Ange Nsilu délivre Yverdon à la 88e

Lorsque Julien Marendaz a fait sortir Allan Eleouet à la 80e pour Fatah Ahamada, alors que le score était de 1-1 entre YS et Terre Sainte, un supporter a crié (très) fort: « Tu fais tout faux! C’est Nsilu qu’il faut sortir! » Tout le stade a entendu la remarque, y compris Ange Nsilu lui-même. Huit minutes plus tard, exactement, l’avant-centre d’YS avait inscrit le 2-1, synonyme de victoire et de trois points bienvenus pour son équipe, qui restait sur une fort mauvaise série de quatre points pris en cinq matches.

Le but de la délivrance? Un long coup-franc de Steve Samandjeu a trouvé la tête de l’impressionnant Babacar Dia Mbaye, dont la remise pour Nsilu était parfaite. Dos au but, le Congolais de 29 ans a contrôlé et a réussi à marquer d’un geste technique très subtil, en se retournant. Du coup, on l’a attendu après la douche pour discuter quelques moments avec lui et connaître son état d’esprit.

 

Ange, racontez-nous comment vous marquez ce but…

Je sais très bien qu’avec Babacar dans les seize mètres, il y aura une déviation. Alors, j’ai anticipé vers le deuxième poteau et tout s’est parfaitement enchaîné: Baba prend le dessus sur son adversaire, je reçois le ballon dos au but. Là, le défenseur me ceinture, mais je sens que l’arbitre ne va pas siffler. Alors, en me retournant à peine, je la glisse au fond, en déséquilibre.

Un but qui fait du bien pour tout le monde…

Oui, ces trois points, on les attendait vraiment! J’ai vraiment senti cela: une délivrance. Comme si on s’était enlevé un poids de folie.

Le supporter qui a crié, vous l’avez entendu?

Oui.

Et?

Et rien. Cela ne fait pas plaisir d’être critiqué, mais je dois passer par dessus. Même, je dirais que ça me donne de la force. Quand j’entends ça, je me dis « Ah ouais, je dois sortir? Attends un peu, tu vas voir »!

On vous a observé attentivement à votre remplacement à la 89e, une minute après le but, pour voir si vous alliez vous adresser à ce supporter ou faire un geste en direction de la tribune. Vous n’avez finalement pas réagi.

Bien sûr que non. J’y ai pensé, au fond de moi, mais j’ai envie d’être exemplaire. J’ai aussi un rôle d’encadrement vis à vis des plus jeunes, vous savez. Je parle souvent avec Allan Eleouet, par exemple, avec Fatah Ahamada… Je leur dis les pièges à éviter, ce n’est pas pour tomber moi-même dedans. Je ne dis pas qu’à 20 ans, je n’aurais pas réagi. J’aurais même sûrement réagi (sourire). Mais là, à bientôt 30 ans, je reste calme. Ce supporter voulait que je sorte? Pas de problème. J’ai répondu en marquant le 2-1.

On vous sent vraiment calme, sûr de vous. Vous sortez pourtant d’une période compliquée, non?

Sur le plan personnel ou collectif?

On va commencer par le collectif…

On était dans une spirale négative, qu’il fallait briser. On avait un peu de poisse, un peu de maladresse, un peu de tout… Oui, c’est vrai, on n’était pas très bien. Ces spirales-là, elles ne sont pas faciles à faire s’éloigner, on sent tout le monde un peu tendu. C’est à ça que j’ai envie que serve la victoire de ce soir: à ce que tout le monde soit libéré, relâché.

Et vous, personnellement? Comment vous sentez-vous? Vous en êtes à 4 buts ce premier tour…

Je sors aussi d’une période plus compliquée, à l’image de l’équipe. Vous savez, je suis un joueur de collectif avant tout, je ne suis pas le genre d’attaquant égoïste, en marge du groupe. J’ai toujours plus de plaisir à ce que l’équipe gagne et joue bien, quitte à ce que je ne marque pas. Pour moi, la victoire passe toujours avant ma performance personnelle. J’aime donner des ballons, participer au jeu, faire briller mes partenaires. Ca a toujours été le cas et ça ne changera jamais. Je ne vais jamais jouer contre-nature, forcer des tirs ou des dribbles. Je suis un joueur d’équipe, un attaquant collectif. Ma performance, je ne la dissocie jamais de celle de mes partenaires.

Vous pensez qu’on attend trop d’YS? Que ce soit le public, les journaux, nous… Dans chaque article, on dit qu’Yverdon est un candidat aux finales. Ca vous énerve?

Vous savez, je suis conditionné pour participer aux finales. Je viens d’un club, Le Mont, où on ne pensait à rien d’autre. Alors, quand je suis arrivé ici, j’étais dans cet esprit-là.

Vous ne l’êtes plus?

Si. Mais j’ai envie d’être réaliste. Ce que je vois autour de moi, c’est une équipe très jeune, et très nouvelle aussi. Regardez notre moyenne d’âge! Il y a Sacha Margairaz et moi, d’accord, mais l’ossature est jeune. Même nos leaders comme Esteban Rossé, Florian Gudit, Ludovic Zwahlen, ils n’ont pas dix ans d’expérience. Ce sont de super joueurs et je peux vous dire qu’on a énormément de qualité, mais on doit encore apprendre à grandir ensemble. Babacar Dia Mbaye, Steve Samandjeu, Blake Smith, ils viennent d’arriver… Tout ça, les automatismes, ça ne s’achète pas. Même notre entraîneur, Julien Marendaz, vient d’arriver, et il a énormément de pression. C’est pour cela que je vous dis qu’on doit se relâcher, tous. J’espère, je le répète, que cette victoire servira à cela. On doit être plus sereins.

Le leader Chaux-de-Fonds, que vous recevrez samedi prochain, a perdu aujourd’hui. Ce qui veut dire qu’en cas de victoire dans une semaine, vous reviendriez à égalité de points avec eux!

C’est fou, non? Pourtant avec notre série négative, on aurait pu être décrochés… Là, on a une chance magnifique à saisir. Alors allons-y et finissons ce premier tour en beauté!

 

Les prochains rendez-vous

Yverdon reçoit La Chaux-de-Fonds le samedi 31 octobre, à 18h. Même jour, même heure, Terre Sainte accueille Team Vaud M21.

Yverdon Sport – US Terre Sainte 2-1 (1-1)

Buts: 17e Eleouet 1-0; 43e Nikravesh 1-1; 88e Nsilu 2-1.

Arbitres: un trio venu du Pays de Galles en stage à l’UEFA.

YS: Zwahlen; Bamele, Rossé, Dia, Samandjeu; Morina, Margairaz, Gudit; Eleouet (80e Ahamada), Nsilu (89e Martinet), Smith (90e Lauper).

Entraîneur: Julien Marendaz

USTS: Duvoisin; Nikravesh, Junior Amougou, Bovet, Frischholz (70e J. Golay); Granjon, Dos Santos (74e Nick Amougou), Ammar, Pilloud, F. Albii; Romaric (66e Rabhi).

Entraîneur: Patrick Duval

Stade Municipal, 400 spectateurs.

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