Le Mont sort debout de la bataille du Letzigrund

Déjà, Le Mont a battu son record de spectateurs. Jamais en effet le club vaudois n’avait joué devant 8489 spectateurs, nouveau chiffre à battre. Il y avait eu ce quart de finale de Coupe de Suisse en février 2014 au Parc Saint-Jacques devant 6138 spectateurs, mais depuis, Le Mont n’était plus monté à ces hauteurs-là. Le seul joueur à être sur le terrain lors de ces deux matches? Ridge Mobulu. L’ailier est parti, à Lucerne et à Aarau, mais il est revenu dans le club vaudois et il est le seul joueur qui pourra raconter avoir été sur le terrain pour ces deux rencontres historiques. Serge Duperret et Claude Gross les ont également vécues, évidemment, mais avec des crampons, c’est bien Mobulu le seul témoin de ces deux époques pas si lointaines.

Quatre tirs à deux pour Le Mont à la mi-temps

Le numéro 23 du Mont a d’ailleurs tenu à marquer le coup en ouvrant le score samedi au Letzigrund et cela ne doit pas être interprété comme quelque chose de facile. Jusqu’ici, le FC Zurich, solide leader de Challenge League, avait remporté ses cinq matches à la maison avec un goal-average de 11-0! Tout le monde était venu perdre au Letzi, sans avoir droit à la parole. Mais cela n’a pas du tout été le cas d’un FC Le Mont absolument épatant en première période. Le FC Zurich, grand favori de la rencontre? Sur le papier, bien sûr, mais sur le terrain, cela n’avait rien d’évident. A la pause, Le Mont menait au score, mais aussi aux points. Les Vaudois avaient frappé quatre fois au but (deux pour Zurich), avaient obtenu deux corners (aucun pour Zurich) et, surtout, le FCZ avait commis douze fautes (cinq pour Le Mont)! Des chiffres qui traduisent assez bien l’emprise des Vaudois face à des Zurichois étonnamment amorphes.

Le Mont n’a vraiment pas fait que défendre

« On est restés endormis en première période, on n’a absolument pas joué », grognait Uli Forte après le match. Zurich ne s’est pas heurté qu’à un mur, car Le Mont a fait bien mieux que de se défendre durant les quarante-cinq premières minutes: il a pris les choses en main. On a un (petit) désaccord avec Claude Gross depuis quelques semaines, car on estimait que Le Mont jouait avec cinq vrais défenseurs, plutôt qu’avec trois centraux et deux ailiers, comme tentait de nous l’expliquer le directeur sportif du Mont. Mais ce samedi, sur le terrain du Letzigrund, on a vu et on a compris. Steeve Lawson et Daniel Titié n’ont pas cessé de se projeter sur les côtés et Zurich n’a absolument pas trouvé la solution en première période face au 3-4-3 du Mont. « On avait un plan de jeu et on s’y est tenu à la perfection », relevait John Dragani. Vrai. Mais ce plan de jeu n’avait rien de défensif. Ou disons qu’il comportait une très bonne défense, parce que Lawson et Titie ont bien bouclé leur couloir, mais aussi qu’il visait à faire mal au FCZ. Et cela a fonctionné à merveille.

Lucas, Tall et Marque: trois guerriers

Oui, Le Mont a été impressionnant en première mi-temps, au point qu’une partie des spectateurs du Letzigrund a… sifflé son équipe! Les visiteurs menaient 0-1 (bon coup de coin d’Hélios Sessolo et reprise de la tête parfaite de Ridge Mobulu, 25e) et Zurich n’avait tout simplement eu aucune occasion. Pas une. Rien. Et à ce titre, il faut souligner que le nouveau système de John Dragani est vraiment efficace. Depuis que Le Mont joue à trois défenseurs centraux, Le Mont a battu Xamax (1-0), fait match nul contre Chiasso (0-0) et, donc, été la première équipe à ne pas perdre au Letzigrund cette saison (1-1). Les trois centraux que sont Lucas, Ibrahim Tall et François Marque forment un axe de très haut niveau, chacun dans un style très différent. Mais les trois hommes ont un point commun: l’agressivité et une certaine aptitude à faire mal dans les duels. Avec ces trois hommes-là, on peut partir à la guerre sans avoir peur de prendre une balle dans le dos: ils ne reculent jamais et ils font mal. Et le pauvre avant-centre zurichois Dzengis Cavusevic a payé pour s’en apercevoir, lui qui risque de boîter quelques jours, même en ayant passé son corps meurtri dans le jacuzzi du vestiaire zurichois après le match.

Ridge Mobulu peut faire la différence à tout moments

Alors oui, Le Mont fait mal derrière. « C’est une équipe très agressive », a simplement résumé Uli Forte, mais cette équipe n’oublie pas d’attaquer. Et samedi, en première mi-temps, elle l’a très bien fait, à l’image d’un Ridge Mobulu retrouvé. Il a passé quelques semaines un peu plus compliquées, l’ailier du Mont, mais samedi, il a montré pourquoi il restait un joueur spécial, capable de faire la différence sur une accélération ou un contrôle orienté. Il a reçu des bons ballons et il a fait de vraies différences, bien aidé par un milieu de terrain très travailleur où on a beaucoup aimé la discrétion et l’abattage de Fabrizio Zambrella. Bref, pendant 45 minutes, Le Mont a fait tout juste.

Emmanuel tout seul face à la Südkurve

La deuxième mi-temps a été un peu plus compliquée, il faut le dire aussi. Zurich attaquait face à sa fameuse Südkurve et cela fait une différence. On n’aimerait pas fâcher Emmanuel, le fidèle supporter du Mont, qui a chanté pendant 90 minutes sans s’arrêter, mais les fans zurichois avaient l’avantage du nombre. A 3000 contre 1, c’est facile? Oui, peut-être, mais ils ont vraiment poussé leur équipe à aller chercher l’égalisation, laquelle est tombée à la 49e par Dzengis Cavusevic (qui a trouvé un seul espace de tout le match et l’a utilisé à bon escient, bien joué), puis la victoire. « FC Züri, schiess a goal », a chanté la Südkurve sans interruption, mais le score en est resté à 1-1 sans que Zurich soit vraiment dangereux. Il y a eu des occasions, mais rien de bien spectaculaire. En fait, le moment le plus intense de la deuxième période a clairement été les arrêts de jeu, lesquels ont été électriques.

Des Zurichois un brin frustrés

Les faits? Tout a commencé vers l’heure de jeu, lorsque Ridge Mobulu s’est retrouvé au sol. M. Tschudi a alors interrompu le jeu alors que les Zurichois partaient en contre, ce qui a beaucoup énervé Alain Nef, surtout que le joueur montain n’avait pas grand-chose. Les esprits ont commencé à s’échauffer là. Dix minutes plus tard, en très bonne position, Bertrand Ndzomo a fait preuve d’énormément de fair-play alors qu’un Zurichois se trouvait au sol, sortant le ballon. Plutôt que de le remercier, Alain Nef a préféré incriminer l’arbitre, lequel aurait dû, selon lui, arrêter le jeu. Bref, des broutilles.

François Marque et Alain Nef, explication entre hommes

Mais à la 90e, alors que le même Alain Nef était au sol, Zivko Kostadinovic a sorti le ballon pour lui permettre de recevoir des soins. Et là, Zurich, au lieu de rendre le ballon au portier montain, l’a remis en touche, Ivan Kecojevic faisant preuve d’un état d’esprit que l’on qualifiera de moyen sur ce coup-là. Hélios Sessolo l’a alors invectivé et s’en sont suivies trois très longues minutes d’explications générales, entrecoupées de l’arrêt du match et conclues par l’expulsion de François Marque et d’Alain Nef, les deux hommes forts de chaque côté. Un peu comme au hockey: les petits commencent la bagarre et les gros entrent ensuite en scène pour le show final.

Le tout s’est poursuivi dans les vestiaires, avec un François Marque toujours très en forme au moment de souhaiter une bonne soirée et un bon dimanche à Alain Nef. Bref, esprits sensibles s’abstenir, mais une chose est sûre: pour les amateurs de langues étrangères, il y avait tout plein de nouveaux mots à apprendre en français et en allemand devant les vestiaires. Et aucun risque de les retrouver dans le dictionnaire ensuite.

Un point au Letzigrund, c’est historique

Bon, on oublie l’après-match et on revient au football. Le Mont, en fait, n’a qu’un regret à avoir: l’immense occasion de Ridge Mobulu à la 65e. Parce que s’il avait à peine mieux donné son ballon, avec deux coéquipiers seuls au centre, alors Le Mont aurait mené 1-2 au Letzigrund, et aurait pu prétendre à la victoire. Cela n’a pas été le cas et les Vaudois devront se contenter d’un point. Pas grave, ils se rappelleront longtemps de leur voyage au Letzigrund et Serge Duperret en gardera un bon souvenir à raconter à ses petits-enfants. Comme le répète souvent le président du Mont: c’est pour vivre des moments comme celui-ci qu’il investit autant de temps et d’argent dans le football. Pour un club comme Le Mont, parti de 3e ligue, venir chercher un point au Letzigrund devant plus de 8000 spectateurs, c’est quelque chose qui n’a tout simplement pas de prix.

Les hommes du match

On a adoré le match de Lucas. Serge Duperret, qui a passé le match en loges avec Ancillo Canepa et son chien, aurait dû en profiter pour le négocier à un demi-million, parce que ce samedi, sûr qu’il le vendrait à ce prix-là. Le grand défenseur central arrivé de Bienne il y a quelque semaines a été vraiment impressionnant dans les duels, mais aussi dans son jeu vers l’avant. Il s’est ainsi offert quelques passements de jambes du meilleur effet en phase offensive et il a livré un vrai match de guerrier derrière. Très fort. Sinon, gros match de Ridge Mobulu sur le côté. Il n’a pas compté ses efforts et il a été très généreux. Il peut être fier de sa performance, tout comme Fabrizio Zambrella à mi-terrain.

Articles récents

2ème Ligue

Forward s’impose au finish face à Gland

Grâce à sa profondeur de banc et à un mental hors du commun, le Forward Morges s’est imposé dans les derniers instants mardi soir et profite de

Baromètre des talus

Baromètre des Talus

Retour sur les tops et les flops du week-end. Quelles équipes ont réalisé une performance de choix ? Quels collectifs sont rentrés dans le rang ? Quelles

5ème Ligue

Statut quo

En accueillant le leader du groupe promis à la promotion, le FC Etoy, le « dauphin » nyonnais attendait ce match avec impatience afin de prendre leur revanche