Beaucoup de questions autour du Stade Nyonnais

On a souvent eu l’occasion, ici, de dire du bien du journal « La Côte ». En raison de notre parcours personnel et d’une conviction profonde , le rôle des journaux régionaux nous est toujours apparu comme essentiel, d’autant plus lorsqu’il est effectué avec un grand professionnalisme. La manière dont « La Côte » couvre le football de sa région nous plaît et nous n’espérons qu’une chose: que cette couverture dure le plus longtemps possible. Le quotidien lémanique a une particularité, son absence de concessions, notamment à l’égard du club-phare de sa zone, le Stade Nyonnais. Pas de complaisance régionale, mais un regard objectif et acéré sur la vie du club de Colovray. Ses journalistes peuvent se le permettre, ils couvrent les matches, y compris amicaux, et sont donc là même quand ça ne compte pas. A nos yeux, la critique est possible lorsqu’on sait de quoi on parle. En l’occurrence, quand « La Côte » parle du Stade Nyonnais, elle le fait en connaissance de cause.

Les « gros » salaires vont s’en aller

Alors, quand les articles sont critiques, il le sont pour une bonne raison. Cet hiver, la situation du club de Colovray a fait parler d’elle et les rumeurs sont revenues à nos oreilles. Joueurs pas payés, en grève, baisse de salaire conséquente… On a tout entendu. « La Côte » est allée au fond des choses et a sorti la vérité, quitte à déplaire au comité en place. Bravo. La vérité? Les joueurs ont fait grève mercredi dernier et les « gros » salaires ont été priés de quitter l’effectif. L’attaquant nigérian Alfred s’en est allé fin 2014. Mergim Ferati est parti il y a quelques jours à Lancy (1re ligue), Sébastien Gormond s’en va à Signal Bernex (2e ligue inter) et Hugo Fargues est proche de Köniz. Oliver Maric, le très bon défenseur central, devrait rester. Le Stade Nyonnais est dans une situation financière délicate, tout le monde le sait.

Mirko Müller n’est pas un mécène, il l’avait annoncé

Un nouveau comité avait été élu en 2014, emmené par Mirko Müller (lire notre article de l’époque ici). Ils savaient qu’ils arrivaient dans un contexte compliqué, où les factures seraient plus nombreuses que les lettres d’encouragement. Le trou dans les caisses n’est pas de leur responsabilité et ne le sera jamais. Mirko Müller, à l’époque, ne s’était pas présenté en mécène. Il n’y a pas tromperie. Il n’est pas milliardaire, il n’a pas d’investisseurs azéris derrière lui, il n’est pas un faiseur de miracles, et son comité non plus.

Bernardo Hernandez, seul dans la tempête

Pourtant, certaines choses intriguent, notamment dans la communication. D’un côté, le Stade a une équipe qui fait tout juste sur le terrain, emmenée par un entraîneur admirable. Bernardo Hernandez se débat dans la tempête et arrive à garder des joueurs motivés, bien que pas payés, et a même réussi à garder tout son effectif prêt au combat alors que les salaires ont tous été diminués. N’importe quelle équipe aurait lâché. On a vu, de nos yeux, des joueurs, dans d’autres clubs, arrêter de venir s’entraîner pour moins que ça. Oui, ces jeunes ont du talent, mais se trouver au milieu du classement à mi-championnat est une réussite indéniable. Pourquoi, du côté du comité du Stade Nyonnais, ne pas le reconnaître publiquement, une fois? Pourquoi oser déclarer, dans « La Côte » toujours, que « nous sommes actuellement en négociations avec les joueurs et faisons le travail qu’aurait dû faire Bernardo Hernandez »? Cette phrase-là, désolé messieurs, n’est pas acceptable.

Pourquoi cette communication désastreuse?

Le travail de tout entraîneur est d’obtenir des résultats sportifs. Avec l’équipe qu’il a, Bernardo Hernandez ne peut pas avoir d’autre objectif que le maintien dans une Promotion League très compétitive. A mi-parcours, il l’a déjà assuré. Sa récompense? Aller dire aux joueurs qu’ils doivent réduire leur salaires? Et une fois qu’il l’a fait, dire qu’il l’a mal dit? Non. Cela ne tient pas, désolé. Un président, c’est un homme qui se dresse dans la tempête et va lui-même annoncer les mauvaises nouvelles et les assume. Mirko Müller n’a rien à perdre, la situation dont il a héritée n’est pas de sa faute. Alors, pourquoi se cacher? Pourquoi si mal communiquer, alors qu’il était tellement à l’aise le soir de l’assemblée générale de son intronisation? Sincèrement, on peine à comprendre.

Sébastien Gormond, éjecté sans un mot

Et il y a le cas Sébastien Gormond, le plus révélateur du malaise actuel. En résumé? Le vice-capitaine était l’un des hommes de base du Stade Nyonnais depuis plusieurs années. Un leader, sur le terrain et en dehors. Un cador. Un homme sur qui l’on peut compter dans les bons comme dans les mauvais moments. Son salaire, l’un des plus élevés du contingent, reflétait bien son statut. En fin de contrat en décembre, il a attendu un signe de ses dirigeants. Rien n’est venu. Pas une phrase, pas une parole. Lui pensait rester, il en avait parlé avec son entraîneur, qui comptait sur lui. Une fois revenu de vacances, il apprend qu’il ne fait plus partie du groupe. Comme ça, sans un mot. Ejecté. L’explication de John Poidomani, le directeur général du club, dans « La Côte »? Il était « trop cher ». Mais alors, pourquoi ne pas le lui avoir dit clairement et lui avoir fait une proposition à la baisse, qu’il aurait acceptée? Mettre fin à un bail comme celui de Sébastien Gormond sans même le lui annoncer, alors qu’il a défendu les couleurs de ce club quand le comité aujourd’hui en place n’en connaissait même pas l’existence, voilà qui manque singulièrement d’élégance, et on reste poli. Aujourd’hui, le milieu de terrain a signé avec le FC Signal Bernex, en 2e ligue inter, et ce qu’il y percevra comme indemnité ferait rigoler beaucoup de joueurs de ce niveau. L’argent n’était pas son moteur et il espérait une autre fin. Il ne l’aura pas et conservera de son passage à Nyon une seule chose: de la rancoeur.

Oui, le Stade a des jeunes de talent, mais cela ne suffit pas

Les dirigeants du Stade Nyonnais ont une vision, une optique: former des jeunes, les faire progresser et vivre de leur vente, après quelques temps. Ce modèle-là peut fonctionner, mais il est risqué. Saint-Gall II, avec une équipe composée uniquement de jeunes, a failli couler l’an dernier. En Promotion League, quinze talents ne suffisent pas à s’en sortir, aussi forts soient-ils. Il faut des grognards autour, mais surtout, il faut un comité qui soit transparent, qui arrive à communiquer sur ce qu’il fait et qui ne tire pas à tort et à travers sur ses joueurs et son entraîneur dans la presse. Celle-ci fait son travail, elle n’est pas responsable de ce qui se passe à l’interne. « La Côte » préférerait, c’est sûr, parler d’un Stade Nyonnais où tout va bien, qui lutterait pour retrouver la Challenge League, plutôt que de parler de ce qui se passe en coulisses.

Un article qui aurait « refroidi » certains sponsors

Une dernière chose, qui nous a estomaqué, et après on arrête, promis: invité par Nyon Région Télévision, Philippe Mortgé, directeur financier du club, a expliqué que les articles parus dans « La Côte » avaient refroidi certains sponsors et partenaires. En gros, « La Côte » aurait mieux fait de ne rien dire. On se permettra juste cette conclusion: quand on met la faute sur les autres de manière un peu trop visible, c’est souvent pour cacher ses propres lacunes. Cet article est trop critique? Non, désolé, de nouveau. A l’assemblée générale d’intronisation, nous avions eu, comme tout le monde, beaucoup d’espoir. Non pas que la situation s’améliore du jour au lendemain, mais nous avions entendu les mots « transparence » et « respect ». Nous avons entendu Mirko Müller clamer sa volonté de « redorer le blason du Stade Nyonnais » dans les clubs alentour et auprès du public. Après six mois, le constat est là, et il est cruel: le Stade Nyonnais n’est pas sur la voie du sauvetage. Ou s’il l’est, le message peine à passer.

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