Bavois, c’est complètement fou

La galerie de portraits affichés dans les couloirs du Stadion Esp, à Baden, a de quoi impressionner. Mladen Petric, Jörg Stiel, Diego Benaglio et de nombreux autres ont porté les couleurs du club argovien, lequel a passé 30 ans en Ligue Nationale B. Le stade du FC Baden est absolument magnifique, très fonctionnel et tout à fait adapté à la Challenge League actuelle. Dans cette partie-là du pays, quand on fait les choses, on les fait bien. Baden, donc, cherche absolument à monter, depuis quatre ans déjà. Le FC Bavois? Pas vraiment. Jean-Michel Viquerat se serait sûrement étouffé en tombant sur le tableau des donateurs du club argovien, dont la section « Platine » (15’000 francs par année) regroupe… 16 entreprises, et on vous épargne la (longue) liste des sponsors « or », argent » et « bronze ». Le président du FC Bavois, dont le principal donateur du club est celui qu’il voit dans son miroir chaque matin en se brossant les dents, rêverait de ce soutien-là. Baden-Bavois? Sur le plan des infrastructures, des finances et du prestige, Bavois n’avait aucune chance. Mais en football, rien ne peut être programmé, ou alors pas grand-chose, et ce ne sont pas les sponsors qui marquent des buts, mais les joueurs.

Bavois n’était absolument pas favori

Le terrain a donc parlé et il a couronné cet incroyable FC Bavois, que personne n’imaginait réussir l’exploit, car c’en est un, de monter en Promotion League. Tout le canton, nous y compris, misions plutôt sur Stade-Lausanne-Ouchy. Seul le FC Bavois, et son entraîneur Bekim Uka bien sûr, se disaient au fond d’eux-mêmes que le coup était jouable. Ils n’ont pas parlé trop fort, ils n’ont rien dit et même dans l’intimité du vestiaire, ils n’ont pas évoqué ce scénario autrement qu’en souriant. Mais cette fois, c’est sûr, ils l’ont fait. On a tout entendu ces derniers jours, en provenance de l’extérieur, y compris que le FC Bavois… refuserait la promotion! La rumeur est venue des hauts du canton de Neuchâtel et elle a bien fait rigoler Jean-Michel Viquerat. Lui, l’homme de toutes les ascensions, refuserait de monter d’un cran? C’est sûr, le groupe 1 de 1re ligue n’a jamais été aussi attractif que la saison prochaine, avec Carouge, La Sarraz-Eclépens et Vevey en plus, mais Bavois a mérité sa montée sur le terrain et on a envie de dire qu’il n’y a que cela qui compte. Le FC Bavois n’était pas favori face à Münsingen et Baden? D’accord, mais à la fin, c’est lui qui monte. Respect.

Le même onze de départ qu’au match aller, à une subtilité près

Bekim Uka avait décidé de reconduire le même onze de départ qu’il y a trois jours à Bavois pour le match aller (0-0, lire ici), ne procédant qu’à un changement de position. En clair? Muamer Zeneli passait d’avant-centre à ailier droit, Qendrim Makshana faisant le chemin inverse. L’idée de Bekim Uka était claire: empêcher les montées du très offensif latéral gauche adverse, Patrick Muff, tout en permettant au gaucher Zeneli de rentrer sur son bon pied et d’envoyer deux ou trois frappes puissantes. Et, bien sûr, cette rocade avait pour effet de replacer Makshana à son vrai poste, celui d’attaquant de pointe. Bien vu de la part de l’entraîneur du FCB, à qui le déroulement du match a donné raison.

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Bavois n’a même pas eu peur

Sur son terrain synthétique, Baden a été très entreprenant, mais s’est heurté à une équipe de Bavois très sereine et très tranquille. Paniqués devant la pression argovienne, les Nord-vaudois? Pas un seul instant, merci pour eux. Baden s’est créé des possibilités, pas vraiment de grosses occasions. On ne va pas dire que les Argoviens n’ont pas approché des buts de Marco Grosso, ce serait évidemment exagérer grandement, mais il n’y a absolument jamais eu le feu dans les seize mètres du gardien napolitain. Il y a eu une ou deux actions litigieuses, dont une sur laquelle on a eu bien peur que M. Hänggi siffle un penalty qui aurait pu tout changer (81e), mais Bavois a tenu bon et cela n’a même pas semblé si compliqué que cela. Cette équipe a tellement de métier et tellement de maturité qu’elle n’a même pas tremblé. Un peu en fin de match? Allez, d’accord, entre la 85e et la 90e, Marco Grosso a dû montrer qu’il était là, sortant une parade de grande classe, s’embrouillant un peu avec les supporters placés derrière lui et donnant de la voix comme deux. Il a fait du Marco Grosso, tout simplement.

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Boubou Ouattara, au bon endroit au bon moment

Alors, Baden pas si dangereux que cela? Bavois a surtout mis une grosse claque aux Argoviens à la 28e, lorsque Boubou Ouattara a été le plus rapide à récupérer un ballon traînant dans les six mètres à la suite d’un corner côté droit. Le Parisien a placé son ballon sous la latte et couru célébrer vers son banc. Il n’a pas eu besoin d’aller bien loin, l’Ivoirien, puisque… tout le monde était déjà là, trente mètres dans le terrain! Les remplaçants et le staff du FC Bavois ont complètement pris de vitesse le quatrième arbitre, qui a préféré en rire. Baden 0, Bavois 1. Les visiteurs auraient même pu doubler la marque si la frappe puissante d’Eros Pitronaci, de 20 mètres, avait trouvé le dessous de la barre plutôt que de la toucher plein fouet (35e). Bavois menait d’une longueur à la pause et l’avait bien mérité. Les Argoviens avaient promis une tempête, mais on n’a eu droit à rien de bien méchant jusque-là.

Une défense de fer, protégée par un grand Yannick Bovay

Même en deuxième période, on l’a dit, ils n’ont pas réussi à presser comme il le voulait. Dans une ambiance tout sauf impressionnante, Baden s’est cassé les dents sur une défense absolument parfaite. Jean-Michel Monteiro et Nezir Kurtic ont gardé leur position, n’allant pas trop s’aventurer en territoire ennemi, et la charnière centrale Hicham Bentayeb-Sébastien Le Neün a été fidèle à elle-même: parfaite. Et comme devant, le brave Yannick Bovay ratissait tous les ballons, Baden n’a absolument pas trouvé la solution pour aller inquiéter Marco Grosso. Il faut ici rendre hommage à Yannick Bovay, formidable travailleur de l’ombre. Bekim Uka a commencé le deuxième tour avec un trio Zari-Demiri-Malgioglio, trois très bons manieurs de ballons, mais aussi trois joueurs attirés par le but adverse. Depuis que Yannick Bovay a occupé cette place devant la défense, dans le courant du printemps, Bavois a trouvé un certain équilibre et les deux autres milieux de terrain ont pu se projeter vers l’avant sans risquer de courants d’air dans leur dos. L’éternelle histoire des maçons et des artistes, qui sont complémentaires pour construire une maison.

Baden jouera sa montée jeudi

Bavois a donc tenu jusqu’au bout, se créant une ou deux possibilités en contre, sans réussir à les concrétiser. Baden a poussé un peu, on l’a dit, mais devra passer par le match de barrage, jeudi à Guin, face à United Zurich pour, enfin monter en Promotion League. Au passage, on tient à féliciter l’ASF, qui a décidé de réserver le Birchhölzli en urgence, plutôt que d’attendre le déroulement des finales et de choisir un stade au milieu des emplacements des deux clubs. Un peu comme si un barrage entre Bavois et Carouge se jouait à Schaffhouse. Bravo messieurs. Cela dit, on espère sincèrement que le FC Baden va accrocher la montée, lui qui la chasse depuis si longtemps. Ce serait mérité et on aurait du plaisir (et Bavois aussi) à revenir au Stadion Esp la saison prochaine en Promotion League.

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Il est temps de célébrer cette promotion

La suite? Evidemment, Jean-Michel Viquerat et son comité ont des questions à se poser et, surtout, de bonnes réponses à apporter Mais il sera temps d’y penser d’ici quelques jours, car pour l’instant, il n’y a que la fête qui compte. Pendant deux ou trois jours, à Bavois, il ne sera question que de cela, de la meilleure manière de célébrer cette ascension qui était tout sauf programmée. Parce que dans ce domaine-là aussi, Bavois peut être fou. La rumeur parle déjà d’un beau cadeau du président, qui prendrait la forme d’une escapade du côté de Madrid… Et là, c’est sûr, Muamer Zeneli et ses copains vont se montrer aussi créatifs et enthousiastes que sur le terrain.

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