atlantic Vevey – Porto Lausanne – Chêne Aubonne – FC Epalinges

Gilbert Haehlen estime qu’Atlantic Vevey a une chance dans ce groupe 2. « C’est une équipe homogène, avec un bon gardien, un défense qui tient la route. Surtout, ils ont des demis et des ailiers qui vont très vite. On vient de les rencontrer et on a joué très bas, pour éviter justement qu’ils ne prennent de la vitesse. Mais en finales, les équipes devront jouer et Atlantic aura les espaces dont il raffole. Il va y avoir des contres et ils vont faire la différence comme ça. » La première rencontre amènera les Veveysans à Chavannes-près-Renens pour y affronter Porto. « Ce sera un derby acharné entre Portugais! Je n’ai pas envie de le rater, j’espère bien pouvoir m’y rendre. D’autant que les joueurs d’Atlantic ne sont pas pro-Porto », sourit le co-entraîneur d’Aigle II. Malheur au vaincu de ce choc, qui pourrait voir Aubonne ou Epalinges s’envoler.

Dalip Limani a, lui, perdu 1-8 face à Epalinges il y a quelques jours et est donc en mesure d’en parler. « Ils sont en finales grâce à leur attaque, ils sont impressionnants devant. Contre eux, on perd 1-8, mais ils sont hyper-réalistes, ils ont eu 7 occasions (rires). C’est de nouveau une équipe qui est très forte et ils ont fait la différence grâce à ça face à Saint-Prex. Amical, c’est une très bonne équipe, très solide, mais moins flamboyante offensivement. » Il est vrai que les noms ont de quoi faire peur à Epalinges: Abraham Keita, Nicolas Weber, Gerardo Scoppettone, les frères Mehmet et Serkan Kocapinar. Du très lourd.

« Attention à Porto! », prévient pourtant Ilir Hoxhaj. « On les a battus au premier tour, mais pour moi, c’est la meilleure équipe du groupe, sur le plan du jeu. Au niveau collectif, ils sont très bons et en plus, ils sont très fair-play. Vraiment une belle équipe, que j’ai encore vu face à Chavannes-le-Chêne. Pour moi, ils peuvent jouer en 2e ligue, sans aucun problème. Ils peuvent passer lors de ces finales. Leur gardien est bon, leur défense aussi et, je le répète, au niveau du jeu, ils ne doivent craindre personne.

Et Chêne Aubonne alors? Laurent Chevalier connaît bien cette équipe, mais ne se montre pas très optimiste: « Ils ont coiffé Azzurri 90 sur le fil lors de la dernière journée pour accéder aux finales. Pour moi, c’est un peu l’équipe surprise, il faut bien le dire. Ils s’appuient sur leur excellent gardien Jérémy Delatour, et ils adorent jouer au ballon. Franchement, je vois bien cette équipe poser des problèmes à ses adversaires. Malheureusement pour eux, ils ne recevront qu’une fois et les trois autres équipes me paraissent supérieures. » Pas de promotion, selon Laurent Chevalier donc, pour les hommes de Giovanni Vavassori, qui auront à coeur de faire mentir ces prédictions l’année de leur 100e anniversaire. Leurs qualités sont bien réelles et leur place en finale est tout sauf due au hasard. Ce jeune groupe a énormément progressé sous la conduite de « Vava » et pourrait bien créer la surprise. L’entraîneur de Chêne nous le confiait dans l’interview qu’il nous avait accordée à l’automne (lire ici): la montée n’était pas un objectif. Mais maintenant que son équipe y est, difficile de croire qu’elle ne va pas vouloir mieux. Surtout avec l’apport de Sonny Kok, arrivé cet hiver de Nyon et décisif à plusieurs reprises durant le deuxième tour.

Alors, Porto, Atlantic, Aubonne ou Epalinges? Dur à dire, tant ce groupe paraît équilibré, comme le 1 d’ailleurs. Les premiers de groupe, Porto et Atlantic, ne paraissent pas fondamentalement supérieurs à leurs adversaires, mais auront le net avantage d’évoluer deux fois à domicile. Ce n’est pas rien. De toute façon, tout le monde sera fixé très vite. Et on s’en réjouit!

Dimanche 15 juin, 15h30
Porto Lausanne – Atlantic Vevey
Chêne Aubonne – Epalinges

Mercredi 18 juin, 19h30
FC Epalinges – Porto Lausanne
Atlantic Vevey – Chêne Aubonne

Dimanche 22 juin, 15h30
Porto Lausanne – Chêne Aubonne
Atlantic Vevey – FC Epalinges

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