David Kilinc: «Ici, ça va d’un but à l’autre, ça n’arrête jamais»

Le milieu de terrain de 23 ans était de passage chez lui à Lausanne la semaine dernière et nous a accordé le temps d’un café. Le but? Parler de sa première année en deuxième division turque, où il a acquis un statut de titulaire à Elazigspor, 12e du dernier championnat. Après avoir débuté 20 matches, il peut affirmer avoir réussi ses débuts dans son pays d’origine, mais assure n’être qu’au début du chemin. Interview.

David, 20 matches comme titulaire, c’est la classe!

Oui, je suis vraiment content. En arrivant, j’ai très peu joué au début. J’étais là, dans le groupe, mais il y avait un milieu défensif en place, un gars bien établi. Et puis, il a enchaîné les mauvais matches, donc je me suis dit que j’avais peut-être un coup à jouer. Je rentrais de temps en temps, mais bon… Et un matin, l’entraîneur est venu vers moi et m’a dit: « Aujourd’hui, c’est à toi. Tu peux prouver. Tu as ce match pour me montrer que tu peux jouer au foot en Turquie. »

Et alors?

Et j’ai fait un bon match. Je ne suis plus sorti de l’équipe après ça et c’est ainsi que j’ai débuté ces 20 matches. Au total, en comptant mes entrées du début, je termine avec 25 matches disputés, dont 20 depuis le début. C’est satisfaisant pour une première saison, je trouve.

Toujours dans la position de milieu défensif, comme on vous connaît en Suisse?

Oui, exactement. Je me suis bien intégré, tout va bien.

Le niveau de la division, par rapport à la Suisse?

Clairement le haut niveau de Challenge League. Mais c’est beaucoup plus intense, ça c’est clair. Ici, ça va d’un but à l’autre, ça n’arrête jamais. En Suisse, c’est plus tactique, plus réfléchi. En Turquie, ça part dans tous les sens, il faut être préparé à ça.

Et le niveau va encore augmenter, avec toutes les stars qui arrivent en première division…

Oui, c’est clair. En plus, le règlement sur les étrangers a changé, en première comme en deuxième division. Il pourra y en avoir beaucoup plus que lors de la saison dernière. Donc, mécaniquement, ça va rejaillir sur nous. Fenerbahce fait venir Van Persie, Galatasaray achète Podolski… Ca, c’est le haut du panier. Mais derrière, de bons joueurs turcs vont redescendre d’un cran et je m’attends à ce que la deuxième division devienne encore plus forte.

En deuxième division aussi, les supporters sont bouillants?

Un peu moins, quand même. Mais ils adorent le foot, ça c’est sûr! Après, je peux marcher dans la rue, évidemment.

Ils ne vous reconnaissent pas?

Si, quand même. Ils savent que l’on est les joueurs de foot de la ville. En plus, je me balade souvent avec un Francophone, un Black. Et Elazig, c’est le centre de la Turquie, ce n’est pas Istanbul, donc les Blacks, il n’y en a pas mille, on se fait vite repérer! Mais ça va, on rigole, il n’y a aucun souci, les gens sont vraiment gentils.

Au stade, c’est quoi? 5000 personnes?

Chez nous, un peu moins. Je dirais entre 3000 et 4000 par match, mais ils sont regroupés dans une tribune et ça chante, ça crie. Des fois, tu as vraiment l’impression qu’ils sont 40’000, ça donne pas mal (rires)!

La vie à Elazig, c’est comment?

Oh, c’est sympa. Elazig, c’est une ville de 350’000 habitants, qui est en plein coeur de la Turquie, comme je vous l’ai dit. C’est sûr que ce n’est pas un endroit de rêve pour s’éclater, mais moi ça me convient très bien. J’y suis pour jouer au football et je me concentre à fond là-dessus. Après, on est en deuxième division, donc après les matches on a souvent deux jours de libre.

Et là, vous faites quoi?

Ca arrive souvent qu’on prenne l’avion pour Istanbul. Les vols intérieurs ne sont pas du tout chers, donc on se retrouve souvent tous les joueurs de l’équipe dans le même vol (rires). Un petit week-end à Istanbul de temps en temps, c’est vraiment sympa. Mais le reste du temps, c’est vraiment le foot et rien d’autre.

Vous vivez au centre sportif?

Oui, exactement. Toute l’équipe habite là, sauf quelques étrangers qui ont une famille nombreuse. Mais sinon, c’est très pratique, on a un super centre d’entraînement. Là aussi, tout est fait pour qu’on se sente bien, avec le restaurant dans le centre, des belles chambres à un ou deux…

Bref, la vie rêvée d’un footballeur! Du coup, vous n’avez aucun regret d’avoir quitté Bavois, on imagine…

Non, c’est sûr. Je me rappelle vous l’avoir dit, j’étais prêt à faire une croix sur le foot. Bavois m’offrait la stabilité professionnelle, une reconversion. J’y serais encore aujourd’hui si je n’avais pas eu la possibilité de partir professionnel en Turquie. J’ai revu Jean-Michel Viquerat récemment à un match, il m’a lancé un ou deux petits piques, rien de bien méchant, et je peux le comprendre. Mais évidemment que je ne peux pas regretter mon choix. J’ai fait le bon. J’en étais déjà persuadé en partant en Turquie et après le recul d’une année, encore plus.

Vous pourriez revenir en Suisse? Lausanne a lancé son projet avec de jeunes Lausannois et vous entrez parfaitement dans cette optique, ayant été formé à Team Vaud, habitant Lausanne…

Oui, j’ai vu et je pense que c’est une très bonne chose. Je ne peux pas imaginer revenir en Suisse ces prochains temps, même à Lausanne. Porter ce maillot, cela serait quelque chose de spécial, mais là, je suis trop bien en Turquie, à tous les niveaux.

Y compris financièrement?

Oui, aussi à ce niveau-là. Les salaires sont plus élevés et la vie est moins chère. Ne comptez pas sur moi pour donner des chiffres, mais la Turquie est avantageuse à tous les niveaux pour un footballeur par rapport à la Suisse.

Et il y a le soleil tous les jours!

Ah oui, ça c’est clair que c’est un avantage aussi! Sincèrement, on est bien ici.

Que pensez-vous de ce qu’il se passe à Wil avec l’arrivée de tous ces joueurs turcs?

La première fois que j’ai entendu ça, c’était dans le vestiaire à Elazig. Forcément, les Turcs sont venus m’en parler, en me disant les noms des joueurs qui partaient là-bas. Je leur ai dit? « Mais vous êtes sûrs du nom du club? A Wil? » Je n’y croyais pas une seconde, pour tout vous dire. Les joueurs qui ont signé là-bas sont vraiment très bien cotés ici en Turquie, on les connaît tous bien. Ce sont des gros salaires, des joueurs confirmés. Du coup, oui, on en a quand même pas mal parlé dans le vestiaire.

Vous nous avez dit que vous n’alliez pas revenir en Suisse dans l’immédiat, mais Wil pourrait être une option, non?

Ce serait drôle quand même, que je revienne en Suisse via les réseaux turcs du FC Wil, non? Franchement, je n’y pense pas du tout. Comme vous l’avez compris, je suis très bien en Turquie et je compte y rester longtemps.

En première division, bientôt?

Il y a eu une ou deux touches, mais absolument rien de concret. Vous savez comment, des paroles lancées comme ça, des entraîneurs qui vous disent: « Si j’y vais, je te prends avec »… Mais je ne peux pas affirmer que c’est pour demain. On verra bien, je sais déjà être heureux avec ce que j’ai.

Vous avez eu le temps d’aller voir un match à Istanbul?

Non, pas encore. Mon club de coeur, c’est Galatasaray, mais à chaque fois ce n’est pas idéal avec les vols. J’ai failli y arriver deux fois, mais on joue souvent en même temps, évidemment.

Votre président, il est comment?

C’est un personnage à part, mais comme tous les présidents en Turquie, j’ai envie de dire! En fait, il est vraiment sympa, on peut rigoler avec lui. Bon, après, il a ses affaires de son côté, hein! Je crois qu’il fait un peu de politique, aussi, mais ça, c’est son business. Pour ce qui est du foot, il est passionné et il nous montre beaucoup d’affection. Un soir, il nous a invité, moi et deux-trois autres joueur, à sortir à Istanbul. Il y a quelques endroits haut de gamme où il faut être accompagné de ce genre de personnes pour entrer. C’était pas mal du tout (rires)!

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