Qendrim Makshana, l’homme qui harcèle

Pendant les matches, on ne voit que lui, ou presque. De la première à la dernière minute, Qendrim Makshana harcèle les défenseurs. Il va au duel. Il les presse. Il leur fait mal. De tous les attaquants que l’on connaît, il est sans doute le plus insupportable à jouer pour un défenseur, qui se retrouve constamment sous pression. Jamais un axial adverse ne peut effectuer une relance proprement car toujours, l’attaquant du FC Bavois traîne à proximité, prêt à mettre l’épaule et le pied. Qendrim Makshana est un guerrier, un vrai.

« De temps en temps, il devrait se désintéresser du jeu. »

« Je lui dis parfois d’en faire un peu moins, pour garder sa lucidité. C’est génial de montrer cet état d’esprit-là et c’est tout à son honneur. Il a une mentalité de gagneur et ça transpire sur le reste de l’équipe. Mais j’aimerais qu’il fasse plus comme Messi parfois… Qu’il marche pendant une minute ou deux, qu’il se fasse oublier. Parce qu’en faisant comme il le fait aujourd’hui, il ne surprend plus les défenseurs: il est toujours à fond. De temps en temps, il devrait se désintéresser du jeu, ne pas toujours presser. Et tout d’un coup, surgir », estime Bekim Uka. Mais l’entraîneur du FC Bavois le sait: il parle dans le vide. Qendrim Makshana joue avec son coeur et avec un immense caractère. Et pour l’instant, ça lui réussit plutôt bien.

Bekim Uka en veut toujours plus

Le buteur du FCB en est en effet à neuf buts avec le néo-promu. Dans une équipe qui n’est pas celle qui se crée le plus d’occasions par match en Promotion League, il frappe juste. Et comme il travaille beaucoup, ses coéquipiers sont heureux de le voir ainsi récompensé. « Mais moi, j’attends plus. Il en est à neuf buts, mais l’autre jour à l’entraînement, je lui ai dit qu’il devrait déjà être à douze. Au moins », sourit Bekim Uka. La critique a surpris le brave Makshana, qui n’a rien dit et continué à bosser. « Il s’attendait à ce que je le complimente. Mais je sais qu’il peut encore faire plus », continue son entraîneur.

Une très belle saison avec YB M21

A 25 ans très bientôt, l’attaquant sait qu’il n’a plus le temps. Ou plus beaucoup. Le rêve d’une carrière professionnelle est sans doute derrière pour celui qui a eu sa chance. Après avoir impressionné lors de ses débuts à La Tour/Le Pâquier, le Fribourgeois a intégré Young Boys, comme beaucoup d’espoirs de ce canton. Il a intégré les M21, où il a réussi une saison 2011/2012 de très bon niveau en 1re ligue (14 buts en 25 matches). A ce moment-là, il commençait à se dire du côté de Berne que le gamin avait le niveau. Des propos confirmés par ses coéquipiers de l’époque, car, déjà à ce moment-là, l’abnégation et le dévouement de l’attaquant se faisaient remarquer. Mais à l’été 2012, tout a pris fin. Le club, pudiquement, n’a pas commenté les raisons de cette séparation, mais la trajectoire professionnelle se retrouvait brisée.

Il signe à Bulle, puis à Monthey quelques jours après

Direction Léchelles, en 2e ligue, l’équipe du fameux magnétiseur Denis Vipret (avec la promotion en 2e ligue inter à l’été 2013), puis Fribourg (1re ligue), Monthey (1re ligue), puis Team Vaud M21. Au milieu de ce parcours, quelques imbroglios, comme sa signature à Bulle, suivie quelques jours plus tard d’une signature à… Monthey pour quelques dollars de plus, sans que le club gruérien soit au courant. Cela a conduit le directeur administratif du FCB, furieux, à écrire un courrier à tous les clubs de 1re ligue romands pour les mettre en garde. Car non, Qendrim Makshana n’est pas un saint, pas un garçon facile à cerner non plus. L’homme a une tronche. Il l’a sur le terrain, mais il l’a aussi en dehors. Et cela lui a joué des tours.

La panenka devant Marco Simone, mauvaise idée

Alors qu’il cartonnait avec Team Vaud M21, qui cherchait un joueur de son profil pour apporter ce que les jeunes n’ont pas forcément en sortant de formation (la grinta et l’envie de se faire mal), il a été invité à s’entraîner avec la première équipe du Lausanne-Sport. Marco Simone en était l’entraîneur et le jeune homme est resté après l’entraînement pour effectuer une série de tirs au but. Voyant que l’ancien attaquant du Milan AC était attentif, Makshana l’a regardé dans les yeux et lui a dit, en substance, de bien regarder ce qui allait se passer. La suite? Une panenka, bien sûr, et un Qendrim Makshana très fier de son coup. Le problème, c’est que Marco Simone a un peu moins rigolé et l’a blacklisté dès cet instant… Ainsi est Qendrim Makshana, gros caractère, très sûr de lui.

 Six mois à Guin, puis départ à Bavois

Alors, après Team Vaud, il est retourné dans son canton, à Guin. Comme quoi le courrier du FC Bulle n’a vraiment eu aucune influence sur les clubs de la région, soit dit en passant. Après six mois anonymes, le FC Bavois est arrivé. Et le meilleur transfert de l’hiver 2015-2016 s’est fait à ce moment-là.

Bavois-Makshana, deal gagnant-gagnant

Car Bavois et Qendrim Makshana étaient faits pour se trouver. Et l’histoire a fonctionné presque immédiatement entre les deux parties. Lui cherchait un club qui lui fasse confiance et où il se sente bien. Il ne rêve plus de professionnalisme, lui qui est peintre en bâtiment, mais il veut simplement être l’attaquant numéro 1, le plus haut possible. Et c’est exactement ce que lui a offert le FC Bavois, qui avait tout sauf un grand avant-centre. Tout le monde s’est retrouvé gagnant d’un seul coup, même si le début de l’histoire a été un peu chaud, parfois. Vu que Qendrim Makshana a un peu de caractère, il a pu s’embrouiller avec l’un ou l’autre de ses partenaires. Cela s’appelle marquer son territoire, de chaque côté. Et puis, au début, il a peu marqué, cherchant clairement ses marques. Jean-Michel Viquerat et Bekim Uka se sont alors posé la question: fallait-il le garder? La mise au point a eu lieu et, depuis là, l’attaquant cartonne. Il a été énorme lors des finales, même si Bekim Uka lui a reproché de ne pas assez marquer, et il est tout simplement le meilleur joueur de son équipe lors de ce premier tour en Promotion League.

Brühl peut s’attendre à souffrir

Ce samedi, le SC Brühl arrive avec passablement d’énervement. Les Saint-Gallois sont furieux de devoir revenir à Bavois après y avoir déjà joué une mi-temps pour rien il y a trois semaines, et ils vont mettre beaucoup d’intensité dès le début, pour bien montrer leur mécontentement. Mais ce qui est sur, c’est qu’en face d’eux, ils vont trouver un attaquant mort de faim, prêt à tout pour leur faire mal. Et, qui sait, à leur planter un but, histoire d’arriver à Noël avec le chiffre rond de dix buts marqués. Cela aurait une certaine allure, c’est sûr, en espérant bien sûr qu’il décide de rester aux Peupliers pour le deuxième tour.

Et s’il se posait pour de bon?

La question se pose, car il a bougé durant toute sa carrière, l’attaquant. Rester une année dans un club est énorme et il aura des offres, forcément. Le meilleur buteur de Promotion League est un profil recherché à l’échelon au dessus, ou par des équipes de même niveau, plus fortunées que le FC Bavois. Mais Qendrim Makshana en est aussi conscient: s’il part, il ne sera pas forcément l’attaquant numéro 1, celui vers lequel tous les ballons arrivent. Et il se sent tellement bien à Bavois qu’il a aussi intérêt à effectuer cet aspect des choses en perspective: et si, pour la première fois de sa carrière, Qendrim Makshana se posait pour de bon? Tout le monde l’espère aux Peupliers. Parce que cet attaquant-là, il vaut mieux l’avoir dans son équipe que dans une autre.

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